Plus de 326 organisations de la société civile du monde entier, dont Pesticide Action Network (PAN) Europe et Health and Environment Alliance (HEAL), des institutions et des syndicats, ont publié une déclaration commune demandant l’interdiction des exportations de produits chimiques dangereux, déjà interdits dans l’UE.

Elles exhortent la Commission européenne, dans un communiqué conjoint rendu public le 1er décembre 2022, à l’occasion de la Journée mondiale sans pesticides, le 3 décembre 2022, à ne pas reporter la proposition législative promise. https://s3.amazonaws.com/s3.sumofus.org/pdf/joint-statement-1-december-2022.pdf

La Commission européenne s’est engagée, dans le cadre de la stratégie de l’UE en matière de produits chimiques pour un développement durable, à “montrer l’exemple et, conformément aux engagements internationaux, à veiller à ce que les produits chimiques dangereux interdits dans l’Union européenne ne soient pas produits à des fins d’exportation, notamment en modifiant la législation pertinente si nécessaire”.

Cependant, le programme de travail 2023 de la Commission européenne ne prévoit pas d’action juridique indispensable pour mettre fin à cette pratique.

“Au total, quelques 667 000 tonnes de produits chimiques dangereux interdits ou sévèrement réglementés dans l’UE, ont été exportées en 2020, selon l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA)”, citée dans le communiqué conjoint des 326 ONG de plusieurs pays européens et de partout dans le monde.

“La pratique consistant pour les Etats riches à exporter leurs produits chimiques toxiques interdits vers des nations plus pauvres n’ayant pas la capacité de contrôler les risques est déplorable et doit cesser”, selon une déclaration approuvée par 35 experts du Conseil des droits de l’homme des Nations unies en juillet 2020.

“Cela devrait être une évidence pour l’UE d’agir rapidement. Les pays à revenu faible ou intermédiaire comme le Maroc, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Mexique, la Malaisie ou le Brésil sont inondés de pesticides dangereux interdits dans l’UE, qui ne peuvent être utilisés en toute sécurité et qui ont des effets dévastateurs sur la santé humaine et l’environnement, entraînant une violation généralisée des droits de l’homme.

De plus, ces pays comptent parmi les plus gros exportateurs de produits agroalimentaires vers l’UE et les pesticides interdits pourraient donc finir dans l’assiette des citoyens européens”, avertissent les ONG.

Il y’a lieu de rappeler que quelques 33 pesticides dangereux sont toujours importés par la Tunisie, alors qu’ils sont bannis en Europe, selon un rapport réalisé par l’Association de l’éducation environnementale pour les futures générations (AEEFG), en collaboration avec le Réseau international pour l’élimination des polluants (IPEN), rendu public en 2020.

Ce rapport explique les conséquences de l’utilisation (et des importations) de pesticides extrêmement dangereux en Tunisie, dont certains sont pourtant interdits dans d’autres pays.