Livrant d’ores et déjà un avant-goût de sa programmation, la 36ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC, 13-20 décembre 2025) a choisi de consacrer ses hommages posthumes à d’éminentes figures du cinéma tunisien, africain et arabe, réaffirmant ainsi son rôle dans la valorisation des parcours qui ont contribué à l’évolution du cinéma dans le pays et au-delà.

S’ouvrant comme une vaste fenêtre sur le passé, laissant remonter les voix, les visages et les récits qui ont façonné le cinéma, les JCC demeurent une occasion de rappeler des parcours, des œuvres et des mémoires qui éclairent encore le grand écran.

Du côté de la Tunisie, un hommage est consacré au cinéaste et homme de théâtre Fadhel Jaziri (1948-2025), avec la projection de deux œuvres majeures auxquelles il a pris part “La Noce” (1978), réalisé par le collectif du Nouveau Théâtre, restauré et présenté pour la première fois en Tunisie et “Traversées” (1982) de Mahmoud Ben Mahmoud, où feu Fadhel Jaziri a joué le rôle principal. Deux œuvres qui rappellent la présence singulière de Fadhel Jaziri à l’écran, et qui retracent une partie de son long parcours artistique.

Le plus grand festival de cinéma en Afrique et dans le monde arabe célèbrera également le centenaire de la naissance de Paulin Soumanou Vieyra (1925-1987), réalisateur béninois de naissance et sénégalais d’adoption, considéré comme le précurseur du cinéma africain. L’hommage comprend la projection de trois œuvres “C’était il y a 4 ans” (1954), “En résidence surveillée” (1981) et “Vieyra, le précurseur innovant” (2025). Une exposition qui lui est dédiée viendra par ailleurs retracer son œuvre et rappeler l’importance de ce bâtisseur dont la pensée, l’engagement et les films ont accompagné le développement du 7ème art africain.

Dans cette même ligne de reconnaissance envers les grandes voix du continent, les JCC honorent la mémoire du cinéaste malien Souleymane Cissé (1940-2025), considéré comme l’un des pères du cinéma africain. Trois de ses films majeurs seront projetés à savoir “Den Muso” (1975), “Finyè” (1982) et “Yeelen” (1987), œuvres emblématiques qui ont dessiné une nouvelle manière de filmer l’Afrique, ses luttes, ses maux et ses espoirs. L’hommage s’enrichit de la présence de sa fille, la cinéaste Fatou Cissé, qui présentera son film “Hommage d’une fille à son père”, (2022) retraçant l’enfance, la jeunesse et l’œuvre de Souleymane Cissé, et dévoilant les moments qui ont façonné son regard et son influence sur l’histoire du cinéma africain.

Le festival rend également hommage à Claudia Cardinale, figure légendaire du monde du cinéma, née à Tunis et dont la carrière a traversé six décennies. Les JCC proposeront trois films qui racontent différentes facettes de son parcours et de son lien profond avec son pays natal : “Les Anneaux d’or” (1956) de René Vautier et Mustapha Fersi, “Claudia Cardinale : La plus belle Italienne de Tunis” (1994) de Mahmoud Ben Mahmoud et “Claudia Cardinale : La Tunisie… splendeur et beauté” (2025) de Lotfi Bahri.

Walid Chmait, grande voix de la critique cinématographique au Liban, dont l’œuvre a marqué le paysage audiovisuel arabe, sera également à l’honneur à travers le documentaire “Walid Chmait, une vie au cœur du cinéma”, réalisé par son fils Selim Saab Chmait. La projection sera suivie d’un débat pour revisiter le parcours de ce passionné, témoin attentif et acteur de la mémoire cinématographique du monde arabe.

Au fil de ces hommages, les JCC réaffirment leur vocation de préserver, de transmettre et de rappeler que le cinéma demeure un univers qui invite à chaque fois à regarder en arrière pour mieux comprendre ce qui, encore aujourd’hui, fait vibrer le 7ème art.