Le palmarès de la 28ème édition des prix du “Comar d’Or” a été dévoilé, samedi soir, au cours d’une cérémonie organisée au Théâtre municipal de Tunis.

Les Comar d’or sont attribués à des romans écrits par des auteurs de nationalité tunisienne, publiés en Tunisie ou à l’étranger. Trois romancières dont deux francophones sont parmi les six lauréats.

La cérémonie a été marquée par la présence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique chargé de la gestion du ministère des affaires culturelles, Moncef Boukthir, ainsi que de plusieurs personnalités du monde du livre et de l’édition. La soirée a été ponctuée de pauses musicales interprétées par les artistes Eya Daghnouj et Mehdi Ayachi.

Un hommage a été rendu aux victimes de la guerre dans la bande de Gaza. Un vibrant hommage a été également rendu au romancier Ali Bécheur (1939-2024), disparu le 6 avril dernier qui était avocat et enseignant de droit avant de devenir écrivain. Ali Bécheur lauréat de trois Comar d’or du roman en français avait eu le Comar d’or, lors de sa première édition en 1997, pour “Jour d’adieu”, puis “Le paradis des femmes” en 2006 et “Les lendemains d’hier” en 2018.

“Malentendues” se distingue par sa maîtrise des techniques de la narration romanesque

Le jury de la compétition du roman en langue française a décerné le grand prix, le Comar d’or, à Azza Filali pour “Malentendues”, un opus de 344 pages paru en 2023 aux éditions Elyzad. Le prix lui été remis par Moncef Boukthir.

“L’écriture est un travail difficile (…) le plus souvent fait dans la solitude”, a déclaré Azza Filali, l’écrivaine et médecin. “On est solitaire quand on écrit et on est parfois et souvent solitaire après avoir fini d’écrire”. Partant de ce sentiment de solitude, la reconnaissance et la consécration constituent des sentiments de “réconfort qui submerge l’écrivain”, a-t-elle estimé.

“Malentendues” est l’histoire de “Emna, la quarantaine, avocate tunisienne, mariée, est chargée d’une mission visant à évaluer le degré de civisme et d’autonomie des femmes rurales dans un village conservateur de l’île de Djerba.

D’après le jury, le Comar d’Or attribué à Azza Filali récompense “un roman qui se distingue par sa maîtrise des techniques de la narration romanesque. Le récit puise sa force dans une galerie de portraits féminins aussi complexes qu’attachants de sincérité et de vérité. En situant l’action de son roman dans le cadre idyllique de l’île de de Djerba, l’auteure fait ressortir le contraste entre la carte postale et les blessures des femmes qu’elle croise et dont elle nous décrit les velléités de rébellion contre un ordre établi, étouffant et injuste.”

Le Prix spécial du jury est revenu au roman “Fleurir” de Wafa Ghorbel, paru en 2024 chez Kalima éditions. Le jury a décerné ce prix spécial à “un roman qui se distingue par la qualité de sa construction et son écriture poétique et de bonne facture (…) l’auteure traite de thèmes poignants qui ont un ancrage dans la réalité actuelle, comme les violences infligées aux femmes, la migration clandestine, l’incommunication au sein de la famille ou l’hypocrisie sociale d’une façon générale”.

“Fleurir” est l’histoire de “Yasmine Ellil, jeune insulaire tunisienne, qui se fait violer par son professeur. Pour sauver l’honneur de la famille, ses parents l’obligent à épouser son bourreau. C’est entre deux eaux, deux rives, deux souffles et deux feux qu’elle tentera de tisser son identité et de faire fleurir sa plaie.”, note encore le jury.

Le Prix Découverte est attribué à Atef Gadhoumi pour “Pour qu’il fasse plus beau… “, un roman de 187 pages paru aux éditions Arabesques qui retrace “le parcours meurtrier d’un tandem famélique, Ridha et sa sœur cadette Amel, animés par un irrépressible besoin de vengeance, sur fond de division sociale et de haine de classe”.

“Le Prix Découverte est décerné à un roman qui s’inscrit dans un genre assez nouveau en Tunisie : le roman policier, ou polar ou thriller… Le romancier nous propose une réflexion sociologique sur les contradictions qui traversent notre pays..”.

Le jury en langue française était composé de Ridha Kéfi (journaliste), Mokhtar Sahnoun (romancier, poète), Monia Mouakhar Kallel (romancière), Kamel Ben Ouanes (critique littéraire) et Mouha Harmel (écrivain), lauréat du Comar d’Or 2023 du roman en français “Siqal, l’antre de l’Ogresse”.

Nette amélioration de la qualité des œuvres participantes, selon le comité d’organisation

Dans la compétition du roman en langue arabe, le jury a attribué le Comar d’Or à Sahbi Keraani pour “Weld Hmed” (Atlas Edition), premier roman de l’auteur. Khalthoum Ayachia a remporté le Prix spécial du Jury pour “Hadra Thlali allati taaraj” (Dar khrayef) et Chaker Nassif a eu le Prix Découverte pour “Arch al majanine de” (Meskiliani).

Mohamed El Khadi (universitaire), Neziha Khelifi (critique), Hafidha Karabibene (nouvelliste, poétesse et romancière), Ahmed Guesmi (universitaire) et Hafedh Mahfoudh (écrivain) sont au jury des romans en arabe.

Le Comar d’Or est un prestigieux prix littéraire national baptisée au nom de la Compagnie Méditerranéenne d’Assurances et de Réassurances (Comar). Il est organisé par les assurances Comar avec le soutien du ministère des Affaires Culturelles.

Cette 28ème édition a enregistré “une grande diversité dans les questions abordées et une nette amélioration dans la qualité des oeuvres participantes”, a déclaré le président du Comité d’organisation des Comar d’Or, Lotfi ben Haj Kacem.

Les œuvres retenues sont publiées entre le 1er avril 2023 et le 31 mars 2024. Les six romans lauréats de cette édition ont été sélectionnés parmi une liste de 58 romans (21 en langue française et 37 en langue arabe). Ce nombre est identique à celui enregistré en 2023 avec une légère baisse pour les titres en français qui étaient de 24 romans.

Depuis la création des Comar d’or en 1997, il y a eu la participation de 732 romans en langue arabe dont 86 primés contre 371 romans en langue française dont 86 primés. Ces récompenses sont dotées de 10000DT pour chacun des lauréats du Comar d’Or, 10000DT pour chacun des lauréats du Prix spécial du Jury et 2500DT pour chacun des gagnants du Prix Découverte.