Chaque rétrospective est un événement en soi, mais le vernissage de la rétrospective de Ali Zenaïdi à la Maison des Arts au Belvédère, samedi 04 octobre 2025, était empreint de joie, d’émotion et de respect envers cette grande figure des arts plastiques en Tunisie pour son “Voyage à travers les couleurs et les lumières de 1975-2025”, un thème qui réunit des œuvres choisies pour une exposition qui se poursuit jusqu’au 30 octobre.

Dans une galerie bondée d’artistes, d’amis et d’anciens étudiants de diverses générations dont certains sont venus d’autres gouvernorats du pays, que le vernissage de cette exposition a eu lieu dans une ambiance festive où tout le monde voulait pour prendre une photo avec l’artiste pour immortaliser ce moment, alors que d’autres personnes attentives à chaque œuvre, scrutaient chaque scène et chaque couleur de moments peints pour faire revivre la Médina, les hammams, les marchés et la famille et marquer le regard de la beauté des traits des scène de vie de couleurs vibrantes rehaussées.

Le Directeur de la Direction des arts plastiques Mounir Mejri a souligné l’importance de cet artiste, en tant que l’un des pionniers de l’art plastique en Tunisie, le qualifiant d’école, de majeure station artistique, tout en soulignant le fait qu’il soit aussi bienveillant qu’attentif aux autres artistes.

“C’est la joie de la vie et la célébration de cinquante ans de carrière qui sont réunis dans cette rétrospective” dit Ali Zenaïdi à l’agence TAP, “et je suis touché par la présence de mes amis et mes collègues venus dans cette grande fête qui a commencé par ma naissance et qui finira après mon départ”.

Dans cette exposition de 66 tableaux de divers formats, “10 de mes 72 œuvres ici sont puisées de la collection de l’Etat et j’ai choisi de ce lot, pour cette exposition, une combinaison entre la partie abstraite des 1975 à la fin des années 90 à la partie réaliste”.

Une rétrospective à la mémoire de la Tunisie multiculturelle et multiconfessionnelle

“Cette exposition est une interprétation de mon monde, de ma mémoire et de ma société, dans une Tunisie multiculturelle et multiconfessionnelle qui a été une grande source d’inspiration pour ma peinture” explique Ali Zenaïdi à l’agence TAP, “c’est ainsi que j’ai pu connaitre ce beau monde et les caractéristiques de ma communauté, découvrir leur univers, tout en étant à l’écoute des diversités culturelles. J’ai connu la peinture traditionnelle chez les artisans tunisiens et la peinture coloniale chez les français et les italiens qui habitaient dans mon quartier”.

“Je passais des ruelles et labyrinthes de la Médina vers les grands boulevards de Tunis, de ma langue natale à une, dans mon quartier de Bab Al Jazira à la Médina qui était pleine de siciliens, espagnols, libyens et algériens” se rappelle ce passionné des arts et de la vie né le 15 janvier 1950 à Tunis, le regard clair et brillant de rides et d’expérience vêtus.

“Mon premier maître était feu Noureddine Khayachi qui était mon guide au Lycée Alaouia. A l’Ecole des beaux-arts de Tunis, j’ai eu des grand maîtres tels que Amor Ben Mahmoud et Habib Chebil qui m’ont beaucoup appris” tient-il à rappeler.

Son passage aux l’Ecole des Beaux-Arts de Tunis a été capital pour l’artiste pour ses recherches classiques. Ses voyages en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient lui ont beaucoup apporté en matière d’inspiration et d’affirmation personnelle enrichie par l’apport occidental, berbère, oriental et tunisien.

“Ma peinture, je l’ai voulue variée avec des techniques de collages, des dessins, de l’acrylique ou des huiles avec des scènes de la Médina et de mon monde quotidien”.

Ali Zenaïdi a choisi ce voyage entre les lumières et les couleurs relatant un parcours artistique de cinquante ans de peinture pour présenter au public sa démarche de recherches et de développement des ses techniques et lui faire découvrir les diverses formes de langage au service de l’art dans toutes ses déclinaisons, pour celui qui a essayé de nombreuses techniques pour mettre en valeur la couleur et la lumière et les effets de transparence.

“Le collage m’a donné une possibilité plus dense avec des recherches sur la répartition des bouts de papiers et des journaux que je colle en abords puis je dessine des scènes de ma vie quotidienne pour faire un mariage entre les papiers et le dessin” dit-il.

En signe de témoignage et de reconnaissance pour Ali Zenaïdi, les artistes Hafedh Baccouri et Tarek Belhaj Yahia lui ont offert chacun un portrait de l’artiste réalisés par eux, en témoignage de leur appréciation pour son humour, son savoir, son talent et son attention envers les grands et les petits.