IACELa politique monétaire libanaise était détachée de la réalité économique du pays, assure Yasser Akkaoui, journaliste libanais.

WMC : Quels étaient les éléments déclencheurs de la crise libanaise ?

Yasser Akkaoui : Je citerais les éléments déclencheurs et les éléments aggravants. Après l’explosion au port de Beyrouth, tout s’est précipité et l’économie est passée par ce scénario frisson. Je considère que le PEG de la livre libanaise avec le dollar était un choix pas très heureux.

Songez donc la monnaie nationale se retrouvait découplée de la réalité de l’économie nation. Le PEG empêchait de situer la vraie valeur de la monnaie.

Et qu’en est-il des autres aspects de la politique économique ?

Bien entendu pendant plus de dix ans le Liban a vécu avec les déficits jumeaux sans en arriver à les contenir. Cela a saigné la livre et l’a privée d’un répondant de résilience.

La dette était-elle à un niveau soutenable ?

Aussi bien les déficits que la dette n’étaient à des niveaux soutenables. Le Liban était réduit à sortir sur le marché pour refinancer la dette. L’on émettait simplement pour faire face au service de la dette, et cela ne dégageait pas de ressources pour le financement du développement.

Et ce qui n’arrangeait rien, ce sont venus s’ajouter à cette situation catastrophique les méfaits de l’explosion des inégalités et l’exclusion.

Dans ce contexte, un retour raisonnable au protectionnisme préservera-t-il la souveraineté économique ?

Il est difficile de concilier la régulation du marché par le libre jeu des mécanismes économiques avec une certaine dose, fût-elle bien étalonnée de protectionnisme. L’efficacité économique s’accommode mal des principes de la gestion administrée de l’économie.

Propos recueillis par Ali Abdessalam