6 femmes, 6 femmes qui brillent par leur intelligences, compétences mais aussi par leur combattivité et leur détermination. Elles sont tunisiennes et vous verrez leurs portraits publiés à tour de rôle dans le Who’s Who du Webmanagercenter.

Il s’agit de respectivement Mesdames :

  • Olfa Khélia Boubaker, Professor Control Engineering and Robotics à l’INSAT,
  • Zohra Lili Chabaane, Professor RemoteSensing, GIS and Water RM à l’INAT,
  • Rym Zalila Wenkstern, Professor of Computer Science à l’Université du Texas à Dallas aux États-Unis,
  • Senda Ajroud-Driss, Professor Of Neurolgy à Feinberg School of Medicine North western University aux USA,
  • Amira Romani, Senior Vice-President of Global Innovation and Technology à Siemens Healthineers, en Allemagne et
  • Ines Fenni Scientist@Nasa Jet Propulsion Laboratory à Pasadena aux States.

Elles partagent toutes l’amour de la science dans un pays où 58% des femmes sont diplômées de filières scientifiques, ce qui leur donne, d’après le classement effectué par la banque mondiale, la deuxième place sur 114 pays et la première en Afrique.

Ceci alors que les femmes sont sous représentées dans le monde de la recherche dans beaucoup de pays bien que la société de la connaissance et l’économie du savoir sont déterminantes pour la réalisation des avancées scientifiques et technologiques et appellent toutes les compétences féminines ou masculines.

C’est d’ailleurs ce que font respectivement les professeures citées plus haut dans leurs laboratoires de recherches chacune dans son domaine. Des chercheures qui ont répondu positivement à l’invitation de la Reconnectt, Association franco-tunisienne présidée par Sami Ayari et au WMC pour participer tout récemment à un webinaire où elles se sont raconté avec beaucoup de modestie et d’humilité.

Nous voulons créer des opportunités pour des projets utiles entre les compétences de l’international et celles de Tunisie

“En initiant ce webinaire, mon objectif était de rapprocher les compétences tunisiennes vivant hors de nos frontières à celles qui vivent en Tunisie. Il fallait tout d’abord les chercher parce que nous en avons beaucoup et leur donner de la visibilité. La valorisation des Tunisiens (nes) représente un objectif majeur pour Reconnectt.

Notre but est de les mettre en relation indépendamment de leurs domaines d’activités et de créer des opportunités pour des partenariats concrets entre compatriotes, d’échanger des idées aussi à propos de projets en faveur de la Tunisie. Aujourd’hui nous assistons à un décloisonnement technologique extraordinaire grâce à l’intelligence artificielle qui envahit tous les domaines et tous les métiers. J’espère pouvoir perpétuer la tradition des webinaires parce que nous, nous vivons à l’étranger mais nous portons notre Tunisie dans nos cœurs et nous avons beaucoup à lui offrir” a déclaré Sami Ayari.

Qu’elles vivent en Tunisie ou à l’international par choix, concours de circonstances ou par chance, les participantes au Webinaire partagent une qualité : le respect du travail, du savoir, de l’expérience et de la discipline.

C’est d’ailleurs ce qui nous distingue nous autres d’une grande partie de nos compatriotes estime Pr Rym Zalila. Un point pour elle qui veille régulièrement jusqu’à 3 heures du matin dans son laboratoire à Dallas parce qu’elle doit achever son travail. “Ici nous vivons pour travailler, nous ne travaillons pas pour vivre”.

Pas de demi-mesures chez Pr Rym Zalila, une femme entière et rebelle qui a grandi dans une famille conservatrice où les parents décidaient de l’avenir de leur progéniture et orientaient leurs choix. Pr Zalila est aussi consultante internationale dans le transport intelligent terrestre, maritime et aérien.

“En Tunisie, 58% des femmes sont diplômées de filières scientifiques, ce qui nous donne la deuxième place sur 114 pays et la première en Afrique.”

A Tunis aussi, les chercheures vivent pour leur travail. Qu’il s’agisse de Pr Lili Chabaane, directrice du laboratoire de recherche GREEN-TEAM de l’INAT, depuis toute jeune amoureuse de la nature et préoccupée par les ressources naturelles ou de Pr Olfa Khélia Boubaker dont les ouvrages dans sa spécialité se vendent à l’international sur les sites les plus réputés.

Si Pr Chabaane qui se destinait à suivre une carrière médicale a été orientée vers l’INAT suite à un événement malheureux douloureux, “Je n’ai pas regretté, j’aime la nature et ce que je fais aujourd’hui réponds à mes attentes les plus chères”.

“Aujourd’hui, l’une de mes plus grandes préoccupations est de faire en sorte que mes doctorants que j’envoie en stages de recherches à l’international puissent bénéficier des égards qui leur sont dus et qu’ils (elles) ne soient pas exploités (e). “Si désormais, je réalise que mes doctorants ne sont pas traités comme il se doit, je romprais tous les contrats qui me lie à des universités ou des centres de recherches internationaux”. Pr Chabaane et Pr Khélia, ont exprimé leurs souhaits de partenariats plus efficients avec leurs homologues à l’international.

Pour avancer, il faut changer de mentalité !

Encourager les chercheurs tunisiens à avancer, Mmes Zalila, Driss et Romani adhèrent et approuvent à condition de trouver des candidats qui le veulent et qui sont prêts à s’engager comme il se doit.

Pr Senda Ajroud-Driss, qui a réussi son résidanat en neurologie à Tunis, a rappelé à l’occasion qu’une rencontre devait avoir lieu en Tunisie pour informer les jeunes et experts des dernières innovations des recherches en maladies neuro-dégénératives : “Par malchance, il y a eu le covid+ et tout fût annulé. Mais moi-même, je suis prête à faire du mentoring à distance et d’accompagner des jeunes chercheurs”.

C’est ce qu’a aussi assuré Dr Amira Romani qui estime que le premier pas pour des avancées dans le monde des hautes technologies et de la recherche est le changement des mentalités. “Il faut être plus combattif, plus engagé et plus persévérant. Le monde de la recherche et de la science n’est pas aisé, ce qu’il faut en Tunisie, c’est changer de mindset. Cela dit, personnellement, je suis prête à accompagner ceux ou celles qui veulent avancer sur le chemin des hautes technologies. Nous l’avons toujours fait dans notre firme et nous le ferons à chaque fois que c’est nécessaire. La Tunisie a des champions internationaux tels Instadeep et plus que les moyens, c’est la volonté, la persévérance et la détermination qui mènent à la réussite”.

“Le monde de la recherche et de la science n’est pas aisé, ce qu’il faut en Tunisie, c’est changer de mindset. Cela dit, personnellement, je suis prête à accompagner ceux ou celles qui veulent avancer sur le chemin des hautes technologies.” – Dr Amira Romani

Parce que les moyens, comme l’a bien signifiée, Ines Fenni chef de laboratoire à la NASA, c’est aussi une lutte continuelle pour en disposer même pour une institution aussi prestigieuse que la Nasa. “Il y a quelques semaines, on nous a signifié que nous n’aurons pas de financements et nous serons obligés de licencier certains de nos chercheurs”.

Ines Fenni est une véritable battante qui a été l’heureuse élue d’un stage qui l’a menée à la Nasa après avoir galéré dans ses études supérieures et son doctorat en France où elle a été obligée de se déplacer d’une ville à une autre pour pouvoir mener à bien ses études et ses recherches. “Je n’ai jamais imaginé que je pourrais un jour être ici à la Nasa, j’ai été encouragée par un de mes collègues en France à déposer une demande de stage à un centre de recherches US et j’ai réussi à décrocher le poste. Ce qu’il faut savoir est que ce que nous faisons toutes, c’est beaucoup de travail et d’engagement. Le tribu de la réussite, c’est aussi cela”.

Les 6 Chercheures citées plus haut représentent un exemple de milliers de compétences tunisiennes installées à l’international et prêtes à répondre à l’appel du pays à distance ou en se déplaçant sur place. Elles se sont imposées dans le monde de la science où on doute de la capacité des femmes à se distinguer.

Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est la reconnaissance du pouvoir politique de l’importance des compétences et celle aussi du capital pour assurer la croissance et le développement de la Tunisie dans un monde qui avance à la vitesse de la lumière.

Une politique intelligente de valorisation des ressources humaines, systématique pour obtenir le meilleur des capacités nationales et internationales est impérative loin de la logique populiste stérile qui, à terme, renverra le pays dans les méandres de l’ignorance.

Amel BelHadj Ali