La 26e édition des Journées théâtrales de Carthage (JTC), prévue du 22 au 29 novembre 2025, s’annonce foisonnante et engagée, avec plus de 80 spectacles venus de Tunisie, du monde arabe, d’Afrique et du monde entier.
Placée sous le slogan « Le théâtre, une conscience et un changement. Le théâtre, le coeur battant de la rue », cette édition entend faire de la scène un espace de dialogue et de transformation sociale, fidèle à l’esprit citoyen du festival.
■ Un festival aux multiples voix
Le programme de cette édition a été dévoilé, jeudi, lors d’une conférence de presse tenue à la Cité de la Culture Chedly Klibi à Tunis, en présence du comité d’organisation présidé par l’homme de théâtre Mounir Ergui.
Douze spectacles composent la compétition officielle, aux côtés d’une large sélection de représentations hors compétition, dont quinze œuvres internationales dans la section Théâtre du monde et seize créations tunisiennes dans la section Théâtre national.
Six spectacles figurent dans la section arabe et africaine, mettant en lumière la richesse et la diversité des créations représentant l’Arabie saoudite, l’Irak, la Jordanie, le Sénégal, le Burkina Faso et la Libye. Six autres spectacles de théâtre amateur sont également au programme.
Le Théâtre de la liberté, produit dans les établissements pénitentiaires, présentera seize productions, tandis que douze spectacles seront dédiés à l’enfance et à la jeunesse.
Le directeur artistique Mounir Ergui a indiqué que cette édition « ramène le théâtre au cœur du vécu social, tout en poursuivant le soutien du festival aux causes arabes, notamment la Palestine ».
L’ouverture, le 22 novembre, sera marquée par deux événements phares : la pièce égyptienne « Le Roi Lear », mise en scène par Shady Sorour Ali et interprétée par Yehia El-Fakharani à l’Opéra de la Cité de la Culture, et « Rêve », la nouvelle création du metteur en scène tunisien Fadhel Jaïbi, présentée à la salle Le Rio.
■ Une vitrine du théâtre tunisien et mondial
En compétition officielle, la Tunisie sera représentée par deux pièces phares : « Les Fugueuses » de Wafa Taboubi et « Jacaranda,» de Nizar Saïdi, toutes deux lauréates du 3ᵉ Festival national du théâtre tunisien « Saisons de la création ». Elles côtoieront quatorze œuvres étrangères venues d’Algérie, du Maroc, d’Égypte, de Palestine, du Liban, de Jordanie, d’Irak, des Émirats arabes unis, de Côte d’Ivoire et d’Afrique du Sud.
Présidé par l’homme de théâtre tunisien Lassaad Ben Abdallah, le jury de la compétition est composé de cinq autres figures du théâtre arabe et africain : Saade Aldaass (Koweït), Malek Laakoun (Algérie), Abdon Fortunée (Congo), Thameur Arbid (Syrie) et Imed El May (Tunisie).
Les œuvres en compétition concourent pour le Tanit d’or, d’argent et de bronze, ainsi que pour quatre autres distinctions : meilleur texte, meilleure scénographie, meilleure interprétation féminine et meilleure interprétation masculine.
Sélectionnés parmi 36 candidatures, les seize spectacles de la section Théâtre de la liberté comportent trois spectacles féminins interprétés par des femmes en détention dans divers établissements pénitentiaires, et deux autres issus des centres de rééducation des mineurs délinquants.
Hors compétition, la section tunisienne proposera seize productions reflétant la vitalité du théâtre national, parmi lesquelles « Ad vitam » de Leïla Toubel, « Pet Cats » de Aous Brahim et « Statue de pierre » de Karim Achour.
La section Théâtre du monde réunira quinze créations issues de France, du Sénégal, d’Italie, d’Islande, du Mexique, d’Arménie, d’Iran, de Colombie, de Pologne, d’Espagne et de Russie, offrant un panorama éclectique de la scène contemporaine.
■ Hommages, ateliers, workshops et masterclasses
Plusieurs figures du théâtre tunisien seront honorées, parmi elles Leïla Rezgui, Fethi Akkari, Ali Ohemiri, Lazheri Sebii, Slim Sanhaji et Hedi Boumiiza, ainsi que la Marocaine Latefa Ahrrare, l’Omanien Imad Mohson Ali Chanfari et l’Ivoirien Abdramane Kamaté.
Des distinctions spéciales salueront la carrière d’artistes ayant marqué la scène maghrébine et africaine, dont Aziza Boulabiar, Mohamed Massoud Idriss, Abdelhamid Gayess, Leïla Toubel, Yehia El-Fakharani (Égypte) et Sylvie Dyclo-Pomos (République du Congo).
Le Forum international du théâtre, prévu du 24 au 26 novembre, aura pour thème « L’artiste de théâtre : son temps et son œuvre » et réunira des intervenants de dix pays.
Enfin, plusieurs ateliers seront animés par des créateurs de renom, parmi lesquels Fadhel Jaïbi, Mohamed Moumen, Igor Yatsko (Russie), Gamal Yakout (Égypte), Evdokimos Tsoulakidis (Grèce), Ali Abdel Nabi Al Zaïdi (Irak) et Mihaela Mihut (Roumanie).
Igor Yatsko animera également une masterclass sur « L’action comme essence du théâtre : les trois canaux du mouvement — physique, psychique et verbal ».
L’homme de théâtre français Harold David donnera une masterclass sur « Comment participer au festival off d’Avignon ». Une rencontre est également prévue avec son compatriote Patrice Pavis, chercheur et critique éminent dans le domaine des études théâtrales et de la performance.
Créées en 1983 par le ministère des Affaires culturelles, les Journées théâtrales de Carthage comptent parmi les plus anciens festivals de théâtre du monde arabe et d’Afrique. Elles constituent un espace de rencontre, d’expérimentation et de réflexion pour les créateurs de la scène arabe, africaine et méditerranéenne.


