Desserte de la Corse : renversement d’alliance au détriment de la SNCM

 
 
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Un bateau de la société privée Corsica Ferries passe auprès d’un navire de la SNCM, le 14 septembre 2004 dans le port de Bastia (Photo : Stephan Agostini)

[07/08/2006 16:32:18] MARSEILLE (AFP) La bataille pour la desserte maritime de la Corse et ses 90 millions d’euros de subventions annuelles a connu lundi un renversement d’alliance au détriment de la SNCM, l’opérateur historique, dont le principal concurrent Corsica Ferries a conclu un accord avec la CMN, ex-associé de la SNCM.

En réponse à l’appel d’offres lancé par la Collectivité territoriale de Corse (CTC) pour 2007-2012 –offres qui ont commencé à être examinées lundi–, Corsica Ferries a en réalité formulé deux offres distinctes pour relier Marseille à six ports corses.

D’une part, la compagnie qui a ravi à la Société nationale Corse-Méditerranée (SNCM) la première place sur les liaisons entre le continent et la Corse et qui opérait uniquement au départ de Toulon et de Nice, propose “une offre autonome par ligne”, non globale.

D’autre part, “pour répondre à la volonté de l’Assemblée de Corse de privilégier une offre globale et de maintenir un service supplémentaire” pendant la saison touristique, la compagnie “fait une offre groupée non solidaire avec la CMN sur trois lignes (Bastia, Ajaccio et Propriano)”.

La Compagnie méridionale de navigation (CMN) a confirmé cette offre conjointe, en précisant avoir répondu seule pour d’autres lignes. “Il n’y a aucune offre commune ou coordonnée avec la SNCM”, souligne un communiqué reçu par l’AFP.

Selon la CMN, l’alliance avec Corsica Ferries prendrait la forme d’un “groupement momentané conjoint et non solidaire”, exactement le même type de montage qui unissait la CMN à la SNCM pour l’actuelle délégation de service public (2002-2006).

Mais la CMN et les repreneurs privés de la SNCM ne sont pas cette fois-ci parvenus à trouver un accord. La CMN accuse Veolia transport, qui a repris la SNCM aux côtés du fonds d’investissement français Butler Capital Partners, d’avoir eu pour seul objectif au cours des discussions d’absorber la CMN, dont elle est actionnaire minoritaire.

Veolia affirme que le groupe Stef-TFE, qui détient la CMN par le jeu des filiales, a rompu un pacte d’actionnaires datant de 1992 et entend la poursuivre en justice pour obtenir la cession de ses parts dans la CMN.

“La CMN a pris une décision complètement contraire aux intérêts de la SNCM”, qui détient pourtant 45% de son capital, a réagi Stéphane Richard, directeur général de Veolia transport, qui compte maintenant “faire jouer pleinement (ses) droits d’actionnaires dans la CMN”.

Selon M. Richard, la SNCM a déposé une offre globale pour la desserte de l’île comprenant l’acquisition d’un nouveau navire pour 112 millions d’euros. Cette offre est assortie d’une variante associant tout ou partie des trois cargos mixtes de la CMN.

L’emporter est vital pour la SNCM et ses 2.400 salariés (dont 800 en Corse), au bord de la faillite à l’automne dernier après un nouveau conflit social. L’Etat était alors parvenu à la maintenir à flot en imposant l’arrivée de Veolia (28% du capital) et de Butler Capital Partners (38%), qui ont racheté pour une bouchée de pain la SNCM après une recapitalisation de 142,5 millions d’euros sur fonds publics.

Des clauses permettent le désengagement des repreneurs si la SNCM ne se voit pas attribuer les liaisons Marseille-Corse dans les mêmes termes. Les suppressions d’emplois déjà prévues (400 départs volontaires) pourraient s’alourdir dramatiquement.

La CMN se dit encore “disposée à participer activement à un tour de table entre les trois opérateurs”. Après l’analyse juridique des dossiers, d’intenses tractations devraient en effet avoir lieu en septembre entre les candidats et la commission d’attribution corse, avant une décision fin octobre.

 07/08/2006 16:32:18 – © 2006 AFP