Une réforme structurelle et une transition des modèles économiques arabes vers des économies à forte valeur ajoutée et capables de générer la croissance et de s’inscrire dans des processus de développement durable sont nécessaires pour que les pays arabes puissent faire face au fardeau de la dette.

C’est ce qui ressort du 5e rapport sur le développement arabe qui vient d’être publié.

Intitulé “L’endettement des pays arabes : réalité, risques et moyens d’y faire face”, le rapport a été conjointement élaboré par l’Institut arabe de planification (Koweït) et l’Institut égyptien de planification. Il présente une analyse globale et profonde de la dette publique dans les pays arabes et propose des solutions pratiques qui prennent en compte les spécificités de ces pays.

Les défaillances structurelles des modèles de développement des pays

Dans son troisième chapitre réservé aux solutions que doivent adopter les pays arabes pour alléger le poids de la dette, le rapport révèle les défaillances structurelles des modèles de développement économique dans ces pays.

D’après ce rapport, les moyennes de croissance enregistrées dans les pays arabes demeurent toujours loin des moyennes fixées par les nations unies, pour réaliser les objectifs de développement durable.

Par ailleurs, la croissance dans ces pays est toujours déconnectée du développement, ce qui creuse davantage les écarts de développement avec les pays développés.

Bien étudier les mesures d’austérité

Le rapport propose ainsi de mettre en place les mécanismes qui font que la croissance économique soit le moteur de la transformation des modèles économiques, au lieu de se contenter d’apporter des améliorations aux modèles existants, plaidant donc pour une transition vers des économies à forte valeur ajoutée et à grande capacité à générer la croissance et la richesse.

Les auteurs du rapport ont également, abordé la question des politiques d’austérité, souvent adoptées pour faire face à la montée de la dette publique. Ils ont appelé à choisir le bon timing pour adopter ce genre de politique et à veiller à ce que les mesures d’austérité appliquées soient bien étudiées et suffisamment souples et progressives afin qu’elles aient l’effet escompté sur la dette et qu’elles n’impactent pas négativement la croissance.

Révision des méthodes d’élaboration des budgets

Le rapport appelle également à réformer les administrations financières dans les pays arabes, proposant dans ce sens, la révision des méthodes d’élaboration des budgets, en adoptant des schémas pyramidaux qui permettent de bien prioriser et d’avoir une vision globale sur les répercussions des décisions financières prises.

A ce titre, le rapport propose d’imposer des plafonds budgétaires pour maîtriser les niveaux des déficits budgétaires et de la dette publique, de favoriser les cadres de dépense à moyen terme et l’élaboration de budgets-programmes axés sur les performances.

Il souligne en outre la nécessité de renforcer la gestion des achats publics, d’intensifier les audits internes et d’instaurer les mécanismes de bonne gouvernance et de transparence financière.

Révision des cadres juridique de la dette publique

Les auteurs du rapport plaident également pour la révision des cadres juridique et institutionnel de la dette publique dans les pays arabes, afin de consacrer les principes de redevabilité, de transparence et de responsabilisation des différents intervenants publics.

Il s’agit “de mettre en place des stratégies de gestion de la dette publique et d’évaluation des risques qui en découlent et de renforcer la diffusion des données financières relatives à la dette pour rebâtir la confiance et consolider le sens de la responsabilité”.

Nécessité de trouver de solutions au problème de la dette

Toujours selon ce rapport, les pays arabes sont également appelés à développer les marchés et les institutions financières pour un traitement durable du problème de la dette. Ils doivent à ce titre, améliorer l’accès à des services financiers de qualité, garantir l’inclusion financière et développer les marchés financiers pour renforcer le financement de l’économie et mobiliser les financements nécessaires aux investissements.

Le rapport suggère d’exploiter des pistes non classiques pour financer le développement dans les pays arabes et limiter le recours à la dette, à l’instar de la conversion de la dette, la titrisation, les obligations destinées aux diasporas, l’émission de certificats d’investissement sous forme de sukuks pour financer les grands projets, le renforcement du partenariat public-privé pour financer les projets de développement et le développement du financement participatif…