Tropo caro, l’huile d’olive se vend très mal

 
 

olivier1.jpgLa
Chambre des députés a examiné et adopté, le 20 juillet 2006, un accord
financier tuniso-américain en vertu duquel les Etats-Unis d’Amérique
accordent à la Tunisie un crédit de 20 millions de dollars destinés à
financer l’importation par l’Office National de l’Huile (ONH) d’huiles
végétales américaines qui, officiellement, seraient «moins chères que
l’huile d’olive tunisienne et mieux adaptées au pouvoir d’achat du
Tunisien».

Cet accord de prêt a été pour certains députés l’occasion de rouvrir le
dossier de l’huile d’olive dont le prix a augmenté sensiblement cette année. 

Ces derniers ont demandé au ministre de l’Agriculture des éclaircissements sur
les raisons qui ont amené le gouvernement à importer des huiles végétales alors
que l’huile d’olive tunisienne est toujours, à défaut d’acheteurs étrangers,
stockée en grandes quantités dans les citernes.

Le volume stocké est officiellement estimé à quelque 80 mille tonnes dont 50
mille tonnes ont été acquises par l’ONH et 30 mille tonnes à la charge des
privés.

Pour mémoire, rappelons que la Tunisie produit en moyenne 170 mille tonnes par
an dont 35 à 50 mille tonnes sont consommées localement tandis que le reste est
supposé totalement exporté, la plus part du temps en vrac, c’est-à-dire dans des
conditions généralement peu compétitives.

Pour 2006, la Tunisie a exporté durant les six premiers mois de l’année 75 mille
tonnes, et ce, à la veille d’une nouvelle campagne oléicole que le ministre de
l’Agriculture qualifie de «tout juste moyenne», estimée aux environs de 170
mille tonnes.

Cette abondance de l’offre est, en toute logique économique, en contradiction de
la flambée des prix qu’a connue ce produit cette année. Elle est également en
contradiction avec cette tendance à importer en devises d’autres huiles
végétales et à en compenser le prix localement. Il faudrait évaluer, en toute
sérénité, les différents aspects qualitatifs, et surtout, le coût réel de ces
deux opérations (importation + subvention) pour se rendre compte, peut-être, de
leur contre productivité.

La réponse du ministre de l’agriculture Mohamed Habib Haddad a été trop
«macroéconomique» et trop «internationale». Il a parlé de la régression du
marché de l’huile d’olive. Cette régression, qui aurait affecté le marché durant
les mois de mars, avril et mai, a touché tous les pays concurrents, y compris
l’Espagne. Elle serait imputable à la hausse des prix de l’huile d’olive et à la
modicité de la demande. Selon le ministre, une reprise est néanmoins amorcée un
mois après, autrement dit au mois de juin 2006.

Il a soutenu en même temps que l’exportation d’huile d’olive constitue une
importante source de devises tant elle génère des rentrées de l’ordre de 700
millions de dinars par an. C’est le cas de l’exercice 2004. En 2005, les
exportations d’huile d’olive ont atteint 476,7MD, enregistrant ainsi une
régression de 32,7%. De même au niveau des destinations, les exportations
d’huile d’olive ont connu un déclin de : -27,7% vers l’Italie, -37,3% vers
l’Espagne, -55,6% vers les Etats-Unis et -97,5% vers le Maroc.

Les facteurs qui ont affecté la filière huile d’olive sont de deux ordres :

Exogènes : le faible niveau de consommation de l’huile d’olive à l’échelle
mondiale, contrairement aux autres huiles végétales et la concentration de la
consommation de l’huile d’olive dans la zone méditerranéenne, surtout, dans
l’Union européenne, premier producteur mondial, qui a su conserver sa
compétitivité sur le marché communautaire et sur les autres marchés
d’exportation dont notamment les Etats-Unis.

Endogènes : les fluctuations de la production d’huile d’olive dues aux
conditions climatiques, l’irrégularité des pluies, la mauvaise répartition
géographique des huileries installées principalement dans le milieu urbain et
éloignées des zones de production d’olives qui engendre généralement une
augmentation des frais de transport.

Le ministre compte beaucoup sur les chercheurs tunisiens pour étudier les
spécificités de l’huile d’olive locale et lui assurer de nouvelles valeurs
ajoutées propres à améliorer sa compétitivité. D’où tout l’enjeu de la création
d’un fonds spécial pour promouvoir l’exportation d’huile conditionnée.