Des détournements de fonds portent un nouveau coup à l’image de Siemens

 
 
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Perquisition dans un des bureaux de Siemens à Erlangen, dans le sud de l’Allemagne, le 15 novembre 2006 (Photo : Timm Schamberger)

[20/11/2006 11:42:42] BERLIN (AFP) Les ennuis s’accumulent pour Siemens: déjà sous le feu des critiques en Allemagne après la faillite de la société qui avait repris ses téléphones portables, le groupe allemand est maintenant mêlé à une affaire de détournement de fonds qui prend de l’ampleur.

Tout a commencé mercredi, avec une trentaine de perquisitions dans des bureaux et aux domiciles d’actuels et d’anciens salariés du groupe de Munich (sud). Cinq personnes ont été arrêtées, dont une remise en liberté lundi. Les enquêteurs soupçonnent au total douze personnes d’avoir détourné des fonds. Selon la presse, l’argent aurait transité par des comptes à l’étranger et été utilisé en partie comme pots-de-vin pour faciliter l’obtention de contrats dans la téléphonie, entre autres aux jeux Olympiques d’Athènes en 2004.

Depuis, presque chaque jour apporte une nouvelle révélation. Le quotidien Süddeutsche Zeitung de lundi affirme ainsi que le bureau munichois du patron de Siemens, Klaus Kleinfeld, aurait lui aussi été perquisitionné.

Un porte-parole de Siemens a refusé de démentir ou de confirmer cette information, mais a reconnu des visites d’enquêteurs dans “des bureaux de membres du directoire central”, qui sont considérés comme “témoins” et “n’ont pas été entendus sur l’affaire”. Le Parquet de Munich (sud), où se trouve le siège du groupe, a déclaré qu’aucun membre du directoire central ne figurait parmi les douze suspects.

Les sommes en jeu pourraient aussi s’avérer plus importantes qu’initialement indiqué. Siemens et le Parquet faisaient état jusqu’à présent d’au moins 20 millions d’euros. Mais d’après des informations non confirmées de la presse le week-end dernier, il s’agirait plutôt de 100 millions.

L’affaire a en fait débuté il y a plus d’un an en Suisse, où plusieurs millions de francs suisses ont été bloqués sur des comptes bancaires. La procédure y est dirigée contre trois personnes, dont deux ex-salariés de Siemens, et une demande d’entraide judiciaire a été transmise à l’Allemagne.

Siemens a reconnu lundi avoir été informé dès l’an passé de l’enquête suisse. Il a alors ouvert “une enquête interne”, qui n’est pas encore terminée mais à l’issue de laquelle il compte “tirer des conséquences”, selon son porte-parole.

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Le patron de Siemens Klaus Kleinfeld lors d’une conférence de presse, le 9 novembre 2006 à Munich (Photo : Joerg Koch)

Dans l’immédiat, Siemens s’est doté d’un médiateur, un cabinet d’avocats de Nuremberg (sud-ouest) auprès duquel les salariés pourront signaler anonymement des manquements au code de bonne conduite intérieur.

Cela ne suffira peut-être pas à rétablir une réputation déjà écornée dans le passé par d’autres affaires de corruption, dans le secteur énergétique en Italie ou dans les appareils médicaux en Russie par exemple. Siemens avait aussi été cité l’an dernier dans le cadre de manipulations du programme “pétrole contre nourriture” de l’ONU en Irak.

Klaus Kleinfeld n’avait en outre pas vraiment besoin de cela, puisqu’il peine déjà à calmer les remous médiatiques autour de la faillite de BenQ Mobile, la société qui avait repris ses téléphones portables l’an dernier. Le bilan social est lourd, avec un peu plus de 1.900 salariés de BenQ remerciés sur un total de 3.000, et plusieurs centaines de réductions de postes chez des sous-traitants en Allemagne.

Siemens a été accusé de se débarrasser de l’activité, déficitaire, pour ne pas devoir assumer les conséquences de la restructuration. Les critiques ont été d’autant plus vives que la faillite a coïncidé avec l’annonce d’augmentations de salaires de 30% pour la direction de Siemens. Elles ont même occulté il y a deux semaines l’annonce de bons résultats annuels, qui semblaient pourtant confirmer le bien-fondé de la stratégie agressive de recentrage suivie depuis début 2005 par Klaus Kleinfeld.

 20/11/2006 11:42:42 – © 2006 AFP