BUDGET TunisieLe projet de loi de finances pour l’exercice 2026, a fait l’objet, au mois d’août dernier, de plusieurs conseils ministériels tenus sous la présidence de  Sarra Zaafrani Zenzri, Cheffe du gouvernement.

Rendues publiques, les propositions faites au cours de ces réunions à huis clos ont été fortement critiquées par les médias et les experts. Selon ces observateurs de la chose tunisienne, ces propositions sont frustrantes et décevantes. Elles ne comportent aucune nouveauté réalisable ni pour les particuliers, ni pour les entreprises, ni pour les secteurs, ni pour le pays. Plus grave, le PLF 2026 reste muet sur les réformes à entreprendre en toute urgence et sur le montant des fonds à mobiliser pour financer le budget de 2026.

Comprendre :  ce projet de loi rompt avec le concept classique des lois de finances où les échéances d’exécution des projets sont bien définies et où les dépenses et recettes sont déterminées avec une grande précision.

Il s’agit d’un ensemble de professions de foi et d’élucubrations qui reprennent les discours lyriques  du Président Kaies Saied lors de ces nombreux entretiens avec les ministres opineurs et les visites inopinées dans les régions. Pour information, en voici les principaux axes.

Confirmation du retour de l’État social

  • Réalisation d’un meilleur équilibre entre justice sociale et croissance économique.
  • Amélioration de la prise en charge des catégories sociales fragiles et à faible revenu, et en favorisant leur intégration économique.
  • Le PLF2026 projette de diversifier davantage les sources de financement des caisses sociales afin de mettre en place « un système de couverture sociale durable et complet » et consolider la gouvernance des interventions du programme social Amen, un vaste système de protection sociale visant à soutenir les citoyens vulnérables par des transferts monétaires, des services de santé et l’autonomisation économique.

 Le PLF 2026, une étape du plan 2026-2030

Il doit être, selon la cheffe du gouvernement, un levier pour relever les défis structurels et atteindre les objectifs du plan de développement 2026-2030, fondé sur une approche ascendante partant du niveau local, puis régional,  jusqu’au niveau national, conformément à la vision du Président de la République, Kais Saied.

Emploi : il s’agit essentiellement de l’ouverture du recrutement dans la fonction publique en 2026 et la régularisation de plusieurs situations.

Développement régional : prise en considération des recommandations des conseils locaux, et régionaux et des districts dans l’élaboration du plan de développement 2026-2030.

Réforme du système fiscal

  • instaurer la justice fiscale, réduire les disparités sociales et renforcer le pouvoir d’achat des ménages, en particulier, les classes moyennes et à faible revenu.
  • Il s’agit aussi de lutter contre l’évasion fiscale et d’intégrer le secteur parallèle en consacrant la transparence des transactions financières et en encourageant le recours aux moyens de paiement électroniques.
  • Un effort sera déployé en 2026 pour consolider les ressources non fiscales de l’État et renforcer les projets publics à travers la révision de la fiscalité de certains établissements publics vers le sens de l’allégement des charges fiscales à la lumière des difficultés structurelles rencontrées.

Investissement : booster l’investissement public, moteur de l’investissement privé, et soutenir les entreprises communautaires ainsi que les petites et moyennes entreprises.

A cette fin , le PLF 2026 prévoit ce qu’il appelle la mise en place « des mécanismes de financement innovants » à même d’aider le pays, à s’adapter aux mutations économiques, à faire face aux pressions géopolitiques mondiales à travers la compression des dépenses et à stimuler la croissance.

Dans ce contexte, le projet de loi de finances prévoit deux mesures : un dégrèvement fiscal au titre des opérations d’acquisition et la garantie de l’accès aux sources de financement à des conditions avantageuses.

Santé : renforcer le système de la santé publique et garantir la prévention et la sécurité sanitaire de manière à garantir une couverture universelle des services de santé de base.

Education : soutenir la réforme de l’éducation à travers la mobilisation des financements destinés à dresser un état des lieux de la situation du système éducatif, à concevoir les programmes et les cursus éducatifs alternatifs et à aménager des espaces éducatifs permettant d’atteindre les objectifs de la réforme éducative.

Transition énergétique : le projet de loi de finances vise à soutenir la transition énergétique et écologique en encourageant l’utilisation des énergies renouvelables et la fabrication d’équipements de stockage d’énergie électrique.

Secteur informel : renforcer la transition du secteur informel vers le secteur formel et encourager ses acteurs à s’engager dans le secteur formel grâce à la mise en place d’un cadre juridique spécifique fondé sur la simplification et la digitalisation des procédures administratives, la simplification des obligations fiscales et la facilitation de l’accès aux services de sécurité sociale.

Abou SARRA