Les avoirs en devises ont baissé à 96 jours d’importation, l’équivalent de près de 22,1 milliards de dinars, à la date du 2 février 2023, contre 131 jours d’importation (soit 23,3 milliards de dinars), à la même date de l’année dernière, d’après des données publiées vendredi 3 février par la Banque centrale de Tunisie (BCT).

“Le niveau de 96 jours d’importation est considéré comme préoccupant, étant donné que le seuil minimum toléré pour les réserves de change est de 90 jours d’importation, et ce afin de parvenir à couvrir les besoins du pays en produits de base, à savoir les médicaments, les produits alimentaires et les carburants”, indique l’économiste Ezzedine Saidane, dans une déclaration à l’agence TAP.

“Si nous descendons au-dessous de ce niveau toléré de 90 jours, cela signifiera que le pays pourrait avoir des difficultés à rembourser ses dettes”, ajoute-t-il, lequel souligne cependant qu’il existe 5 sources pour alimenter les avoirs en devises.

La première, c’est les exportations, lesquelles évoluent à un rythme beaucoup moins important par rapport aux importations, ce qui a aggravé le déficit commercial, qui a atteint un niveau record de 25,2 milliards de dinars en 2022.

La deuxième source c’est le tourisme, dont les recettes ont augmenté en 2022 de 83% par rapport à 2021, pour se situer au niveau de 4,2 milliards de dinars, mais ” elles restent modestes “.

Quant à la troisième source, elle consiste aux transferts des Tunisiens résidants à l’étranger, qui ont dépassé les 8 milliards de dinars en 2022.

” Il faut noter que les revenus cumulés du tourisme et de transferts de la diaspora au cours de l’année écoulée n’ont même pas permis de couvrir la moitié du déficit commercial”, a-t-il précisé.

La quatrième source, c’est l’investissement direct étranger, qui demeure bloqué en Tunisie, ces dernières années.

Pour ce qui est de la cinquième source, elle n’est autre que l’endettement étranger, et c’est ce qu’on est en train de faire en Tunisie, puisque nos réserves en devises sont constituées essentiellement de la dette extérieure, affirme l’économiste.

Il indique, par ailleurs, que le niveau des avoirs en devises influence le taux de change du dinar, la notation souveraine de la Tunisie, et la possibilité de finaliser l’accord avec le FMI.

Face à ce constat, il appelle à engager, le plus tôt possible, un programme de sauvetage de l’économie tunisienne, pour résoudre les différents problèmes des finances publiques.