Les participants à la journée parlementaire “Lina Ben Mhenni”, organisée mardi par le Courant démocrate à l’Académie parlementaire, ont été unanimes à souligner le besoin de sortir le projet de réforme du code des procédures pénales des tiroirs du ministère de tutelle, appelant le parlement à le placer en tête des priorités.

Un projet que le président de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) Anas Hamadi qualifie de “véritable acquis, capable d’opérer un bond qualitatif dans le système judiciaire”.

Le projet, a-t-il relevé, est le fruit de cinq années de travail au sein de la commission nationale pour l’amendement du code des procédures pénales avec la participation d’avocats, de magistrats et d’universitaires, en plus des composantes de la société civile.

L’Association se penche sur la réforme du code pénal, a-t-il assuré, regrettant de voir des textes de loi incompatibles avec l’esprit de la Constitution de 2014 continuer à être appliqués.

Il a fait observer, dans ce sens, que l’AMT œuvre à actionner les peines alternatives et à rationaliser la détention préventive dans le but de lutter contre l’encombrement carcéral.

De son côté, Safa Jelassi qui représente l’organisation Avocats sans Frontières a tiré la sonnette d’alarme sur la situation dans les prisons tunisiennes.

Elle a indiqué que le cout total des détenus dont le nombre est estimé à 22 mille se situe autour de 55 mille dinars par jour, soit 23 dinars pour chaque prisonnier.

Et d’ajouter, le nombre des détenus pour chaque agent pénitentiaire peut atteindre les 70. Ce chiffre ne doit pas dépasser le cap de 16 détenus, selon les standards internationaux.

Elle a également noté que la capacité d’accueil dans les unités carcérales dépasse les 130 pc comme le cas de la prison de Kairouan qui affiche 175 pc ou celle de Béja avec un taux de 165%.

De plus, a-t-elle encore relevé, la détention préventive se fait dans 60 pc des prisons tunisiennes.

Bechir Abidi, membre de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), estime pour sa part que l’institution pénitentiaire tunisienne n’a pas cherché à évoluer est restée à vocation exclusivement punitive, bien loin des aspirations des citoyens et des défenseurs des droits humains à un système qui respecte la dignité et des droits du détenu.

Il a rappelé qu’en 2002, la Tunisie a été classée quatrième au monde en ce qui concerne la répression dans les prisons. Aujourd’hui rien n’a changé 20 ans après, a-t-il regretté, faisant observer que le taux des prisonniers de la tranche d’âge entre 18 et 40 ans s’élève à 81 pc de l’ensemble de la population carcérale.

Pour ce qui est des personnes jugées dans des affaires de terrorisme, Labidi a énuméré de nombreuses lacunes dont la tendance de regrouper cette catégorie de détenues dans un même espace carcéral, faisant d’eux une force de pression à travers les protestations et les grèves de la faim ainsi que la communication avec l’extérieur avec la complicité de certains agents pour planifier des actes terroristes.

Il a ajouté, sur le même sujet que la prison civile de la Manouba abrite un centre d’entrainement d’autodéfense pour des détenues jugées dans des crimes terroristes…