La sécurité alimentaire de la Tunisie à l’horizon 2070 pourrait reposer sur quatre scénarios, selon les résultats d’une étude prospective stratégique majeure, dévoilés samedi dernier par le Conseil des sciences de l’ingénierie de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT).

Réalisée en partenariat avec le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA) et des chercheurs tunisiens, cette étude, lancée en 2023, vise à anticiper l’avenir alimentaire du pays dans un contexte mondial instable marqué par le changement climatique, les tensions géopolitiques et la pression sur les ressources naturelles.

Centrée sur la capacité de la Tunisie à nourrir sa population d’ici un demi-siècle L’analyse, identifie quatre futurs possibles. Ces scénarios sont construits autour de deux axes déterminants : le degré d’adoption par le pays d’une agriculture durable d’une part, et le niveau d’adoption d’un mode de consommation responsable par la population d’autre part.

L’étude souligne que le recours à une agriculture durable (biologique, agroécologique) est devenu “une nécessité urgente” pour préserver les ressources naturelles et assurer une production pérenne. Parallèlement, elle insiste sur l’importance cruciale de modifier les habitudes de consommation, de plus en plus dépendantes des importations et donc vulnérables aux crises internationales.

Le document alerte sur la fragilité actuelle du système alimentaire tunisien, exacerbée par les récentes perturbations d’approvisionnement, la flambée des prix et l’érosion du pouvoir d’achat.

Il appelle à une réflexion sérieuse sur des modèles agricoles alternatifs afin de renforcer l’autosuffisance nationale.

Surtout, l’étude affirme que la sécurité alimentaire “ne saurait être la responsabilité d’un seul secteur”. Elle requiert une coordination interministérielle étroite impliquant notamment les ministères de l’Agriculture, du Commerce, de l’Économie et de l’Environnement, ainsi que la résolution de dysfonctionnements structurels, comme la fragmentation des terres agricoles.

La conclusion est claire : garantir la sécurité alimentaire des Tunisiens en 2070 passera inévitablement par une approche nationale participative pour instaurer un système alimentaire plus résilient et durable.