JCCSur les 32 éditions des Journées Cinématographiques de Carthage, seules onze films tunisiens ont remporté les Tanits d’or des compétitions des longs métrages et seul Nouri Bouzid l’a remporté à deux reprises, en 1986 avec l’homme de cendres et en 2002 avec Poupées d’argile.

1970 – KHELIFA, LE TEIGNEUX de Hammouda Ben Hlima
“Le film de Hammouda Ben Halima ne cultive pas le trompe-l’œil ou le culte du beau, ou à composer une esthétique accrocheuse. Bien au contraire Ce qui compte ici, c’est moins l’histoire que le film raconte ou la structure de la narration filmique que ce jeu de cache-cache discret et pudique qui s’installe entre la caméra et les acteurs. On a beau chercher dans l’histoire du cinéma des références précises ayant déterminé le style de ce film, on ne les retrouvera guère…”

1976 – LES AMBASSADEURS de Nacer Khemir
“La Goutte-d’Or, à Paris, c’est le quartier de l’» Assommoir «, où les personnages de Zola se débattaient dans la mouise de l’époque. Ils logeaient à l’Hôtel Boncœur. La Goutte-d’Or, aujourd’hui, c’est le quartier arabe. On y loue aux travailleurs immigrés de quoi dormir, tandis qu’autour d’eux gronde le racisme des descendants de Gervaise Macquart, à présent concierges et petits commerçants”.

1986 – L’HOMME DE CENDRES de Nouri Bouzid
“Hechmi et Farfat sont ébénistes, Touil est forgeron et Azaiez boulanger. Ils sont liés depuis l’enfance, enfance heureuse et délurée qu’ils partageaient avec Jako, leur voisin juif du quartier. Enfance laborieuse aussi, car il fallait très tôt faire quelque chose de ses dix doigts et gagner le pain de tous à la sueur de son front. Enfance tragique enfin, Ameur, le chef d’atelier de Farfat et d’Hachmi, abusait d’eux sans vergogne”.

1988 – ARAB de Fadhel Jaïbi & Fadhel Jaziri
“Le collectif du nouveau théâtre n’en est pas à sa première expérience. Il y eut la noce… Et voila la tentative réédite ARAB, la pièce qui a battu tous les records de l’histoire du théâtre en Tunisie, a été portée à l’écran. Disons-le tout de go. Sans discours ni autre littérature. Arab, le film promet d’être l’événement cinématographique de l’année… un événement dans l’histoire du cinéma en Tunisie. Non, il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre portée à l’écran, mais d’un film qui a son langage propre, soumis aux lois du genre… L’histoire est celle-là même de la pièce, les acteurs sont les mêmes (Jalila Baccar, Lamine Nahdi, Fadhel Jaziri, Fethi Haddaoui, Zahira ben Ammar…) les personnages sont les mêmes (Koreich, Asfour l’hôtesse de l’air, Arbia…) le lieu est le même (la cathédrale Saint Louis de Carthage)”.

1990 – HALFAOUINE de Férid BOUGHEDIR
“Ce qui arrive à ce film est un peu inespéré. Quand je l’ai écrit, j’ai essayé de parler le plus simplement, le plus honnêtement possible d’une réalité locale. Je croyais faire une œuvre intime en parlant du monde qui m’entoure, de la société nordafricaine vue par le biais du microcosme où vit un enfant. Et c’est parce que le film reflète très fidèlement le mode de vie presque quotidien du quartier Halfaouine, un quartier populaire de Tunis, que même les Japonais l’ont acheté à Cannes”.

1994 – LES SILENCES DU PALAIS de Moufida Tlatli
À bien des égards, «Les Silences du Palais» est un film étranger exotique. Situé principalement en Tunisie dans les années 1950, sous le règne de ses derniers monarques, il raconte la vie d’une servante de cuisine et de sa fille. Pourtant, à d’autres égards, il s’agit d’une histoire universelle de passage à l’âge adulte avec une touche féministe, une histoire qui se traduit sans effort. L’héroïne, Alia, grandit dans le palais à une époque où les servantes sont censées être sexuellement disponibles pour les hommes qu’elles servent. Des années plus tard, en tant que femme, elle cherche toujours l’indépendance de son amant”.

2002 – POUPEES D’ARGILES de Nouri Bouzid
“Il y a une scène particulièrement belle (parmi tant d’autres) dans Poupées d’argile. Omrane, qui sillonne les campagnes à la recherche de bonnes à louer aux riches familles tunisiennes, découvre que Rebeh, l’une de ces jeunes femmes dont il est aujourd’hui tombé amoureux, a été violée et est enceinte. Il lui demande de planter ses dents dans sa chair. C’est là toute la force du cinéma de Bouzid, de L’Homme de Cendres et des Fers à cheval d’or cette façon de donner une vraie substance à ses personnages déchirés et à la dérive”.

2008 – KHAMSA de Karim Dridi
“Si je n’étais pas métis, je ne ferais pas de cinéma », déclarait Karim Dridi dans un entretien avec Jean-Luc Douin. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’il prenne un métis comme personnage principal de son dernier film. Marco, alias Khamsa de par la main de Fatma qu’il porte autour du cou en souvenir de sa mère algérienne, a beau être gitan par son père, il reste un « bicot », et va ainsi d’exclusions en galères. Cette déchirure le force à se chercher une place autonome, dans cet acte de création permanente qu’est sa vie de paria.”

2016 – ZEINEB N’AIME PAS LA NEIGE de Kaouther Ben Hniya
“j’ai pensé à Zaineb comme un personnage de fiction, sauf qu’elle est réelle. Je sais qu’elle va grandir et donc dans un schéma classique de narration je peux envisager une évolution de son personnage qui va faire des rencontres, se confronter à des moments difficiles et qui à la fin du film ne sera plus le même qu’au début”.

2017 – VENT DU NORD de Walid Mattar
“Quelque part dans une petite ville côtière du nord de la France, il y a Hervé, longue silhouette usée par des années d’usine à découper des semelles de chaussure. Le demi de bière avec les copains ouvriers dans le bistrot du bourg entre deux courses hippiques, à croire au jackpot. Le rêve de changer de vie pour devenir pêcheur, lorsque son usine est délocalisée, et de retrouver peut-être, seul patron à bord de son bateau, un peu de sa dignité d’homme”.

2018 –  FATWA de Mahmoud Ben Mahmoud
“Brahim Nadhour, le personnage principal du long-métrage Fatwa retourne au pays natal (la Tunisie) pour enterrer son fils Marouane qu’il a eu de son premier mariage. Ce dernier vient de mourir d’un accident de moto. Le père ne parvient à accepter que son fils se soit tué sur une route qu’il connaissait aussi bien. Les rapports de police et les affirmations des voisins et des amis ne lèvent pas totalement le doute du père meurtri qui se sent responsable de cette tragédie car c’est lui-même qui avait offert la moto à son fils”.