Autoroutes : le gouvernement italien bloque la fusion Abertis/Autostrade

 
 
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Un camion entre sur l’autoroute A1 en direction de Naples, le 24 avril 2006 à Milan (Photo : Paco Serinelli)

[05/08/2006 09:03:20] ROME (AFP) Le gouvernement italien a bloqué la fusion entre l’espagnol Abertis et l’italien Autostrade, qui aurait donné naissance au numéro un mondial de la gestion d’autoroutes.

Rome juge en effet ce rapprochement “incompatible avec la concession publique” accordée à Autostrade pour gérer les autoroutes de la péninsule.

La nouvelle est tombée dans la nuit de vendredi à samedi après la fermeture des bourses de Madrid et Milan sous la forme de la publication d’une lettre adressée à l’autorité nationale des autoroutes (Anas) signée conjointement par le ministre italien des Finances Tommaso Padoa-Schioppa et son collègue des infrastructure Antonio Di Pietro.

Les deux ministres rejettent catégoriquement cette fusion en la déclarant notamment contraire à la loi de concession et de privatisation des autoroutes italiennes du fait que l’un des actionnaires stables du futur ensemble aurait été ACS, une société espagnole de travaux publics.

La loi italienne interdit tout conflit d’intérêts entre la gestion des autoroutes et des sociétés de BTP, particulièrement si elles sont spécialisées dans le secteur des travaux routiers.

Les deux ministres soulignent par ailleurs dans leur lettre que l’opération entraîne de tels changements dans le contrôle, la structure économique et financière et les intérêts stratégiques du groupe que des retombées négatives sont possibles sur le montant des investissements, sur les standards de qualité et de sécurité des autoroutes et plus généralement “sur tous les aspects relatifs à l’intérêt public” italien.

Le futur groupe Abertis tel qu’issu de la fusion devait être détenu à 24,9% par la holding de la famille Benetton, Schemaventotto, et à 24,2 % par les deux actionnaires de référence d’Abertis, la Caixa et le groupe ACS.

Abertis aurait eu son siège à Barcelone et aurait été dirigé par le directeur général d’Abertis, Salvador Alemany, encadré de deux coprésidents italien et espagnol.

La question du contrôle d’Autostrade était unanimement considérée comme étant d’une importance stratégique nationale, l’Italie ayant dû laisser passer sous contrôle étranger plusieurs de ses banques, tandis que la compagnie d’électricité italienne Enel, intéressée par le français Suez, s’est heurtée à l’hostilité de la France.

L’opération Autostrade-Abertis, annoncée fin avril, avait été accueillie avec scepticisme par les syndicats et la coalition de centre gauche de Romano Prodi.

Le secrétaire général de la Cisl, deuxième centrale italienne, Raffaelle Bonanni, avait alors dénoncé la privatisation des autoroutes réalisée en 1999 par la gauche au pouvoir.

“Avoir offert Autostrade aux Benetton a été une erreur gravissime. Quel en a été le gain pour la collectivité ? Seulement des tarifs plus élevés”, avait-il déclaré.

Le président d’Autostrade avait reconnu pour sa part que seuls 20% environ des investissements prévus par la concession entre 1997 et 2003 avaient été réalisés, mais s’était défendu en soulignant qu’il s’agissait d’un des meilleurs résultats dans le domaine des grands travaux en Italie.

Le président de l’Anas Alfonso Maria Brigante a chiffré à entre 3 et 4 milliards d’euros les retards enregistrés dans le plan d’investissement d’Autostrade.

 05/08/2006 09:03:20 – © 2006 AFP