Agroalimentaire : La traçabilité ou la mort

Par : Autres
 

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Par
Moncef
MAHROUG

 

tracabiliteagro1.jpgLes
entreprises tunisiennes ont deux ans pour mettre en place des systèmes de
traçabilité. Car, à partir de janvier 2008, celles qui en seront démunies ne
pourront plus exporter leurs produits en Europe.

Si la culture de la protection du consommateur est très ancienne en Tunisie
-le premier texte s’y rapportant est, rappelle M. Mohamed Laouini, directeur
général du Commerce intérieur au ministère du Commerce et de l’Artisanat, un
décret beylical de 1919, son outil le plus récent et le plus en vogue, en
l’occurrence la traçabilité est encore quasi inexistant sous nos cieux.

Dix ans après la conclusion de l’Accord de Partenariat entre la Tunisie et
l’Union européenne, et à deux ans de la mise en place des derniers éléments
de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne qui en découlera, il était
plus que grand temps de lancer le chantier de
l’introduction de la traçabilité dans les mœurs de l’entreprise tunisienne.
Une traçabilité en l’absence de laquelle les produits alimentaires
étrangers, y compris tunisiens, seront interdits d’entrée sur le marché
européen à partir de janvier 2008.

Le mérite du lancement de ce processus revient à l’Entreprise Tunisienne de
Codification (Tunicode) qui, jeudi 8 décembre, a organisé à «La Maison de
l’Exportateur» un séminaire sur le thème de «La codification et le commerce
électronique pour une meilleure intégration dans les circuits de
distribution internationaux». Cette manifestation a en particulier été
l’occasion de présenter les résultats d’une première expérience de
traçabilité entreprise -en quelque sorte «in vitro»- sous l’égide du
ministère de l’Industrie, des Petites et Moyennes entreprises et de
l’Energie.


Entreprise au sein de deux entreprises oléicoles, l’une publique et la
seconde privée et appartenant au groupe Ali Slama, cette expérience a vu la
naissance de la «Tunisian Quality Tracking» (Traçabilité
de la Qualité Tunisienne) dans la branche oléicole qui permet une
traçabilité «de la fourche à la fourchette», d’après le mot de M. Lemjd
Lemkacher, représentant de Netconcept.

 

La première étape de mise en ouvre de ce système utilisant une informatique
mobile se déroule au verger où l’on procède à la collecte d’informations sur
«le traitement et l’administration des récoltes quotidiennes». Ces données
sont ensuite remontées vers l’huilerie dont le responsable -deuxième étape
-envoie au laboratoire des informations sur le processus d’oléification. Le
laboratoire lui-même valide l’analyse de chaque lot afin d’accorder
l’autorisation de conditionnement (troisième étape) –ou de s’y refuser. Et
toutes ces informations (terroir, ferme, parcelle, variété des olives, âge
moyen, culture, date de mise en bouteille) sont expédiées au conditionneur
(quatrième étape) pour qu’il les fasse figurer sur la bouteille.

 

Maintenant que ce projet-pilote -financé par le Programme de Modernisation
Industrielle (PMI)- a été bien mené et que ses résultats sont là, il va
pouvoir être étendu à l’ensemble de la filière. Mais, fait observer le
dirigeant d’un cabinet travaillant depuis plusieurs années sur la
traçabilité, «l’expérience pilote ayant été menée avec de grosses
entreprises avec lesquelles il n’y aura pas de problèmes, alors qu’on en aura
avec les PME». Réponse du responsable du PMI : «S’il y a des problèmes avec
les PME, nous serons là pour les aider et les accompagner. Nous
allons mener des actions en leur direction». Ce que confirme M. Meftah Amara,
directeur général du Bureau de Mise à Niveau de l’Industrie : «Nous avons
tous les moyens -PMI, PMN, programme de coaching, programme de qualité- pour
les soutenir».