A la région du Cap-bon, dont l’aura doit beaucoup à l’artisanat, la majorité des citoyens et jeunes entrepreneurs éprouvent un attachement solide et particulier aux activités artisanales.
Cependant, ce secteur peine à se développer à cause notamment de la crise qu’a connu le tourisme et qui s’est amplifiée ces deux dernières années par la pandémie du coronavirus.
Face à ces difficultés, tous les acteurs intervenant au paysage artisanal dans le gouvernorat de Nabeul, s’emploient, dans la mesure de leur moyen, à assurer la pérennité de cette activité millénaire et à rendre à ce secteur sa lueur d’antan dans la région, fortement connue pour ses carreaux, ses tuiles de faïence, ses articles artisanaux en céramique, en argile et en verre.
Parmi les projets créés pour la préservation de l’héritage de “Néapolis”, figure le “Hub Design” comme premier projet de ce type dans le pays. Il se distingue par ses nouvelles approches concernant les formations, les bénéficiaires et les axes d’intervention.
Inaugurée en mars 2018, cette plateforme est le fruit d’une initiative de coopération entre l’Organisation des Nations Unies pour le développement Industriel (ONUDI) et l’Office National de l’Artisanat (ONAT). Elle est dirigée par l’association le cluster “Art de la table de Nabeul”.
Des actions pour l’amélioration de la qualité du produit
Pour Sana Mansour, secrétaire générale de l’association Art de la table Nabeul, le “Hub-design” vient développer toutes les activités artisanales liées à l’art de la table et la production d’objets pour maison.
“Cet espace de co-travail, permet aux bénéficiaires des formations et des participants aux ateliers d’exploser leurs talents et développer leurs projets, toujours dans l’objectif d’améliorer les produits artisanaux et la matière première utilisée”, a-t-elle déclaré à l’Agence TAP.
Et d’ajouter : “Pour atteindre ses objectifs, la plateforme entreprend, en collaboration avec des partenaires locaux et étrangers dont le Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche (CAWTAR) Fondation Suisse de Coopération au Développement Technique (Swisscontact), des actions au profit des passionnés d’artisanat”.
S’agissant des bénéficiaires de ces actions, elle a précisé que “Hub Design” réunit des étudiants, des designers, des entrepreneurs et des particuliers.
“Quelques 300 personnes devraient bénéficier des différentes formations par la plateforme, d’ici à la fin de l’année 2022”, s’est-elle félicitée.
Diversité des axes d’intervention
Parmi les facteurs de réussite de l’action de la plateforme figure la diversité de ses domaines d’intervention pour les acteurs du secteur artisanal à Nabeul.
“Les axes d’intervention sont divers et couvrent plusieurs domaines d’expertises”, a-t-elle fait remarquer citant, dans ce sens, l’appui dans la recherche des sources de financement, l’organisation d’événements promotionnels, la formation à travers notamment le développement de nouvelles collections et de concepts de design, l’appui au développement à l’export, l’accompagnement technique pour une mise à niveau des normes de sécurité et de qualité.
Penchée passionnément sur une œuvre de peinture sous-verre, Ranime Loutar, étudiante en génie informatique qui participe à la première formation sur cette discipline artisanale, a fait part à l’Agence TAP de l’intérêt qu’elle porte aux actions de l’association.
“Alors qu’il s’agit d’un secteur différent de la branche universitaire que j’ai choisie, j’attends régulièrement les formations artisanales dispensées par l’association”, a-t-elle dit.
Native de la région de Nabeul, Ranime Loutar a mis en valeur les habiletés artisanales qu’elle a acquises tout au long de la formation sur la peinture sous-verre qui a duré dix jours et dont bénéficient une dizaine de personnes réunies par le dévouement aux activités artisanales.
Pour sa part Fatma Jebali, étudiante à l’Institut supérieure des beaux-arts à Nabeul, a estimé que le Hub design est un acquis “énorme” pour la région et tout le pays en matière de valorisation et de promotion de l’héritage artisanal national.
“Outre les spécialités classiques dont l’artisanat de céramique, cet établissement permet aux stagiaires d’acquérir des techniques innovantes et créatives qui permettent de produire des œuvres d’art alliant les exigences du “old school” et celles des designs contemporains”, a-t-elle expliqué.
Pour mémoire, la mise en place du Hub Design, s’inscrivait dans le cadre des activités du projet “Méditerranée Créative – Développement de clusters dans les industries culturelles et créatives dans le sud de la Méditerranée”.
Il s’agit d’un projet de collaboration financé par l’Union Européenne et par l’Italie, et mis en œuvre par l’ONUDI.
L’objectif du projet est de renforcer l’innovation et améliorer la compétitivité des industries créatives et culturelles dans les sept pays participants à savoir la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Palestine.