Pouvoir d’achat : les syndicats prennent acte, le Medef contre

 
 
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Le Premier ministre, Dominique de Villepin, lors de son passage au journal télévisé de 20H00 sur TF1, le 28 août 2006 à Boulogne-Billancourt (Photo : Jacques Demarthon)

[29/08/2006 11:22:15] PARIS (AFP) Les syndicats ont pris acte de la volonté de Dominique de Villepin de soutenir le pouvoir d’achat, estimant toutefois que ses mesures “encore floues” ne règleront pas le problème de fond des bas salaires, tandis que le Medef a fustigé une “politique de très court terme”.

Augmentation de la prime pour l’emploi (PPE), création d’un chèque transport pour les salariés, convocation d’une conférence sur l’emploi et les revenus… le chef du gouvernement a annoncé lundi une série de mesures destinées à améliorer le quotidien des Français, dont il a reconnu le “malaise”.

Tout en se félicitant que le gouvernement s’attaque à un problème qu’elles tentent de mettre à l’agenda depuis plus d’un an, les organisations syndicales ont accueilli ces mesures avec un enthousiasme plus que contenu.

Pour le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, le Premier ministre a présenté des “pistes de solution”. Son homologue de la CGT, Bernard Thibault a avant tout noté une “volonté manifeste d’anticiper sur la grogne” des salariés, à huit mois de l’élection présidentielle. Les syndicats soulignent à l’unisson que les dispositifs dévoilés lundi sont “encore très flous”, s’interrogeant notamment sur les modalités du chèque-transport.

Ce dispositif, facultatif, permettra aux entreprises de prendre en charge la moitié de l’abonnement dans les transports en commun (soit 200 euros) et de compenser à hauteur de 100 euros l’achat d’essence “là où il n’y a pas de transports collectifs”. “S’il n’est pas obligatoire, qui va en bénéficier réellement ? Est-ce que les salariés d’Ile-de-France qui vont travailler avec leur voiture en bénéficieront ?”, s’est interrogé le leader de FO, Jean-Claude Mailly. “Les entreprises qui font du social et qui ont les moyens de le faire le feront, celles qui ont le plus de difficultés, en particulier les petites entreprises, ne le feront pas. On va accroître les inégalités” entre salariés, a regretté M. Chèrèque.

S’ils saluent le coup de pouce accordé aux ménages, les leaders syndicaux jugent par ailleurs que le gouvernement ne règle pas le problème de fond des bas salaires et risque même de l’aggraver en augmentant la prime pour l’emploi. En doublant le montant de cette somme versée aux salariés payés à des niveaux proches du Smic, le gouvernement “se substitue aux entreprises qui ont la responsabilité de la revalorisation des salaires”, a déploré M. Thibault. “Les gens qui vont bénéficier de la PPE vont être satisfaits de la voir augmenter”, mais “c’est une aide aux entreprises” qui leur “permet de ne pas augmenter les salaires”, a renchéri M. Mailly.

Côté patronal, la CGPME, qui craignait que le chèque transport se traduise par des charges supplémentaires, a estimé avoir été “entendue en partie par l’Etat”. Plus virulente, la présidente du Medef Laurence Parisot a fustigé une “politique de très court terme”. “Sur le coup, ça fait plaisir. Mais c’est quelque chose qui empêche la vraie création de richesse”, a-t-elle déclaré. Pour améliorer les salaires, la présidente du Medef demande que le Smic soit fixé par une commission indépendante (et non plus par l’Etat) et différencié par branches et par territoires.

Alors que l’université d’été du Medef s’ouvre ce mardi, la proposition de Mme Parisot ne devrait pas manquer de faire rebondir le débat avec les syndicats qui, prônent, eux, une révision drastique des allègements de charges sur les bas salaires accordés aux entreprises.

 29/08/2006 11:22:15 – © 2006 AFP