Ancien officier de l’armée tunisienne devenu ingénieur et entrepreneur dans la fintech, Wael Moula incarne une génération d’innovateurs à la croisée de la rigueur militaire et de la créativité numérique. Porté par une vision claire, il plaide pour un écosystème technologique tunisien plus uni, plus efficace et surtout tourné vers l’impact concret. Rencontre avec un homme qui veut faire de la Tunisie une étoile de l’innovation africaine.

Un parcours hors normes, forgé par la rigueur militaire

Diplômé de l’Académie militaire, Wael Moula a longtemps cultivé la discipline et la stratégie avant de se lancer dans le monde civil. Cette formation, souvent perçue comme austère, s’est révélée pour lui une école de caractère : « J’ai appris la rigueur, le sens de l’efficacité et la capacité à garder le cap même dans les environnements les plus complexes », confie-t-il.

Après avoir quitté l’armée, il se réoriente vers l’ingénierie, puis plonge dans l’univers de la fintech, un secteur où la précision et la résilience sont essentielles. Il évolue dans la conformité, la lutte contre le blanchiment, le financement du tourisme, la finance de marché et l’IT cumulant les expériences et les responsabilités. « J’ai travaillé sur plusieurs continents — en Afrique, en Europe de l’Est, en Asie — sur des projets de six mois à deux ans, en tant qu’expert puis manager. Cette diversité m’a permis d’enrichir ma vision et de l’adapter au marché tunisien », explique-t-il.

Ce bagage international, doublé d’une discipline militaire, confère à Wael Moula un profil singulier dans l’écosystème tunisien. Il combine la vision du stratège et la rigueur du bâtisseur, deux qualités qu’il considère comme indispensables pour transformer les promesses technologiques en réalisations concrètes.

J’ai appris la rigueur, le sens de l’efficacité et la capacité à garder le cap dans les environnements les plus complexes. Cette discipline guide aujourd’hui ma manière d’innover.

Réconcilier les mondes : start-up, grandes structures et institutions

Pour Wael Moula, le principal défi de l’écosystème tunisien réside dans la difficulté à trouver des compromis entre les différents acteurs : « Il faut parvenir à des compromis entre start-up et grandes structures, entre secteur privé et institutions publiques. Chacun a sa vision, son plus et ses contraintes. Ce n’est jamais facile, surtout dans le secteur financier, avec ses réglementations strictes et ses enjeux sensibles. Mais la discussion, la persévérance et une vision commune permettent d’avancer. »

L’entrepreneur plaide ainsi pour un dialogue constructif, fondé sur la reconnaissance mutuelle. Pour lui, la réussite de la transformation numérique tunisienne dépendra de la coopération plutôt que de la concurrence entre acteurs : « Il faut écouter, comprendre et construire ensemble. C’est la seule manière de créer de la valeur durable. »

Il faut écouter, comprendre et construire ensemble. C’est ainsi qu’on crée de la valeur durable dans un écosystème encore en construction.

Apprendre, s’adapter, avancer

Lorsqu’on lui demande s’il referait les mêmes choix, Wael Moula reconnaît que l’expérience forge l’efficacité : « Oui, je ferai certaines choses différemment. Beaucoup d’énergie a été dépensée, parfois inutilement. Aujourd’hui, je cherchais des chemins plus économes, plus efficaces. Mais on apprend toujours. Ce qui compte, ce sont les résultats : les services déployés, l’innovation, le retour des clients. »

Pour lui, l’entrepreneuriat est un apprentissage permanent, fait de remises en question et de réajustements. « La vraie réussite, c’est d’avoir tenu bon, d’avoir transformé une idée en solution utile », résumé-t-il.

La Tunisie est une étoile de l’Afrique en matière d’innovation technologique, et je veux contribuer à la faire briller.

Visionnaire et patriote

Wael Moula se définit avant tout comme un visionnaire profondément attaché à la Tunisie.
« J’ai eu la chance de vivre dans plusieurs pays, pas seulement d’y étudier. J’ai vécu la révolution des hautes technologies et des fintechs à l’étranger, et je suis profondément attaché à la Tunisie. Quand j’ai décidé de lancer ce projet avec mes cofondateurs, c’était d’abord pour aider le pays, pas pour le business. »

Une phrase qui résume bien sa philosophie : innover non pas pour suivre les tendances, mais pour répondre à un besoin national, créer de l’impact et hisser la Tunisie au rang des nations technologiques émergentes. Je vois mon pays « Comme une étoile. Une étoile de l’Afrique en matière d’innovation technologique. »

Une métaphore à son image : ambitieuse, lucide et inspirée. Derrière la rigueur du militaire devenu entrepreneur se dessine un rêve collectif — celui d’une Tunisie capable de briller par son intelligence, sa créativité et sa capacité à se réinventer.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

  • Ancien officier et ingénieur, Wael Moula associe discipline militaire et innovation technologique.
  • Il a acquis une expérience internationale dans la fintech, de l’Afrique à l’Asie.
  • Il appelle à une coopération renforcée entre start-up, grandes structures et institutions tunisiennes.
  • Pour lui, l’efficacité vient de l’apprentissage continu et de l’adaptation.
  • Il veut contribuer à faire de la Tunisie une « étoile » de l’innovation africaine.