Poutine à Paris : sécurité énergétique, Iran et coopération avec l’Europe

 
 
SGE.QDL06.220906181310.photo00.quicklook.default-245x195.jpg
Jacques Chirac accueille Vladimir Poutine, le 22 septembre 2006 au Bourget (Photo : Patrick Kovarik)

[22/09/2006 18:13:32] PARIS (AFP) Vladimir Poutine est arrivé vendredi à Paris pour une rencontre avec Jacques Chirac, suivie samedi d’un sommet à trois avec la chancelière allemande Angela Merkel, alors que plusieurs dossiers, notamment énergétiques, suscitent la “vigilance” des Européens face à Moscou.

Les présidents russe et français ont immédiatement inauguré un monument au Bourget en hommage au régiment “Normandie-Niemen”, groupe d’aviation de chasse de la France Libre basé en URSS qui s’est illustré pendant la Seconde Guerre mondiale contre l’Allemagne nazie.

Samedi, lors du sommet à trois à Compiègne (Oise), la sécurité énergétique, l’Iran et la coopération industrielle devraient figurer en bonne place des discussions.

Ce type de rencontre informelle avait été inaugurée en 1998 par Jacques Chirac. “Le but n’est pas de prendre des décisions mais d’échanger des vues sur les sujets du continent, mondiaux ou de coopération”, a souligné l’Elysée vendredi, précisant que l’économie tiendrait “une place importante”.

L’Europe tente d’établir un “partenariat énergétique” avec Moscou, et dès son arrivée à l’Elysée, M. Poutine a tenu à déminer l’épineux dossier des menaces russes de retrait de la licence de développement par Total du champ pétrolier de Khariaga (nord).

“Je veux tout de suite vous rassurer. Les rumeurs sur un retrait de licence à la compagnie (Total) sont fortement exagérées”, a dit le dirigeant russe.

“Nous regardons les choses avec vigilance, avec le souci que les investissements français puissent bénéficier de toutes les garanties juridiques nécessaires”, avait auparavant indiqué le porte-parole de la présidence française, Jérôme Bonnafont.

Moscou fournit 30 % du gaz consommé dans l’UE mais rechigne à signer avec les Européens une charte sur l’énergie, censée “ouvrir” le marché russe.

La Russie est un “fournisseur énergétique fondamental mais son avenir dépend aussi de son secteur énergétique, il y a donc un intérêt mutuel et personne n’a, de part et d’autre, intérêt à jouer de l’énergie comme instrument politique”, soulignait un diplomate français.

Tout nouvel actionnaire d’EADS avec une part de 5,02 %, la Russie cherche à obtenir une minorité de blocage dans le consortium européen, mais le ministre de l’Economie Thierry Breton a prévenu que le pacte d’actionnaires d’EADS assurant l’équilibre franco-allemand dans le groupe ne serait pas remis en cause. L’Elysée a confirmé que ce dossier serait discuté.

“Nous sommes ouverts à la discussion de toutes les questions”, a assuré M. Poutine dans une brève déclaration, assurant que “la qualité de ma relation avec Jacques Chirac est telle que nous parlons toujours avec la plus grande ouverture et la plus grande franchise”.

M. Chirac a pour sa part qualifié d'”excellentes à tous les égards” les relations bilatérales.

Deux protocoles d’accords devaient être signés, sur la coopération entre les ministères français et russe de l’Equipement et entre la Russie et le groupe de BTP Vinci pour la construction d’une autoroute reliant Moscou et Saint-Petersbourg.

Sur le plan diplomatique, Paris, Moscou et Berlin oeuvrent à la recherche d’une solution au dossier du nucléaire iranien. M. Chirac a proposé à l’Onu que la communauté internationale suspende ses discussions sur les sanctions contre Téhéran en échange d’une suspension par l’Iran de ses activités d’enrichissement d’uranium.

Le Darfour, la Tchétchénie, le Proche-Orient, le Liban où ces trois pays sont engagés dans la force de l’Onu Finul, ainsi que les négociations sur le statut final du Kosovo, pourraient également figurer au menu des discussions de samedi.

 22/09/2006 18:13:32 – © 2006 AFP