La Tunisie abrite, les 27 et 28 août 2022, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8). Il s’agit de la huitième édition depuis son démarrage à Tokyo (Japon) les 5 et 6 octobre 1993.

Selon un rapport spécial de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) intitulé “Trois décennies de promotion de l’appropriation et du partenariat : un regard sur l’histoire de la TICAD”, la Conférence s’est concentrée sur l’appropriation et le partenariat dès sa première édition, mais elle a su adapter sa coopération en réponse aux défis de chaque période, entre autres la “sécurité humaine” et les “objectifs de développement durable”.

A cet égard, la TICAD 8 devrait identifier les moyens de parvenir à la résilience, l’inclusion et l’abondance en Afrique dans un contexte de crise marqué par l’épidémie mondiale du nouveau coronavirus, le réchauffement climatique et la situation en Ukraine.

Elle aspire à promouvoir un dialogue politique de haut niveau entre les dirigeants africains et les partenaires de développement, et à mobiliser un soutien pour les initiatives de l’Afrique en vue d’un développement autonome.

Un G6 qui fonctionne bien…

La TICAD est aujourd’hui organisée conjointement par le Japon, la Commission de l’Union africaine (CUA), les Nations unies, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Banque mondiale (BM).

Les concepts d'”appropriation” et de “partenariat”, évoqués lors de la TICAD 1 en 1993 par le Premier ministre japonais de l’époque, Morihiro Hosokawa, ont constitué la philosophie de base de la TICAD jusqu’à ce jour. Ils sont également devenus la norme adoptée par différents pays et organisations lors des conférences sur le développement de l’Afrique.

Consolider les efforts d’autonomie des pays en développement

L’appropriation ou “le respect de l’appropriation” consiste à soutenir activement les efforts d’autonomie des pays en développement. La JICA rappelle que le Japon a été un pionnier dans ce domaine. Pour le pays de Soleil Levant, les nations bénéficiaires (de la coopération) devraient se charger elles-mêmes de leur développement, ce qui conduirait à une véritable indépendance économique.

Le respect des partenariats signifie également, d’après le document, que pour soutenir l’appropriation par les pays bénéficiaires, ces derniers devraient coopérer avec divers acteurs, y compris les organisations internationales et les organisations non gouvernementales.

Dans son rapport, la JICA revient sur les priorités définies par chacune des 7 conférences précédentes. Ainsi, durant les deux premières éditions, TICAD 1et 2, le Japon a mis en avant deux concepts clés: l'”appropriation” et le “partenariat”.

Si la TICAD 1 a déterminé la structure de la Conférence en tant que plateforme ouverte et multilatérale et “a contribué à sensibiliser la communauté internationale à l’importance du développement de l’Afrique”, la TICAD 2 (1998), a réaffirmé l’importance de l’appropriation et du partenariat mondial et réorganisé les problèmes soulevés lors de la TICAD 1 en trois piliers, à savoir “développement social et réduction de la pauvreté”, “développement économique” et “principes de base du développement”.

La TICAD 3 a notamment introduit plusieurs concepts fondateurs des futures politiques de développement de l’Afrique : “leadership et participation publique”, “paix et bonne gouvernance”, “sécurité humaine” et “respect du caractère distinctif, de la diversité et de l’identité de l’Afrique”.

Quant à la TICAD 4, organisée en 2008 à Yokohama au Japon, elle a notamment défini “la croissance économique” comme axe principal du programme, suivie par “la réalisation des OMD (objectif de développement durable)”, “la sécurité humaine”, “la consolidation de la paix et la bonne gouvernance” et “la lutte contre les problèmes environnementaux”.

En réponse à la nécessité d’un suivi constant du processus de la TICAD soulignée précédemment, un mécanisme de suivi sur trois niveaux a été introduit lors de la TICAD 5 en 2009 (secrétariat, comité de suivi conjoint et réunion ministérielle). La TICAD 5 a continué à mettre l’accent sur une croissance économique durable en partenariat avec le secteur privé.

Le Premier ministre de l’époque, Shinzo Abe, s’était alors engagé à investir en Afrique 32 milliards de dollars de fonds publics et privés au cours des cinq années suivantes, rappelle la JICA. Promouvoir la transformation économique à partir de la TICAD 5, la Conférence est organisée tous les trois ans, alternativement en Afrique et au Japon.

La TICAD 6 a eu lieu au Kenya en 2016. Elle s’est concentrée sur les mesures à prendre pour garantir une croissance économique durable. Trois nouveaux piliers ont été définis pour aborder les problèmes liés au déclin du prix des matières premières, à l’épidémie d’Ebola, au terrorisme et au réchauffement climatique.

Il s’agit de la promotion de la transformation économique structurelle par la diversification économique et l’industrialisation, de la promotion des systèmes de santé résilients et de la stabilité sociale pour une prospérité partagée.

La déclaration de Yokohama adoptée lors de la TICAD 7 en 2019 a identifié les défis mondiaux tels que le réchauffement climatique, la perte de la biodiversité et les inégalités. Concernant la coopération avec le secteur privé, la TICAD 7 a inclus le secteur privé en tant que partenaire à part entière, conformément à la philosophie des ODD qui encourage l’action proactive de divers acteurs.

Elle a en outre souligné le potentiel de la numérisation et de l’innovation par les jeunes entrepreneurs africains.