Le nouveau Programme d’appui aux médias tunisiens, ou “PAMT 2”, s’étalera sur 5 ans et est doté d’une enveloppe de 4,5 millions d’euros. Son lancement officiel a eu lieu mardi 30 novembre au cours d’une conférence de presse organisée aux Berges du Lac à Tunis.

A l’issue du PAMT 1 (2017-2020) dont la gestion était assurée par le Centre africain de perfectionnement des journalistes et communicateurs (CAPJC), l’Union européenne (UE) a décidé de lancer un PAMT 2 qui sera opérationnel selon un mode de gestion directe, impliquant toutes les parties prenantes du secteur des médias, les institutions de régulation et la société civile.

Par ce nouveau programme, l’UE renouvelle son engagement envers le secteur des médias, public, privé et associatif en Tunisie, en leurs apportant un appui multidimensionnel.

Ce programme s’articulera autour de 6 axes de travail dont la régulation et la transparence économique, déontologie professionnelle. Les Médias de Service Public (MSP) seront aussi au cœur du PAMT 2 avec une attention particulière pour le management des médias privés et associatifs.

Il sera également question de travailler sur des contenus adaptés et innovants, la communication publique et l’accès à l’information et à l’éducation…

Une assistance technique sera mise en œuvre en coordination avec des structures spécialistes du domaine du développement des médias, européens et tunisiens. Il sera piloté par Canal France international (CFI), un organisme français de coopération audiovisuelle, filiale du Groupe France Télévisons.

Article 19 de Tunisie compte parmi les partenaires européens de CFI dont on cite ANSA (Italie), Thomson Média et Deutsche Welle Akademie (Allemagne). Deux autres médias français, France Médias Monde et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sont également partenaires.

Un appui multidimensionnel aux médias

Avec le lancement du PAMT 2, Marcus Cornaro, ambassadeur de l’UE en Tunisie a déclaré : “l’Union européenne entend apporter un appui multidimensionnel au secteur des médias, qu’ils soient publics, privés ou associatifs”. Il a annoncé un programme qui sera mis en œuvre en synergie et en complémentarité avec les autres appuis et programmes de l’Union européenne en Tunisie.

Cet appui européen en expertise se fera ” sur la base des acquis et leçons apprises du PAMT 1″, a fait savoir Cornaro, présentant “les grandes lignes d’un programme dont l’objectif général est de permettre au public de prendre des décisions éclairées sur les questions socio-économiques affectant leur vie et de participer plus activement aux débats démocratiques”.

Le diplomate européen rappellera que “les médias sont aujourd’hui appelés à jouer un rôle d’acteur d’information, de débat et de renforcement de la démocratie et des libertés fondamentales”. Et que “le libre accès à l’information et la liberté d’expression contribuent à instaurer une culture de redevabilité et de transparence – des pierres angulaires de la vie démocratique d’une nation”, a-t-il ajouté.

Pour sa part, Saïd Ben Kraïem, directeur du CAPJC, a exprimé sa satisfaction d’”assister au lancement de ce nouveau-né, qui est le fruit de la réussite du PAMT 1 “. Cette réussite s’est traduite particulièrement dans l’écho qu’à eu le PAMT 1 auprès des bailleurs de fonds qui sont “encouragés à financer un nouveau programme et de s’inscrire ainsi dans la continuité”.

A la lumière d’un secteur qui va mal, un constat tant évoqué par les professionnels des médias en Tunisie, le dirigeant du CAPJC est lui aussi préoccupé par la marche du secteur. Cependant, il demeure optimiste en disant que “ce nouveau programme en mode de gestion directe va sans doute appuyer un paysage médiatique en quête de professionnalisation”.

PAMT 1: 149 sessions de formation, 210 activités, 7 institutions bénéficiaires

Sa crainte est bien réelle et ce malgré un PAMT 1 réussi comme il l’a confirmé, durant lequel toutes les conditions ont été offertes pour un contenu médiatique qui répond aux normes.

Le patron du CAPJC cite 149 sessions de formation et 210 activités tout au long du PAMT 1 ayant profité à 1600 journalistes mais qui demeurent insuffisants pour combler les lacunes dans le secteur. Il évoque aussi le chiffre de 7 institutions du secteur public ayant bénéficié d’équipements, à savoir la Télévision et la Radios nationales, l’agence TAP, le quotidien La Presse de Tunisie, l’IPSI, la HAICA et le CAPJC.

L’évaluation à mi-parcours du PAMT 1 présentée par le directeur du CAPJC, fait ressortir que ” les objectifs correspondent aux besoins du secteur, en matière réforme des médias, professionnalisation des journalistes et des cadres et renforcement de l’information de proximité “.

Côté activités, les participants les ont qualifiées de positives alors que les professionnels critiquent une mise en œuvre et une gestion inadaptées qui est en lien avec la complexité du programme.

En matière de réglementation, les actions du PAMT 1 ont contribué, partiellement, au renforcement du secteur. A cela s’ajoute un niveau de formation globalement acceptable mais dont les résultats n’ont pas été souvent visibles dans les contenus produits par les divers médias.

Le grand handicap pour une bonne amélioration du secteur des médias est celui de la formation des cadres des médias dans la gestion d’entreprise qui n’a pas encore atteint les résultats escomptés.

A rappeler que ce PAMT 2 est le troisième programme d’appui aux médias en Tunisie, financé par l’UE en vue de garantir essentiellement une information fiable et plurielle…