Des organisations de la société civile ont appelé, mardi, à la publication immédiate, au Journal officiel de la République tunisienne de la liste définitive et officielle des martyrs et blessés de la révolution, estimant que toute “réconciliation nationale globale imposée par effraction, sans redevabilité pénale, est considérée comme un déni de justice pour les victimes, et une violation flagrante de la Constitution”.

Dans une déclaration commune publiée mardi, ces organisations ont également appelé à l’application immédiate du programme global de réparation et de réhabilitation conformément aux recommandations de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) et à fournir l’appui logistique et politique aux travaux des chambres criminelles spécialisées dans la justice transitionnelle pour leur permettre de prononcer des jugements dans les meilleurs délais et dans le respect des principes constitutionnels.

Dans ce contexte, les organisations signataires ont dénoncé “avec force le tournant dangereux” que connaît le processus de justice transitionnelle, deux ans après la fin du mandat de l’IVD, condamnant, dans ce sens, la nomination de Mohamed Ghariani par le Président de l’Assemblée des Représentants du Peuple en tant que conseiller chargé de la réconciliation globale.

“Il s’agit d’une manœuvre humiliante pour les sacrifices des militants au fil des décennies, estiment les organisations, étant donné que Ghariani était membre de la cellule centrale de crise mise en place au ministère de l’Intérieur pendant les jours de la révolution, aux côtés d’autres responsables sécuritaires et militaires”.

Par ailleurs, les organisations ont dénoncé ce qu’elles qualifient de “campagnes systématiques visant à saper la crédibilité du rapport final de l’IVD qui a été publié dans le numéro 59 du JORT”, soulignant que ledit rapport “représente la pierre angulaire du processus de la justice transitionnelle et préserve le droits de milliers de victimes”.

Ces campagnes visant le rapport de l’IVD sont accompagnées de harcèlement exercé contre les anciens membres de l’IVD et des menaces de les poursuivre en justice, “ce qui constitue une violation flagrante des dispositions des articles 35 et 69 de la loi organique sur la justice transitionnelle qui oblige l’Etat à assurer la protection des membres de l’Instance contre toute menace ou attaque même après la fin de leurs fonctions”, lit-on dans la déclaration.

Les organisations de la société civile ont réitéré leur engagement envers le dossier de la justice transitionnelle en Tunisie, affirmant que ce processus est “la meilleure voie pour accompagner efficacement la transition démocratique, surtout après l’achèvement des réformes institutionnelles pour garantir la non-répétition des violations dans l’avenir”.

La déclaration a été signée par 19 organisations de la société civile dont notamment La Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme, Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, l’Association tunisienne pour la défense des libertés individuelles et Avocats sans frontières.