Classée patrimoine mondial de l’Unesco en 1988, la Médina de Sousse, demeure inscrite sur la liste de l’UNESCO, après avoir été exposée à un risque de déclassification. Une nouvelle qui vient d’être confirmée par le Comité du Patrimoine mondial dans son dernier rapport (projet de décision : 45 COM 7B.150) constatant les progrès réalisés pour préserver cette Médina typique des villes des premiers siècles de l’Islam au Maghreb. Le Comité avait averti dans un précédent rapport relatif à sa 44ème session élargie en 2021, du risque de dégradation de cet important legs inscrit sur la liste du patrimoine mondial depuis 1988.

En effet, début 2023, la municipalité de Sousse, en collaboration avec l’Institut National du Patrimoine (INP), a engagé un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) de la Médina. Le PSMV de la Médina de Sousse, qui devrait être finalisé fin 2024, a été lancé dans le cadre du Projet de Développement Urbain Intégré II (PDUI-II) avec le soutien technique et financier du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) de la Confédération Suisse.

Un programme de régénération et de mise en valeur des centres anciens (PRCA) a été lancé par la municipalité de Sousse (2022-2025). Il a pour but de renforcer l’attractivité culturelle, économique et touristique du bien historique, et de créer davantage de synergies avec la ville moderne. Il prévoit d’intervenir sur trois axes principaux de la médina, parmi lesquels vingt logements, des espaces publics et des monuments historiques seront restaurés et réhabilités, les façades ravalées, le sol pavé, et une signalétique dédiée sera mise en place.

Dans un récent rapport officiel à l’issue de sa 45ème session élargie sur l’état de conservation des biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial, le Comité mondial du patrimoine a “accueilli avec satisfaction les mesures prises par la Tunisie pour une meilleure collaboration dans la gestion de la médina de Sousse, pour l’élaboration d’un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) et pour la recherche de fonds, afin d’endiguer les menaces qui pèsent sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE)” de ce bien en l’appelant “à renforcer ses efforts”.

L’organisme de l’Unesco qui a noté auparavant “avec inquiétude les menaces potentielles qui pèsent sur la vieille ville de Sousse en raison de l’absence d’un PSMV, d’un manque de coordination, de l’absence de cadre de concertation concernant les interventions, de la pression urbaine et de la densification, de facteurs sociaux et économiques, de l’impact visuel sur l’intégrité du bien, de la perte des savoir-faire traditionnels et de l’altération des éléments et matériaux de construction ” a fait état que la mission de conseil conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM en janvier 2023 a constaté que “la collaboration pour la gestion du bien s’était améliorée, que l’élaboration du PSMV avait progressé avec la désignation d’un bureau d’étude, et que les principaux attributs de la VUE apparaissent dans leur ensemble en bon état de conservation” .

Selon les conclusions de cette mission de conseil conjointe, la Tunisie a pris des mesures importantes pour donner suite aux recommandations du Comité du patrimoine mondial. En effet, tel que rapporté par l’Etat tunisien et confirmé par la mission conjointe, la collaboration entre l’INP et la municipalité s’est améliorée, notamment par la mise en place d’une cellule conjointe de contrôle des opérations urbaines, et la signature d’une convention pour travailler conjointement sur le PSMV, dont le “lancement des travaux d’élaboration sont accueillis avec satisfaction” lit-on dans le rapport.

Le Comité mondial du patrimoine a, dans ce sens, a mentionné que la seconde phase du PDUI-II constitue une avancée notable pour la mise en place des objectifs de développement durable dans la ville de Sousse.

L’organisme de l’Unesco a entre autres appelé à effectuer un contrôle rigoureux des opérations urbaines pour réduire les risques d’infractions, de profiter de l’élaboration du PSMV pour instaurer un mécanisme de gestion commune de la médina, qui intègre des représentants de la communauté résidente, et qui associe davantage la société civile à la préservation, la mise en valeur et la gestion du bien ,et de réaliser un projet pilote, qui reflète les dispositions prévues dans le PSMV, dans un îlot de la médina.

Le Comité du patrimoine mondial a demandé de lui soumettre d’ici le 1er décembre 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation de la médina de Sousse et sur la mise en œuvre des recommandations formulées, pour examen lors de sa 47ème session.