USA : les PDG ont gagné 262 fois plus que les employés en 2005

 
 
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La bourse de New York, le 12 décembre 1997 (Photo : Timothy A. Clary )

[22/06/2006 19:10:11] WASHINGTON (AFP) Les chefs des grandes entreprises américaines ont gagné 262 fois plus que les salariés en 2005, selon une étude de l’Economy Policy Institute publiée alors que les pratiques d’attribution de stocks-options à certains dirigeants sont sur la sellette aux Etats-Unis.

L’an dernier les PDG des grandes entreprises américaines ont gagné 10,98 millions de dollars en moyenne contre 41.861 dollars pour les salariés de base, selon cette étude dont l’AFP a eu copie jeudi.

Cela signifie qu'”en 2005 un PDG a gagné plus en une journée de travail (il y en a 260 dans l’année) qu’un employé en 52 semaines”, précise l’institut, considéré comme proche des démocrates.

L’EPI a réalisé cette étude en comparant les rémunérations des chefs d’entreprise (salaires, primes, actions et autres incitations à long-terme), telles que compilées par l’institut Mercer pour le compte du Wall Street Journal, et les salaires horaires des ouvriers et des employés non-cadres.

La seule fois où le différentiel a été plus important est l’an 2000, aux dernières heures de la bulle internet, lorsqu’il avait atteint 300, selon le communiqué. Avec la chute de la bourse, la rémunération des chefs d’entreprise avait ensuite fortement baissé pour atteindre 143 fois le salaire de base en 2002.

Sur le long terme, l’écart entre les deux bouts de l’échelle a tendance à s’accroître, puisque les PDG des grosses entreprises américaines gagnaient 24 fois le salaire des employés en 1965. Le différentiel est lentement passé à 35 en 1978 et 71 en 1989, avant de bondir dans les années 1990.

Ces chiffres vont dans le sens d’une étude publiée en début d’année par l’organisme indépendant “The Corporate Library”, selon lequel la rémunération des dirigeants des 2.000 plus grandes entreprises américaines a augmenté de près de 20% entre l’année budgétaire 2003/2004 et 2004/2005.

L’étude de l’EPI est publiée alors que le Sénat américain a une nouvelle fois renoncé mercredi à relever le salaire minimum, resté inchangé à 5,15 dollars par heure depuis neuf ans.

Elle intervient alors que certaines pratiques d’attribution de stocks-options aux dirigeants d’entreprise sont dans le collimateur de la SEC (le gendarme de la bourse).

Des enquêtes préliminaires ont été ouvertes sur plus de 30 entreprises américaines, telles que Juniper, McAfee ou UnitedHealthGroup, soupçonnées d’avoir antidaté les stocks-options pour permettre de maximiser le bénéfice qu’en retirent les cadres dirigeants.

L’une des dernières entreprises visées par la SEC est le site de recrutement en ligne Monster, qui a annoncé le 14 juin faire l’objet d’une enquête informelle.

Mais le problème remonte à plus loin.

La SEC avait approuvé le 17 janvier le principe de règles plus transparentes pour que la rémunération totale des dirigeants d’entreprises soient mieux déclarée. “Il s’agit d’établir une plus grande clarté dans les salaires, pas de les contrôler”, avait alors souligné le président de la SEC, Christopher Cox.

Plusieurs “paquets” offerts ces dernières années à des dirigeants d’entreprises sur le départ ont fait hausser quelques sourcils aux Etats-Unis, où les salaires mirifiques pour les PDG sont pourtant chose commune.

L’ex-PDG de la banque d’affaires Morgan Stanley, Philip Purcell, était ainsi parti l’an dernier avec une compensation totale de plus de 100 millions de dollars, alors que sous sa direction l’action du groupe avait perdu près de 40% de sa valeur.

En 2004, c’était la rémunération accordée au PDG de la Bourse de New York, Dick Grasso, qui avait déclenché une enquête du ministre de la Justice de l’Etat de New York, Eliot Spitzer, et provoqué le départ de M. Grasso.

 22/06/2006 19:10:11 – © 2006 AFP