Le maestro Mohamed Garfi, entouré d’une pléiade d’artistes, a renoué avec le public de Carthage dans un spectacle baptisé “Men kaa el khabia” présenté, samedi soir, à la soirée d’ouverture de la 59ème édition du Festival international de Carthage.

Paradoxalement, cette soirée inaugurale avec de la musique savante était marquée par une présence assez timide des mélomanes.

La soirée d’ouverture a eu lieu en présence du président de l’Assemblée des Représentants du Peuple, Brahim Bouderbala, de la ministre des Affaires Culturelles, Amina Srarfi, ainsi qu’un certain nombre d’artistes et de représentants des médias.

“Men kaa el khabia” (Du fond de la Jarre) est un spectacle qui retrace des étapes majeures du parcours artistique tunisien revisitant les œuvres de compositeurs, peintres et poètes ayant enrichi la scène nationale tout au long du XXe siècle et au-delà.

Sous la direction du maestro Garfi, l’Orchestre Symphonique Tunisien était accompagné du Chœur de l’Opéra de Tunis et de la Troupe Nationale des Arts Populaires. Le spectacle a rassemblé une sélection du large répertoire musical national revisité à travers un arrangement orchestral interprété par un orchestre symphonique.

Les chanteurs Hamza Fadhlaoui, Chokri Omar Hannachi, Chedli Hajji, invité d’honneur, étaient à l’affiche de ce spectacle alliant chant et théâtre. Des chefs-d’œuvre de Khemaies Tarnane, Mohamed Triki, Mohamed Jamoussi, Ali Riahi, Hédi Jouini, Abdelhamid Sliti, Salah Khemissi et Kaddour Srarfi étaient au menu.

L’acteur Jamel Madani a interprété un cocktail de chansons humoristiques tunisiennes et son pionnier Salah Khmissi qui incarnait la voix emblématique de la Tunisie des années 30 et 40.

Les figures de proue de la musique tunisienne, témoins du mouvement de renaissance musicale dans le pays, ont été à l’honneur dans cette œuvre, de 25 chansons et œuvres instrumentale, signée Mohamed Garfi, artiste spécialiste de la musique tunisienne et arabe.

Le spectacle a démarré avec “Le Salut Beylical”, l’ancien hymne national de 1846 à 1957, dont la composition est attribuée au célèbre compositeur italien Guiseppe Verdi. Pour Salalh El Mahdi, il s’agit plutôt d’une oeuvre tunisienne pure.

Cette ballade musicale s’est poursuivie entre chant, patrimoine, théâtre et danse dans des oeuvres d’artistes disparus comme Saliha, Hedi Jouini et Mohamed Jammoussi. Des chansons d’après la poésie d’Abou Al Kacem Chebbi, Abdelhamid Khraief étaient également interprétées dans “Men kaa el khabia”.

Dans des déclarations à l’agence TAP, certains spectateurs ont exprimé leur déception qualifiant une ouverture qui n’est pas à la hauteur du prestigieux festival international de Carthage”. Pour d’autres, malgré son importance, le spectacle n’a pas réussi à créer l’anthousisme des téléspectateurs et l’intéraction sur scène .. ».

Le Maestro Mohamed Garfi jouint d’un grand respect dans le milieu artistique et auprès des mélomanes avertis. Certains spectateurs ont regretté l’absence des chansons Tarab revisitant le patrimoine sonore et qui leur permettent de revivre l’univers d’antan, disant être surpris par ce qu’ils qualifient de tentatives expérimentales d’arrangement et d’interprétation ayant affaibli les chansons originales..”.

Chef d’orchestre, compositeur et musicologue, Mohamed Garfi a façonné les goûts artistiques de plusieurs générations de musiciens et de mélomanes. Au top de sa gloire dans les années 80 et 90, les apparitions du maestro, sur scène ou sur petit écran, et sa baguette qu’il manie avec délicatesse, faisaient le grand bonheur de ses fans.

Après une longue absence, Garfi a renoué avec le public de Carthage lors d’une soirée qui est loin d’éffacer ou bien de faire oublier les anciens succès du maestro sur la scène de l’amphithéâtre romain.

Du haut de ses 77 ans, Garfi qui a tant donné à la musique tunisienne avec passion et dévouement, continue de le faire, habité par la volonté de créer, de partager et de transmettre.

Le Festival international de Carthage se déroule du 19 juillet au 21 août 2025.