Le patron de Volkswagen a les mains libres pour tailler dans les effectifs

Par : Autres

 

Le patron de Volkswagen a
les mains libres pour tailler dans les effectifs

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Le président du
directoire de Volkswagen Bernd Pischetsrieder, le 3 mai 2006 à
Hambourg

Le patron du groupe automobile allemand
Volkswagen a désormais les mains libres pour restructurer en profondeur
l’entreprise, après avoir décroché un prolongement de son contrat, malgré
l’opposition des salariés et la défiance d’une partie de la direction.

 

“A l’issue de sa réunion le 2 mai 2006, le
conseil de surveillance a décidé à l’unanimité de prolonger le contrat de
Bernd Pischetsrieder, président du directoire, jusqu’au 16 avril 2012”, a
annoncé le constructeur mardi soir dans un bref communiqué.

 

M. Pischetsrieder devait initialement quitter
ses fonctions début 2007. Les observateurs s’interrogeaient sur un
prolongement de son contrat, alors que le constructeur vient de lancer une
restructuration en profondeur, qui soulève l’opposition d’une grande partie
des salariés.

 

D’ici trois ans, le premier constructeur
européen, qui contrôle toute une galaxie de marques –Audi, Seat, Skoda,
Bugatti ou Bentley– envisage officiellement de supprimer jusqu’à 20.000
emplois en Allemagne dans sa marque vedette Volkswagen, soit près d’un
emploi sur cinq.

 

Selon la presse allemande, la direction aurait
des objectifs encore plus élevés en interne, jusqu’à 30.000 suppressions de
postes.

 

M. Pischetsrieder semblait franchement sur la
sellette car une partie des représentants des salariés, en premier lieu
Jürgen Peters, le président du syndicat de branche IG Metall, avaient laissé
entendre qu’ils s’opposeraient à un prolongement de son bail à la tête de
l’entreprise.

 

Conformément au système allemand de cogestion,
les délégués des salariés contrôlent la moitié des sièges au conseil de
surveillance, à parité avec les représentants des actionnaires. Sans leur
consentement, une nomination à un poste de responsabilité est quasiment
impossible.

 

Les interrogations sur l’avenir de M.
Pischetsrieder avaient repris de plus belle début mars après la publication
d’une interview dans le Wall Street Journal du président du conseil de
surveillance, Ferdinand Piëch, qui s’interrogeait publiquement sur son
maintien à la tête de l’entreprise avec les salariés ligués contre lui.

 

Ces déclarations avaient été interprétées comme
le signe clair que M. Piëch, prédécesseur de M. Pischetsrieder à la tête de
l’entreprise et qui passe pour le véritable homme fort du constructeur, lui
avait retiré sa confiance.

 

A l’issue de la réunion du conseil de
surveillance mardi, les représentants des salariés ont finalement donné leur
quitus à M. Pischetsrieder contre un engagement écrit de la direction à
protéger l’emploi et maintenir les sites de production, notamment les usines
de composants, considérées comme menacées.

 

“Plus généralement, ils se sont tout simplement
rendus compte que M. Pischetsrieder n’était pas la pire des solutions. Il y
a actuellement des managers beaucoup plus durs dans le secteur, comme le
patron de DaimlerChrysler Dieter Zetsche”, note Michael Punzet, analyste de
la banque LRP.

 

Bernd Pischetsrieder sort clairement renforcé
de la crise. Il est désormais en position de force à l’heure où s’ouvrent
les négociations avec les salariés sur les modalités du plan de
redressement.

 

Parallèlement, le président du conseil de
surveillance, Ferdinand Piëch semble affaibli.

 

Mercredi lors de l’assemblée générale des
actionnaires à Hambourg (nord), plusieurs gros actionnaires veulent voter
une motion de défiance contre lui. Les meneurs de la fronde, DWS, le fonds
d’investissement de la Deutsche Bank et la banque d’investissement des
caisses d’épargne allemandes Deka Bank l’accusent d’avoir affaibli et
décrédibilisé la direction avec ses déclarations dans la presse.

 

 

© AFP 2006

Photo : Roland Magunia