Un classique du cinéma français, “Pierrot le Fou” de Jean-Luc Godard, a ouvert, mercredi soir, le cycle des projections du festival ” Vues sur les arts ” qui se tient du 1er au 5 décembre, à l’Agora à La Marsa.

“Pierrot le Fou” (1h55’) est un road-movie des années 60, sorti au mois de novembre 1965, qui offre un retour sur le cinéma de la nouvelle vague. Il est diffusé en guise d’hommage à l’œuvre du cinéaste franco-suisse, Jean-Luc Godard, qui est le parrain du festival. C’est aussi en hommage à son acteur Jean-Paul Belmondo, décédé le 6 septembre 2021, qui faisait ses débuts dans ce film culte.

Dans “Pierrot le Fou”, Belmondo interprétait le rôle principal (Ferdinand) aux côtés de l’actrice Anna Carina (Marianne), épouse du réalisateur. Ce dernier est un pionnier de la nouvelle vague en traduisant sa vision expérimentale dans une œuvre qui réunit tous les éléments esthétiques.

Une cérémonie officielle a eu lieu, mercredi soir, au siège du festival à La Marsa qui célèbre aussi l’art de la poésie à travers des films en hommage à l’œuvre d’Arthur Rimbaud (20 octobre 1854 – 10 novembre 1891). La programmation culturelle et artistique met à l’honneur ce poète français dont le monde fête cette année le 130è anniversaire de sa mort.

L’œuvre du sociologue et philosophe français Edgar Morin est largement présente dans une sélection de films de Jean-Michel Djian et dans les masters class au line-up. Ce natif du 08 juillet 1921 fête cette année ses 100 ans.

La cérémonie a été suivie par la projection du film d’ouverture, en présence de professionnels du cinéma dont le Français Jean-Michel Djian, producteur, réalisateur et journaliste, et ses compatriotes, de l’île Corse, Alix Ferraris, directeur du festival ” Les Nuits Méditerranéennes du court-métrage et le cinéaste Bonnot Gallucci.

Autour des invités, Mohamed-Ali Okbi, président de Vues sur les Arts, a présenté ” des personnalités venues accompagner le festival ” en sa 2ème édition. Alix Ferraris anime les ateliers et les débats sur les films au programme. Lors de sa présentation, le directeur du festival a parlé d’”un homme qui a plusieurs palettes.. il est en même temps un homme de cinéma, de culture et de festival “.

Deux documentaires de Jean-Michel Djian sont au centre de l’atelier “L’art du documentaire “. ” Rimbaud, le roman de Harar ” (2015), est un film réalisé en hommage au poète français Arthur Rimbaud et ses dernières années à Harar en Ethiopie. Dans ” Journal d’une vie ” (53’, 2021), Djian dresse un portrait d’Edgar Morin à partir d’archives filmées, d’interviews et témoignages de gens qui l’on côtoyé.

Edgar Morin a écrit deux livres majeurs qui concernent tous ceux qui aiment le cinéma, Le cinéma ou l’homme imaginaire (1956) et Les Stars (1957), a déclaré Djian, qui au-delà du statut de visionnaire, il qualifie ” un voyant qui était bien en avance sur les pratiques culturelles de son époque et sur la manière de voir la société”.

” Bien qu’on parle de l’industrie culturelle, c’est lui qui a inventé ce concept “, ajoute ce grand habitué de la Tunisie qui “aime faire des films documentaires beaucoup plus que de fiction”. Une passion jusqu’à devenir “boulimique “, dit-il dans une métaphore qui traduit son orientation vers le réel.

” L’univers rimbaldien ” est l’une de ses passions, autour duquel il dit avoir écrit plusieurs livres et une série d’émissions sur France Culture où il est producteur.

Sa présence dans le festival sera donc orientée vers deux personnages dont ” l’un est vivant qu’il estime avoir ” attrapé dans sa vivacité et sa tonicité, un personnage qui à 100 ans continue à jouir à la vie “.

Auparavant, Okbi était revenu sur sa rencontre avec Belmondo en Tunisie qui avait abrité une partie du tournage du film “Les Morfalous ” d’Henri Verneuil (1984) qui est une adaptation cinématographique du roman éponyme de Pierre Siniac (1968). Ce dernier était également co-scénariste dans le film. Cette fiction de 106’ est aussi un remake du film américain ” De l’Os pour les Braves ” de Brian G. Hutton (1970).

Belmondo était à l’affiche de ce film d’aventure qui est une production franco-tunisienne d’Henri Verneuil, Alain Belmondo (frère de l’acteur) et Tarek Ben Ammar.

L’histoire se passait en Tunisie durant la seconde guerre mondiale autour du voyage, à travers des villes tunisiennes, d’un convoi de la légion étrangère française pour récupérer des lingots d’or.

Okbi, alors ” premier-assistant au film “, l’avait accompagné à Mahdia pour faire le repérage des lieux où devait se dérouler le tournage. Il évoque un personnage qui ” avait le sens de l’humour et qui aimait bien la vie “. Partant de cette proximité avec l’acteur, devenu producteur de cinéma et directeur de théâtre, Okbi lui rend hommage dans ” Vues sur les Arts ” dont la tenue coïncide avec la disparition récente de l’artiste.

” Jean-Luc Godard, parrain du festival, avait découvert Belmondo et en a fait une star alors qu’il était complètement inconnu “, a estimé Okbi, citant un acteur talentueux qui ne s’était pas limité aux films culturels, puisque il a pu s’inscrire dans plusieurs registres cinématographiques.