UIB : Provisions et petit résultat

Par : Autres

UIB : Provisions
et petit résultat

Par
Khaled BOUMIZA

Elle
a figuré sur le premier tableau, publié sur le site du CMF, des entreprises
qui ne respectaient pas les délais réglementaires de publication des
résultats. Elle en est vite sortie. A première vue, les résultats des
derniers états financiers de
cette banque privatisée, il y a un peu plus d’une année au profit de la
Société Générale, accusent de sérieuses baisses. Les développements de
certains ratios ont même attiré l’attention des commissaires aux comptes.


Première remarque sur les états financiers de l’Union Internationale de
Banque (UIB), la baisse drastique du résultat net. Celui-ci passe de 5,128
MDT, à 10 mille DT. Derrière cela, il y a
un PNB (Produit Net Bancaire) en baisse de 65,712 MDT en 2002 à 59,221 MDT
en 2003. C’est aussi, un résultat d’exploitation qui chute de 6,399 MDT à 1,554 MDT
seulement . Il faudra aussi ajouter cette baisse, bien que petite,
des dépôts de la clientèle, qui passent de 1287 MDT en 2002 à 1213 MDT en 2003.

L’inattendu était
attendu !


Contacté par nos soins, le management de la banque explique ces résultats
par la politique de prudence de l’établissement face à ce qu’il appelle le «PNB fictif» qu’il préfère passer en extra comptable, en attendant son
règlement définitif, même si cela influe sérieusement sur le résultat. Cela
serait aussi lié au poids des créances contentieuses, des dossiers de
particuliers, d’entreprises et des «engagements qui ne nous plaisaient
pas du tout
» selon l’expression utilisée par notre source. De là aussi,
la réduction des engagements sur ces dossiers compromis. Et face à tout
cela, le réflexe, peut-être salvateur, de la banque a été de provisionner à fonds.
Le montant des provisions aurait ainsi augmenté de plus de 10 MDT.


Pour les dépôts de la clientèle, le management explique cette légère baisse
par la volonté de la banque de ne pas tomber dans le piège de la surenchère
des prix avec certains déposants institutionnels, la décision a ainsi été
prise de les laisser partir ailleurs, pour ne pas avoir à payer plus.


Il nous semble, à ce stade, important de rappeler que ces résultats, étaient
en quelque sorte attendus. Peut-être pas à ce niveau de «détérioration»,
mais ce n’est à notre sens que «la chronique d’une baisse annoncée» ! A la
fin du mois de juillet 2003, en effet, la nouvelle équipe de l’UIB, avait
tenue sa première réunion d’information financière avec les intermédiaires
boursiers. Le nouveau management avait alors clairement laissé entendre que
«pour les 3 prochaines années, la banque allait privilégier le
renforcement de ses assises financières, au détriment des bénéfices et des
dividendes
» Cela nous a été, de nouveau, confirmé par le nouveau
management de la banque. Ainsi, tout ce qui se passe à l’UIB serait-il voulu
?

Insuffisance de provisions



La où les choses commenceraient à se corser, c’est lorsque les commissaires
aux comptes de la banque, «décident d’y mettre leur grain de sel». Avant
d’y arriver, il est important de noter qu’à la date de ladite réunion avec
les intermédiaires boursiers, le 24 juillet 2003, le même management de la
banque d’alors, nous apprenait que les créances accrochées de l’UIB
s’élevaient à 577 MDT, dont 29% étaient de classe 4. On apprenait aussi
(intermédiaires et journalistes présents) que seuls 30% de ces crédits
étaient encore en activité et que 73% sont compromis !


En ce temps là aussi, on nous apprenait que « le provisionnement de ces
risques est réaliste
» et que la couverture des risques était à 40%
financière et à 60% en garanties diverses. Les choses se seraient-elles
dégradées depuis? L’avis des commissaires aux comptes semble tout autre. Les documents accompagnant
les bilans provisoires contiennent en effet un avis dont on relève que «les provisions pour risques sur les engagements, comptabilisés
au 31.12.2003, portent sur un montant de 105 MDT. Nous estimons que le
montant cumulé des provisions (…) est largement en deçà du niveau requis,
par référence à la circulaire n° 91-24, de la BCT. De plus, des provisions
complémentaires, pour couvrir la dépréciation d’autres éléments d’actifs et
pour passifs et charges demeurent nécessaires
».

 

Décryptage : Au premier
bilan de sa privatisation, l’UIB dont 52% du capital est détenue par la
Société Générale, enregistre un bénéfice dérisoire pour une institution de
crédit. Certainement une première dans les annales du secteur bancaire
tunisien et qui ne devrait permettre aucune distribution de dividende. Le
bilan est, répétons le encore une fois, provisoire et il est de la seule
autorité de l’assemblée générale de décider de l’opportunité de distribution
du dividende. Le management évoque à ce propos, les réserves techniques. Les
observations des commissaires aux comptes indiquent vraisemblablement que la «
nouvelle UIB » accuse un manque de provisions. Une situation qui, à moins
d’un changement, empêcherait toute distribution de dividende.


Le dividende
de la transparence


Jusque là et avec ces résultats provisoires, ce n’est qu’un instantané de
l’état de santé de l’UIB. Avec les états définitifs, on devrait pouvoir voir
le film en entier. Mais dans tout cela, on retiendra ce «courage de la transparence» dont fait part le nouveau management, qui
espère ne pas en être la victime. Ce qu’il a fait et si c’est vrai qu’il l’a
fait dans le cadre d’objectifs d’assainissement, de consolidation et de
renforcement; certaines autres banques devraient peut-être le faire !


Ce même management rappelle, sans trop insister, l’état de la banque à sa
privatisation et veut rester optimiste. Il nous égrène par la suite, sans
trop de détail certes car on y reviendra avec lui, la série d’actions
qu’il entreprend dont le nouveau système d’information de la banque, la
formation professionnelle ou la nouvelle politique clients; actions qui demandent du
temps pour voir venir de visibles fruits ! Wait and see donc !
 

 

(c)
Webmanagercenter – Management & Nouvelles Technologies – 03 / 03/ 2004 à
08 : 00