Au grand bonheur des habitants et des écologistes de la délégation de Sbikha (gouvernorat de Kairouan), la ville vient d’être officiellement dotée d’une station d’épuration (STEP), dernière génération.

Cette STEP, réalisée avec un financement significatif de l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 30 M€, a été inaugurée le 30 septembre 2021 par le ministre des Affaires locales et de l’Environnement par intérim, Kamel Doukh, en présence d’André PARANT, ambassadeur de France en Tunisie, Mathieu VASSEUR, directeur régional Afrique du Nord de l’AFD, Abdelmajid BETTAIEB, PDG de l’ONAS.

Il s’agit d’un événement de taille d’autant plus qu’à l’invitation de l’AFD, une délégation de journalistes – dont le rédacteur en chef de webmanagercenter.com – avait visité il y a une année cette station en cours de réalisation et pu s’informer de visu de la dégradation de l’environnement dans cette ville en raison de l’inexistence d’une STEP.

La nouvelle STEP va améliorer la qualité de vie

La réalisation de cette station intervient après la pose, sur 20 Km, de conduites destinées à raccorder 1 200 ménages de la ville à un réseau destiné à acheminer les eaux usées vers la future station d’épuration.

Installée sur une superficie de 5 ha, cette station va utiliser ce que les ingénieurs de l’Office national de l’assainissement (ONAS) appellent « le traitement tertiaire ». Plus simplement, cette station d’une capacité de traitement de 1 200 m3 par jour va permettre de réutiliser les eaux usées épurées et la boue de la station dans l’agriculture.

Les responsables de l’ONAS avaient évoqué, à l’époque, la conclusion de contrats de partenariat avec des structures agricoles implantées dans la zone telles que l’agro-combinat Al Alem et d’autres exploitants agricoles privés.

Cette station, réalisée avec un peu de retard, aura l’avantage de mettre fin à la pollution de l’oued Nebhana, en ce sens où les eaux usées non traitées rejetés par la ville de Sbikha (8 036 habitants selon le dernier recensement de la population) sont déversées actuellement dans le lit de cet oued, situé en bas du village, et ce depuis fin 2017. Les eaux déversées parcourent l’oued et échouent quelques kilomètres plus bas, dans un milieu naturel couvert de tamarix et de lycium.

Kamel DOUKH a souligné, à cette occasion, qu’« au-delà des effets notables sur les dimensions sociale et environnementale, la STEP de Sbikha intègre aussi les enjeux liés à la lutte contre le changement climatique, aussi bien sur le volet atténuation, avec la mise hors service de fosses septiques humides émettrices et leur remplacement par des systèmes évitant la production et l’émission de méthane, gaz contribuant fortement à l’effet de serre, que sur le volet adaptation, en dotant le gouvernorat de Kairouan, où chaque goutte d’eau compte, d’un potentiel de réutilisation de 438 000 m3 d’eaux usées traitées par an destinées principalement à l’irrigation des terres agricoles domaniale de la région de Sbikha ».

Pour sa part, Mathieu VASSEUR a souligné que « les pénuries, la mauvaise qualité de l’eau ou le manque d’installations d’assainissement ont un impact négatif sur la sécurité alimentaire, la santé, la biodiversité, l’égalité entre les femmes et les hommes et les conditions de vie des personnes défavorisées. Pour l’AFD, l’eau est une ressource vitale à protéger et à gérer au bénéfice de tous ».

Cela pour dire que cette station d’épuration va non seulement améliorer la qualité de vie des habitants de la ville de Sbikha mais également résoudre deux gros problèmes : la pollution d’un oued et la pénurie d’eau d’irrigation dans l’arboriculture fruitière.