L’Afrique du Sud n’atteindra probablement pas zéro émission nette d’ici 2050, à cause des nombreux défis énergétiques et environnementaux auxquels il doit toujours faire face, ont indiqué des experts lors d’une conférence tenue durant le week-end à Durban (600 km de Pretoria).

Lors de cette rencontre, tenue sous le thème de « L’objectif Zéro émission nette », les experts ont d’emblée tenu à souligner qu’ils ne pensent pas qu’il serait possible pour l’Afrique du Sud d’honorer son engagement de parvenir d’ici 2050 à un rendement zéro net des émissions de gaz à effet de serre, invoquant les difficultés auxquelles le pays est actuellement confronté pour répondre à ses ambitions climatiques.

Et pour cause, expliquent-ils, l’Afrique du Sud reste l’un des 12 plus grands pollueurs au monde et le septième producteur de charbon qui compte pour plus de 80 pour cent dans la production de l’électricité dans le pays. “Les émissions de polluants atmosphériques résultant de l’exploitation prolongée des centrales à charbon auraient un impact majeur sur la santé publique”, relèvent-ils encore en citant une nouvelle étude du Centre de recherche sur l’énergie et l’air propre (CREA).

L’étude affirme que le retard dans la mise hors service des centrales thermiques du pays au-delà de 2030 entraînerait une « surmortalité liée à la pollution de l’air de 15.300 personnes et coûterait plus de 18 milliards de dollars à l’Afrique du Sud, en termes de dépenses de maintenance notamment ».

Intervenant à cette occasion, Sonwabo Damba, spécialiste de la planification énergétique au Département des ressources minérales et de l’énergie (DMRE), a déclaré que les planificateurs du département reconnaissent les difficultés pour l’Afrique du Sud d’atteindre d’ici 2050 son objectif d’émissions zéro nette.

Dans une tentative apparente d’apaiser certaines inquiétudes suscitées par ces déclarations, le directeur général du DMRE, Jacob Mbele, a cherché à la fois à définir le zéro net et à expliquer que la définition n’est pas encore arrêtée. « Zéro émission nette ne signifie pas zéro émission », a-t-il soutenu, ajoutant que « cela signifie d’autres mesures d’atténuation aboutissant finalement à zéro émission de gaz à effet de serre ».

Le World Resources Institute (WRI) explique, à ce propos, que « zéro émission nette », ou « zéro net », sera atteint lorsque toutes les émissions rejetées par les activités humaines seront contrebalancées par l’élimination du carbone de l’atmosphère dans un processus connu sous le nom d’ élimination du carbone.

Pour leur part, les écologistes expliquent que « pour atteindre le zéro net, il faudra adopter une approche en deux parties : avant tout, les émissions d’origine humaine, telles que celles des véhicules et des usines à combustible fossile, doivent être réduites aussi près de zéro que possible. Toutes les émissions restantes devraient alors être équilibrées par une quantité équivalente d’élimination de carbone, ce qui peut se produire grâce à des approches naturelles telles que la restauration des forêts ou à des technologies telles que le captage et le stockage directs de l’air (Dacs).

Les experts en énergie n’ont pas manqué, à cette occasion, de critiquer sévèrement le projet de Plan intégré de ressources 2023 élaboré par l’exécutif, arguant qu’il contient un peu moins de charbon, beaucoup de gaz mais pas assez d’énergie renouvelable pour l’avenir.

Le nouveau Plan intégré de ressources, qui détermine le mix énergétique de l’Afrique du Sud pour les prochaines décennies, a réduit les énergies renouvelables, augmenté le gaz et retardé le calendrier d’arrêt des anciennes centrales à charbon, le ministère des Ressources minérales et de l’Énergie affirmant que le coût de la pollution est bien inférieur au coût des pénuries d’énergie.

Citant l’Agence internationale de l’énergie, les experts font ainsi constater qu’en Afrique du Sud, l’

 

 

éolienne et solaire ne représente que 5 % de l’électricité produite. C’est bien en dessous du principal acteur, le charbon, qui est un pilier de l’économie sud-africaine, employant près de 100 000 personnes et comptant pour 80% de la production d’électricité.

Ils soutiennent ainsi que même si le coût de la perte des centrales au charbon pour respecter les normes d’émissions est important, retarder leur démantèlement a des conséquences économiques et sanitaires énormes pour le pays, qui est confronté depuis des années à une crise énergétique aigue, avec des délestages électriques récurrents pouvant durer jusqu’à 12 heures par jour. Cette crise énergétique a, d’ailleurs, relancé le débat sur la nécessité d’une transition de l’Afrique du Sud vers des énergies plus propres.