Dans sa rubrique “Chronique des matières premières“ du 28 novembre 2022, Radio France Internationale (RFI) accuse la Tunisie d’être la “Plaque tournante de naphta russe“, produit pétrolier qui sert à fabriquer de l’éthylène et propylène utilisés dans la fabrication des plastiques, entre autres.

Voici comment son auteure, Marie-Pierre Olphand, entame sa narration : « Rouler avec du pétrole russe aux États-Unis, en dépit des sanctions, c’est légalement possible si le brut est raffiné ailleurs qu’en Russie, en Italie par exemple. L’histoire avait été racontée au printemps par le Wall Street Journal. Dans le même esprit, la Corée du Sud a trouvé la parade pour importer, sans en avoir l’air, du naphta russe.

Le pays asiatique est le premier importateur au monde de naphta, une matière qui sert de base à la pétrochimie… ».

Mais si jusque-là tout semble normal, lisez toutefois la suite : «…  L’année dernière, un quart des importations sud-coréennes de ce liquide venaient de Russie, soit près de 600 000 tonnes. Mais depuis la guerre, ces flux se sont taris et ont été remplacés par du naphta venant de Tunisie, pays qui n’en produit pas », poursuit-elle.

Selon notre consœur, « en octobre, la Tunisie a envoyé 82 000 tonnes de naphta en Corée du Sud et 274 000 tonnes devraient être expédiées en novembre », citant des données de l’agence Reuters ».

Comment est-ce possible, alors que la Tunisie n’en produit pas ?

La seule explication qui soit plausible aux yeux de la chroniqueuse française, c’est que « la Tunisie s’est mise à importer de gros volumes de naphta de Russie. Neuf cargos ont acheminé 410 000 tonnes entre août et novembre, du port de Novorossiysk (en Russie, ndlr) au port de la Skhira (en Tunisie, ndlr) ». Et « si des sources russes expliquent que la Tunisie est un lieu de stockage en attendant que les prix remontent, les données prouvent que le naphta est destiné à être réexporté vers la Corée du Sud en particulier. Un des transporteurs, Coral Energy, a d’ailleurs reconnu ne pas avoir de capacité de stockage sur le territoire tunisien ».

Tout ceci pour souligner que la Tunisie constituerait désormais la nouvelle route qui permet au premier importateur mondial de cette matière, la Corée du Sud en l’occurrence, de ne pas «… trop attirer l’attention sur ses approvisionnements russes tout en continuant de bénéficier d’un prix avantageux, car le naphta russe est, comme le pétrole russe, vendu moins cher ».

Dans cette guerre de position ou de positionnement, inutile de chercher une quelconque confirmation des autorités tunisiennes, étant donné que tous les moyens –ou presque- sont bons aujourd’hui pour remplir ses caisses.