Avoir la langue en partage prédispose à prendre langue dans le champ des échanges commerciaux et économiques. C’est en tout cas ce que suggère Raoul de la Genardière, DG de l’UIB.

Vous avez rejoint le pool des banques qui ont apporté un support au 18ème Sommet de la Francophonie. Quelle était votre motivation ?

Raoul de la Generadiere
(c) Anis MILI – webmanagercenter

Raoul de la Genardière: Plusieurs éléments plaident en faveur de cette participation. Il y a d’abord le fait que la Tunisie est membre fondateur de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Il y a également une raison propre. En effet, le secteur bancaire, particulièrement résilient en ces temps difficiles, considère qu’il est de sa responsabilité d’apporter un support à cet évènement majeur.

Contribuer au bon déroulement du Sommet est une façon de donner à la Tunisie, en ce moment précis d’amorçage de la relance, un supplément de visibilité.

Au final, cela fait beaucoup de sens que le secteur avance groupé, et je vous confirme que l’on est tout de suite tombé d’accord pour y aller ensemble.

Au Sommet de Djerba on a initié un forum économique. Est-ce un tournant dans l’avenir de la Francophonie ?

Affirmatif ! Je pense que les composantes diplomatique et culturelle ont besoin d’un apport en tonicité. Les rapports de force sont en train de se tendre entre les grandes zones économiques. Et dans ce contexte tourmenté, la langue française, patrimoine commun aux pays membres, peut donner de la cohérence à leur rapprochement commercial et économique. Cela doit aider l’espace francophone à mieux exister sur la scène mondiale et booster les flux d’échanges entre ses pays membres.

C’est opportun de rajouter la dimension économique à l’édifice francophone. Dépasser le socle de la langue partagée pour permettre aux pays membres de prendre langue dans le champ des affaires, est une décision propice.

La dimension économique donnerait un supplément d’avenir à la Francophonie ?

Autant l’orientation me paraît judicieuse, autant il faut l’accompagner et l’encadrer, dans sa réalisation. Je vois que les Etats sont en train de prendre conscience de la portée de la composante économique, et j’attends de voir ce qui sortira de ce premier Forum.

Cependant, je considère qu’il faudra quelques sommets afin que cette nouvelle orientation trouve sa voie. J’espère qu’à l’avenir on examinera des problèmes relevant de la réalité du terrain. Je pense qu’on pourra se connecter sur la problématique engageante des chaînes de valeur. L’on sortirait avec des plans précis et opérationnels !

Propos recueillis par notre envoyé spécial à Djerba