Moult indices montrent que les relations de la Tunisie avec l’Indonésie, pays retenu par le FMI parmi les 5 premières puissances mondiales à l’horizon 2030, vont connaître, en 2024, une forte impulsion à tous les niveaux.

Au niveau diplomatique, la récente visite que vient d’effectuer en Tunisie, la ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi (21-22 décembre 2023) a pavé le terrain pour la conclusion d’un partenariat stratégique entre les deux pays.

Point d’orgue de cette visite : l’invitation adressée au président de la République Kaïes Saied par le président indonésien pour visiter Jakarta.

Cette visite dont la date reste à fixer, va consacrer, une importante évolution dans les relations entre les deux pays.

Tunis et Djakarta, ont souligné, à l’occasion de la visite de Retno Marsudi, la volonté des deux pays de renforcer et de diversifier la coopération bilatérale dans divers secteurs tels que la défense, la sécurité et la science.

Entendre par là, la Tunisie serait intéressée par un transfert technologique en sa faveur, un transfert que ses partenaires classiques occidentaux n’ont jamais voulu le faire, durant plus d’un demi-siècle de coopération. Les tunisiens étant, constamment, perçus comme de simples consommateurs passifs de produits occidentaux…

Vers la conclusion d’un accord commercial préférentiel

Au plan économique, la visite de la cheffe de la diplomatie indonésienne a esquissé avec son homologue tunisien, Nabil Ammar les grandes lignes
du futur partenariat en la matière.

Les détails seront examinés par les experts des deux pays en prévision de la 11ème session de la commission mixte prévue, Djakarta, en 2024.

A l’horizon, des informations concordantes font état de la réactivation du Conseil d’affaires tuniso-indonésien, la promotion de l’investissement et la conclusion d’un accord commercial préférentiel, c’est-à-dire un accord qui permet aux entreprises des deux pays d’obtenir des facilités administratives et un allègement des droits de douane et l’import/export.

Concrètement, on s’attend à ce que les échanges commerciaux se renforcent de manière significative, particulièrement, en matière d’exportation vers
L’Indonésie de plus grandes quantités de phosphate de produit de terroir (huile, d’olive, dattes…).

Intérêt de la Tunisie pour le phosphate tunisien

Mention spéciale pour le phosphate. Nous envisageons la signature d’un accord pour multiplier les exportations de phosphate tunisien vers l'Indonésie", a déclaré Retno Marsudi à Tunis.

Au regard du quadruplement du cours du phosphate à l’international, la Tunisie devrait valoriser cette opportunité et en tirer le meilleur profit.

Dans cette perspective la décision d’entamer l’exploitation des gisements en stand bye dont le gisement de Sra-Ouertane gagnerait à être accélérée.

La promotion de la coopération dans les domaines qualitatifs à l’instar du tourisme, de l’enseignement supérieur et de l’autonomisation des femmes sera également discutée.

Abstraction faite de ces signes de future impulsion du partenariat Tuniso-indonésien, il faut reconnaître que dans l’absolu, la Tunisie a tout à gagner à développer un partenariat multiforme avec l’Indonésie. Les raisons sont simples et évidentes.

Il y a tout d’abord de fortes similitudes. La Tunisie tout comme l’Indonésie sont des pays musulmans. Ils ont presque les mêmes habitudes de consommation (mois de Ramdhan…).

Les deux pays sont des démocraties -même si la démocratie est toute relative dans les deux pays-. Les deux pays défendent le droit international, particulièrement, le droit des palestiniens à l’autodétermination … Ce qui est loin d’être le cas avec les partenaires occidentaux.

La Tunisie a beaucoup à apprendre de l’Indonésie

La Tunisie a tout à apprendre de l’Indonésie en matière de modèle de développement. Est-il besoin de rappeler que dans une première étape, ce pays qui compte plus de 270 millions d’habitants, soit autant que tous les pays francophones dans le monde, a eu le grand mérite de commencer par assurer son autosuffisance en infrastructures, en réformes structurelles transversales (réforme fiscale) et en tous produits de consommation.

Dans une deuxième étape, il s’est employé à s’imposer dans son environnement régional au niveau régional. L’Indonésie est classée de nos jours comme la première économie d’Asie du sud-est.

Dans une troisième, l’Indonésie est en train de s’ériger comme une des plus grandes puissances mondiales. Elle est le quatrième pays le plus peuplé au monde avec 270 millions d’habitants dont la moitié a moins de trente ans, dont 18% sont issus de la « classe moyenne consommatrice » – un chiffre qui devrait doubler dans les dix prochaines années.

Cela pour dire, que l’Indonésie fait partie des États pivots et pourrait tendre vers une sphère d’influence comme la Chine, la Russie, l’Europe, les États-Unis en tant que puissance régionale émergente.

A preuve, D’après des informations fournies par le Fonds monétaire international (FMI), mises en exergue par le célèbre site en ligne allemand Statistica et publiées par Financial Afrik, journal panafricain d’information financière, l’Indonésie, qui figure déjà dans le top 10 des puissances économiques, devrait occuper, avec l’Inde, le cinquième rang en 2024, après la Chine, les Etats Unis, le Japon.

Les pays européens, qui ont lâché la Tunisie lors de la pandémie du corona virus (plus de 30 mille morts) et dans les négociations avec le FMI qui traînent, depuis cinq ans, ne seront plus que trois à figurer parmi les dix puissances économiques majeures en 2024.

Toujours selon les projections du FMI, l’Allemagne devrait être reléguée au septième rang derrière la Russie, alors que le Royaume-Uni et la France sont attendus en neuvième et dixième position, juste derrière le Brésil.

Au final, nous ne pensons que tout effort déployé par la Tunisie pour développer son partenariat avec l’Indonésie ne peut comporter que des avantages pour les tunisiens.

La Tunisie, forte de son emplacement stratégique au milieu de la méditerranée et du monde, ne peut être que d’un grand intérêt pour l’Indonésie qui ambitionne d’être une puissance mondiale influente.