Tourisme : Faux arguments et puce à l’oreille

Tourisme

Faux arguments et puce à
l’oreille

 

Dans un récent
rapport de l’Organisation des Nations Unies sur le tourisme tunisien, nous
avons été étonné par de nombreux excès hors de propos même si certains
points nous semblent pour le moins mériter une attention particulière de la
part des organismes spécialisés.

Réalisé à la mi-2004, le rapport dénonce ce qu’il appelle les «faiblesses
et incidences négatives» du tourisme tunisien qu’il cite l’une après l’autre
:

– Concentration quasi exclusive des équipements sur le littoral oriental
(oubliant que Bizerte et Tabarka se situent au nord), et sous-équipement du
reste du pays (où sont passées Kairouan, Tozeur et Nafta ?). Cela ayant
entraîné la privatisation de vastes proportions du littoral, une dégradation
du milieu naturel, une absence d’intégration entre les hôtels… et la
construction de plusieurs centaines de kilomètres de routes, de conduites
d’eau, de lignes électriques (n’est-ce pas plutôt un effet d’entraînement
bénéfique sur les infrastructures?) ainsi qu’une consommation excessive
d’eau.

– Coût très élevé des investissements nécessaires à l’aménagement des zones
touristiques et des hôtels (l’immobilier est cher, c’est une réalité. Mais
c’est la règle partout dans le monde).

– Dépendance croissante vis-à-vis des capitaux étrangers et des tours
opérateurs internationaux (les économistes appellent cela partenariat et,
pour information, il y a une quasi bataille rangée sur la planète pour
conquérir les investissements directs étrangers).

– Obligation pour l’Etat de recourir à des crédits à long terme auprès des
organismes internationaux (vous auriez peut-être voulu que la Tunisie
contracte des crédits à court terme).

– Les tours opérateurs européens contrôlent l’essentiel des flux
touristiques en Tunisie (rien n’est possible sans partenaires ayant de
puissants circuits de distribution).

Autant d’arguments vainement alarmistes qui ignorent apparemment que les
règles ont changé depuis longtemps et que le manque d’ambition et
d’engagement est aussi dangereux que les excès qui sont très loin d’être la
manière de faire de la Tunisie. Notre tourisme n’est certes pas au mieux de
sa forme mais il est, comme disent les Anglo-saxons « Alive and kicking ».

Pourtant, d’autres observations de ce rapport de l’ONU devraient nous mettre
la puce à l’oreille car elles sont loin d’être impertinentes. L’une
d’entre-elles nous rappelle ainsi la faible diversification des produits
touristiques tunisiens et la très forte saisonnalité de la fréquentation. On
y met également le doigt sur le risque que certains continuent de prendre en
pariant sur le coût réduit du séjour et que d’autres prennent en bradant
leurs prix et en tirant le marché vers le bas. Il attire aussi l’attention
sur la nécessité d’examiner la situation des hôtels qui ont des crises
financières, ceux qui ne parviennent pas à investir dans la rénovation et
d’autres qui ne font pas attention à la qualité de leurs ressources
humaines.


Maryam OMAR
 

10- 12 – 2004 ::
08:00

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