La spéculation fait partie de la crise économique en Tunisie. Le problème réside aussi, dans la pénurie et l’augmentation des prix de certains produits, dont les fruits et les pommes de terre, en raison de facteurs climatiques et de la rareté des ressources en eau, a déclaré Nafaa Ennaifer, membre du bureau exécutif de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), jeudi à Sousse.

Intervenant à une session spéciale sur ” L’organisation et la régulation des marchés : Liberté et Sécurité “, organisée à la veille de l’ouverture des 36èmes Journées de l’Entreprise, Ennaifer a ajouté que les législations mises en place pour lutter contre la spéculation ont suscité une grande appréhension chez les opérateurs économiques, les propriétaire d’entrepôts et les producteurs, ce qui a engendré une pénurie de certains produits et la flambée de leurs prix.

“La spéculation a ainsi, aggravé la crise économique en Tunisie. Il est temps d’écouter les opérateurs économiques et les producteurs et de lancer un dialogue avec eux, pour trouver de véritables solutions aux vrais problèmes”.

Selon Ennaifer, la solution est de préserver les systèmes de production et non pas d’obliger l’opérateur économique et le producteur, à vendre à perte, ce qui menacent la pérennité de certaines activités et risquent de mener à des faillites.

“A titre d’exemple, si l’agriculteur est obligé de vendre son lait à perte, il finira par vendre son cheptel et par changer de vocation. Même chose pour un producteur de pommes de terre qui vendrait à perte sa production en raison de l’absence d’entrepôts, son activité finirait par s’arrêter”, a t-il argumenté.

Il a appelé à lutter contre la spéculation et à clarifier la législation dans ce domaine pour décourager les parasites qui créent la pénurie.

Et de souligner qu’il faut admettre par ailleurs, qu’il existe des facteurs objectifs derrière la pénurie de certains produits et la flambée des prix, d’où l’importance de débattre avec les producteurs. Il s’agit entre autres de la flambée des prix des engrais et de la hausse des températures, suite aux changements climatiques, ce qui nous met dans l’obligation d’accepter l’augmentation des prix de certains produits tels que les fruits par exemple.

En ce qui concerne les matières premières et de base, Ennaifer a souligné la nécessité d’adopter les politiques déja proposées depuis des années, à l’instar du développement du système de production des céréales, en réduisant les coûts et en augmentant les prix pour avoisiner les prix internationaux. Ceci est en mesure d’encourager le céréaliculteur à produire et, par conséquence, à contribuer à atteindre l’autosuffisance en céréales, même partiellement.

Il a estimé que le développement de la production locale est nécessaire pour garantir la souveraineté nationale, laquelle repose principalement, sur la satisfaction de tous les besoins du pays.

Pour rappel, le décret n° 14 de 2022, datant du 20 mars 2022, relatif à la lutte contre la spéculation, stipule des peines de prison, de 10 ans à l’emprisonnement à perpétuité (la prison à vie), ainsi que des amendes d’une valeur de 500 000 dinars, outre la possibilité de la confiscation de tous les biens des contrebandiers, y compris leurs avoirs bancaires et leurs biens immobiliers et mobiliers.