La Tunisie et International Finance Corporation (IFC), ex-SFI, filiale du groupe de la Banque mondiale spécialisée dans le financement du secteur privé célèbrent cette année leur 60ème anniversaire de partenariat.

Pour marquer cet événement, le vice-président de cette institution pour l’Afrique, Sérgio Pimenta, aurait mis à profit sa participation, en août dernier, à Tunis, au Sommet international de Tokyo pour le développement de l’Afrique, dans sa huitième édition “TICAD 8”, pour discuter avec les Tunisiens de la possibilité de lancer une banque tunisienne dédiée à l’Afrique.

Objectif : booster les exportations tunisiennes et aider les entreprises tunisiennes à s’internationaliser et à prendre pied dans ce marché porteur.

Mieux, selon nos informations, l’IFC aurait fait état de sa disposition non seulement à apporter une assistance technique significative à la Tunisie pour monter ce projet mais également à participer au capital de la future banque…

Le projet, on en parle avec plus d’insistance

Ce projet de future banque à dimension africaine aurait pu rester à ce stade d’information sommaire, si le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed, ne l’avait pas évoqué avec beaucoup d’insistance lors d’un forum organisé par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) sur l’enjeu de l’internationalisation des entreprises tunisiennes (2 novembre 2022). « Nous avons besoin de faire émerger un champion bancaire pour l’export, car nous avons raté beaucoup trop d’occasions », a-t-il déclaré aux médias.

Et quand le ministre parle de ratages, il semble se référer, sans doute, à l’erreur qu’avaient commise les responsables tunisiens en cédant, en 2007, les parts de la STB dans le capital de la Banque sénégalo-tunisienne (BST), créée en 1986, au profit du groupe Attijariwafa bank (Maroc) devenu majoritaire avec 66,67% du capital.

Conséquence : la Tunisie a perdu, à travers la BST, une précieuse antenne voire un excellent relais pour les entreprises tunisiennes qui veulent avoir un ancrage en Afrique et à l’international.

En attendant l’émergence de ce futur « champion bancaire panafricain » portant le drapeau national, le ministre, pragmatique, a appelé les structures de soutien aux entreprises à « la nécessité de faciliter le financement et l’accompagnement des petites et moyennes entreprises dans la prospection de nouveaux marchés et de soutenir l’exportation de leurs produits.

Dans cette perspective, il a rappelé que le gouvernement tunisien a entrepris une étude approfondie sur l’internationalisation des PME et à prioriser la promotion sur le marché africain des produits et services de cinq secteurs : industrie pharmaceutique, alimentation, technologie, BTP et éducation.

Des pistes à explorer

Concrètement, il a proposé au plan du financement d’exploiter la Société nigérienne de banque (Sonibank), banque régionale basée à Niamey au Niger, et au capital de laquelle participe, entre autres, la Société tunisienne de banque (STB).

Créée en 1990 avec le concours de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO), la STB, la Chambre de commerce et d’industrie du Niger (CCIAN) et de privés nigériens, Sonibank présente l’avantage de projeter un redéploiement sur tous les pays de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA : Bénin, Burkina Faso, Guinée-Bissau, Mali, Sénégal, Togo).

Par-delà ces pistes à explorer dans l’immédiat, nous pensons que la création d’une banque dédiée à l’export avec le soutien de l’IFC constitue une belle avancée sur la voie de la conquête du marché africain et du financement des exportations tunisiennes.

A rappeler que les exportations de la Tunisie vers l’Afrique et les pays subsahariens ne représentent que 1,6% du total de ses exportations.

Sans commentaire…