Edifiée entre 1928 et 1930 sur la colline Sainte-Monique à Carthage, sur commande de Lucien Baizeau, entrepreneur de travaux publics installé à Tunis depuis les années 1900, la Villa Baizeau est considérée le seul projet architectural que l’architecte moderniste franco-suisse Le Corbusier, figure emblématique de l’architecture du XXe siècle, ait conçu en Afrique. Intégrée après l’indépendance au site gouvernemental, en raison de sa proximité avec le palais présidentiel, cette illustre résidence à Carthage, comme œuvre architecturale, sera au coeur d’un événement inédit qui se se déploiera sur une période de deux à quatre mois, sous formes d’expositions, de conférences et d’une programmation parallèle variée à partir du 15 janvier 2024 au 15 mai 2024.

Organisé à l’initiative de l’architecte et designer franco-tunisien Chacha Atallah (chef de projet de la programmation autour de la Villa Baizeau) et le centre d’art contemporain à Tunis “La Boîte” (plateforme de recherche et d’expérimentation destinée à soutenir structurellement les artistes dans les processus de création, production, distribution et médiation de leur travail en Tunisie), cet évènement de taille vise à mettre en lumière la Villa Baizeau, joyau architectural unique sur les rives méditerranéennes, conçu par le légendaire architecte Le Corbusier et son collaborateur l’architecte et designer suisse Pierre Jeanneret.

A travers une panoplie d’événements oscillant entre histoire, art et architecture, cette initiative soutenue notamment par l’ambassade de Suisse en Tunisie et la Fondation Le Corbusier, est née selon les organisateurs d’un désir de valoriser une œuvre architecturale unique et d’explorer de manière critique les concepts émergeant de son caractère particulier et d’offrir une image historique la plus complète possible des événements qui ont conduit à sa réalisation, de la manière dont elle a été conçue, de sa construction et de son utilisation au fil des ans. Et ceci dans l’espoir de démontrer la valeur historique de la villa, de sorte que sa restauration et sa transformation en une œuvre ouverte puissent être entreprises.

Le démarrage sera avec une exposition-catalogue d’architecture et une exposition d’art contemporain, qui s’ouvriront respectivement les 15 et 16 janvier et se poursuivront ensuite pendant trois à quatre mois.

La conférence inaugurale sur l’histoire du projet de la villa sera consacrée à la présentation de la villa Baizeau, à la genèse du projet et à l’explication de l’importance de l’œuvre, notamment en termes de sensibilisation de l’opinion publique tunisienne à la nécessité de son utilisation publique et de sa restauration.

Outre le colloque international “Précisions sur l’habitat contemporain collectif”, réunissant des personnalités du monde de l’architecture qui sera organisé du 16 au 19 janvier 2024, est prévue une programmation parallèle tout au long de la période: promenades architecturales, visites guidées dans les quartiers emblématiques de la modernité architecturale et urbaine de Tunis et des ateliers pour jeune public qui ont pour objectif de mettre en lumière l’héritage laissé par le célèbre architecte, Le Corbusier, à travers le regard des enfants.

L’exposition d’architecture “Villa Baizeau Carthage, Le Corbusier & Jeanneret : Actualité de l’architecture simple”, curatée par l’historien de l’architecture Roberto Gargiani (professeur à l’Ecole Polytechnique de Lausanne et professeur invité à l’Université de Harvard), vise à attirer l’attention du public sur cette “villa historique de grande valeur qui a besoin d’être rendue visible”, afin de pouvoir “réapprendre les principes essentiels d’une architecture simple et universelle que cette œuvre compacte mais prestigieuse de Carthage est encore capable de transmettre au monde d’aujourd’hui”.

Parallèlement à l’exposition architecturale, une exposition d’art contemporain intitulée “Seules les ruines demeurent” s’inspire du cadre architectural qui entoure la villa. Les curatrices Myriam Ben Salah et Aziza Harmel ont invité un certain nombre d’artistes à proposer des œuvres – à la fois des projets existants et de nouvelles commandes – qui s’attaquent de front aux particularités de la Villa Baizeau et aux questions idéologiques soulevées par cet objet architectural : l’inaccessibilité de son site et sa particularité dans la carrière même de Le Corbusier. Ainsi, l’unique villa de Le Corbusier en Afrique pourra devenir, “l’occasion d’échanges culturels qui concernent tous les pays de la Méditerranée, pour réfléchir aux enjeux de nos sociétés et envisager l’avenir de nos modes d’habiter”.

Le Corbusier, figure emblématique de l’architecture du XXe siècle, a laissé un héritage complexe et novateur. Son univers, souvent qualifié “d’inexprimable”, transcende les mots conventionnels pour exprimer une vision avant-gardiste où la fonctionnalité, la simplicité et l’harmonie sont au cœur de sa démarche. La Villa Baizeau est le seul projet architectural de Le Corbusier sur le continent africain et qui sera durant quatre mois au coeur d’un événement visant à mettre en avant l’importance de préserver et de réinterpréter les trésors architecturaux du passé pour les générations futures.