Le pays a pris le virage du digital. Le secteur privé et l’administration ont su travailler en intelligence pour faire avancer la cause. Cette résolution semble bien actée. La question est de savoir à quel rythme le pays va avancer. Kais Sellami, président de la Fédération nationale du numérique et directeur général de Discovery Informatique, apporte quelques éléments de réponse.

Pour commencer, Sellami invite «… à observer tous les changements de comportement des divers agents économiques et des citoyens autour de vous. La société a pris un virage franc et sans équivoque en faveur des relations à distance. Et ce jusqu’à nos contacts individuels qui ont été marqués par la distanciation sociale. Et cela nous prédispose à aborder la phase de relance avec un meilleur état d’esprit ».

Pour étayer ses dires, il souligne certains leviers importants qui ont fait leur irruption et qui constituent des cartes maitresses pour mieux aborder la relance, entre autres la visioconférence et le e-banking.

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Et il explique : « plusieurs clients des banques, individuels ou entreprises se sont résolus à effectuer leurs opérations via le Net. Le e-commerce a réalisé une avancée spectaculaire. Je dirais que l’opération s’est faite en deux temps. Par nécessité et du fait du confinement on a été contraint de recourir aux prestations digitales. Puis certainement par commodité et par besoin de célérité, on a pris l’option de les pérenniser. Et c’est ce qui permet d’aborder la relance avec une certaine assurance ».

A la question « beaucoup de services à distance ont été opérationnels. Quelle est, cependant, votre opinion sur ce sujet sensible du télétravail ? », Kais Sellami répond : « Je dois dire que ce n’est pas une découverte pour nous. Sur la place, l’on recourait quelquefois au télétravail. Mais cela se faisait timidement. Et voilà qu’à la faveur de la crise sanitaire on y a eu recours de manière systématique.

Dans l’urgence, c’était la solution miracle. Et puis voilà que l’on découvre que le télétravail est un élément de performance. C’est un puissant levier de productivité… ».

Concernant l’administration, Sellami estime que, « sous le feu de l’urgence, elle a revu sa façon de faire et a compacté ses procédures. Il en est résulté un gain de temps précieux car tous les partenaires ont pu travailler de concert et à grande vitesse. Cela aurait bien pu se réaliser, auparavant, mais il a fallu ce crash test de la pandémie de la Covid-19 pour alerter les esprits.

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Dans ce contexte, les choses sont allées très vite et on a enregistré des réalisations significatives et nombreuses. Il y a eu un remarquable effet d’entraînement grâce à la motivation de tous d’éviter le pire au pays ».

Du coup, le DG de Discovery Informatique pense que «… l’Etat devra se résoudre à intégrer toutes les bases de données des différents ministères. Cela ne fait pas de doute que cet objectif sera concrétisé. Des plateformes technologiques feront communiquer toutes les bases de données publiques entre elles et la solution technique est totalement maitrisée ».

A propos de “Tunisie digitale“, il assure que «… la Fédération en est initiatrice et partie prenante, et nous étions présents à toutes les péripéties de ce plan. En 2014, nous avions organisé avec le gouvernement de l’époque la rencontre de Tabarka, quand des représentants du public et du privé, au sein d’un collectif paritaire, se sont mis en conclave pour réfléchir à une stratégie numérique. Et à ce moment, nous avions convenu de la nécessité de la création d’un Conseil stratégique du numérique. Il est actuellement sur pied. Neuf ministères y sont représentés en plus du secteur privé et de la société civile, et est présidé par le chef du gouvernement ».

Pour ce qui est du Start Up Act, Kais Sellami considère que « c’est une très bonne initiative. Nous devons vraiment en être fiers. Avec la loi sur les start up on, a mis en place un cadre pour la promotion des jeunes pousses. Il faudrait, en complément de cela, penser à apporter les autres leviers, à savoir développer l’Open Innovation et l’usage de ces innovations digitales par les entreprises des autres secteurs économiques ».

Ali Abdessalam