Les dépenses de l’Etat au titre du budget de l’Etat 2024 ont été fixées à 59 805 MD, soit une augmentation de 6,7% par rapport au budget de 2023. Ceci sans tenir compte du remboursement du principal de la dette de l’ordre de 17.863 MD, compris comme spécifié par le chapitre 17 de la loi organique du budget dans les dépenses du trésor alors que les intérêts de la dette publique sont classés dans les dépenses de financement de l’Etat, conformément au chapitre 15 de la loi organique du budget.

Les dépenses budgétaires de l’Etat au titre de l’année 2024 s’élèveraient donc à 77,868 millions de dinars, dont 200 MD au titre de prêts et avances du trésor. Ceci alors que la Tunisie fait face à de grands défis nationaux et dans un contexte géopolitique régional et international sur lequel pèsent de grandes incertitudes.

Les priorités de l’Etat selon le rapport publié tout récemment sur les principales orientations de la loi des Finances 2024 sont :

  • Un développement économique global et durable visant la réalisation de la justice sociale et la parité entre les sexes ;
  • L’amélioration du climat d’affaires et le rétablissement de la confiance avec les investisseurs et partenaires de la Tunisie afin de redonner à la Tunisie son positionnement en tant que site attractif à l’échelle internationale ;
  • L’accélération des réformes économiques indispensables pour une croissance qui permettrait de neutraliser le déficit budgétaire et d’assurer la pérennité des finances publiques ;
  • Réformes fiscales visant plus d’efficience économique et instaurant les principes de l’équité fiscale ;
  • Appui de l’Etat aux populations souffrant de précarité et amélioration de la gouvernance dans le secteur public.

Pour répondre à tous ces défis, les 59 805 MD consacreront 23 711 MD à une masse salariale qui a progressé de 4,1% par rapport aux 22 773 MD et 2912 MD auxquels s’ajouteraient leurs ressources propres qui s’élèvent à 2188 MD.

Continuant sur son programme de réformes, le gouvernement a entrepris de rationaliser les augmentations des salaires, en diminuant progressivement le nombre des diplômés des écoles de formation, dont ceux des Ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice et en augmentant l’âge de la retraite.

Les promotions annuelles n’excèderont pas les 20%, à quelques exceptions près et les postes vacants ne seront pas pourvus. L’administration et les établissements publics devraient pourvoir les postes vacants et couvrir leurs besoins en puisant dans les ressources humaines disponibles. Les demandes pour la retraite anticipée seront aussi encouragées afin de réduire les emplois dans la fonction publique.

Le budget alloué à la compensation directe s’élève à 11 337 MD dont 3 591 MD destinés aux produits de base, 7 086 MD à l’électricité et aux produits énergétiques et 660 MD au transport.

Pour les autres rubriques, la rationalisation est de mise. 2 539 MD ont été alloués aux dépenses de fonctionnement et 19 696 MD aux interventions de l’Etat. Il comprend, entre autres 5006 MD destinés aux programmes de développement (pistes agricoles, construction de structures sanitaires etc.). Le reste serait en partie consacré à la compensation et à des actions gouvernementales non définies avec précision.

L’investissement titre II bénéficiera de seulement 5 274 MD, ce qui reste assez dérisoire par rapport aux besoins du pays en investissements et dans les infrastructures et la maintenance des équipements publics. La Tunisie confrontée à des difficultés financières depuis des années s’est désengagée progressivement de son rôle d’investisseur public.

Le seul moyen de créer plus de croissance serait de substituer au financement public des investissements privés, mais serait-ce possible dans le climat d’affaires actuel ?