La création des banques de développement à la fin des années 50 du siècle dernier a imprimé une certaine dynamique économique inédite en Tunisie, en ce sens qu’elle a permis de promouvoir et de financer des projets industriels et touristiques qui ont fait la fierté du pays pendant plusieurs décennies. 

En 2003, elles obtiennent le statut de “banques universelles“. Riches d’une grande expérience dans l’étude, l’évaluation des projets et la mobilisation de ressources pour le financement de projets porteurs dans les secteurs productifs, certaines de ces banques ont toutefois du mal à réussir leur mutation. 

La BTL (Banque tuniso-libyenne) fait partie de celles qui ont pu résister et se maintenir en activité, alors d’autres ont tout simplement disparu.

Confrontée à la pandémie Covid-19, à l’instar de toutes les banques mais aussi des autres secteurs d’activité, la BTL tente d’accélérer le processus de dématérialisation de ses services et de ses produits.

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Son directeur général, Zouhair Ouakaa, dans un  entretien accordé à WMC dans le cadre d’un HS sur la Transformation digitale, explique la direction de la banque gère cette phase difficile de la pandémie du coronavirus.

Tout d’abord, il avoue que la période de confinement, ce qui a obligé la banque à prendre trois résolutions, car ce fut «… une période extrêmement difficile, mais pleine d’enseignements. La première résolution que nous avons prise était de miser sur la digitalisation et la communication. A cause de la distanciation sociale, … nous avons été dans l’obligation de communiquer par le digital. Notre premier constat a été que l’avenir est aux banques sans contact ».

Zouhair Ouakaa estime que «… c’est l’ère de la digitalisation, et le processus est irréversible », allant jusqu’à affirmer que « la 3ème révolution industrielle est bien là, nous la voyons et nous la vivons…», regrettant toutefois que nous soyons « … relativement en retard sur la révolution numérique et les temps sont venus pour diversifier produits et services dans le cadre de ce que nous permet l’écosystème existant dans notre pays ».

Ensuite, selon lui, travailler en petits groupes n’est pas mauvais, et « cela nous a permis de resserrer les rangs et détecter chez nous des ressources que nous ignorions ». Ce fut le 2ème enseignement de la période de confinement. Et d’ajouter que « notre système d’information et le recours optimal à la numérisation ont permis à notre institution de surmonter les aléas de la crise Covid-19 ».

Il explique dans cet ordre d’idées que « pendant le confinement, nous avons travaillé à entre 10 et 15% de l’effectif, ce qui nous a incité à déployer beaucoup plus d’énergie dans le travail pour compenser le manque de personnel… ».

A une question de savoir s’il est possible d’engager tout le processus de bancarisation par le numérique, il a été franc pour souligner qu’au jour d’aujourd’hui, «… lors de l’ouverture du compte, nous sommes obligés de recevoir le client à l’agence pour le premier contact, mais à partir du moment où un client dispose d’un compte chez nous, sa présence physique n’est plus obligatoire. Toutes les opérations sont effectuées soit par téléphone, soit par le système, sauf pour les cas exceptionnels où le législateur exige la présence du client dont le dépôt des chèques ».

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Et de reconnaître donc qu’« en Tunisie, nous ne sommes pas encore dans la dématérialisation totale, si nous nous comparons à ce qui se passe actuellement dans d’autres pays du monde ».

Cependant, il ne désespère quant à l’évolution technologique bancaire dans notre pays, notamment en matière de l’utilisation du cash. «Je suis sûr que les transactions en cash vont disparaître. C’est ainsi que va le monde. J’étais tout récemment aux Etats-Unis, et pour payer un café de 10 $, le serveur m’a opposé un niet définitif expliquant qu’ils n’acceptent pas le cash. Le paiement en espèces est banni aux Etats-Unis ».

Pour Zouhair Ouakaa, le decashing va s’accélérer, et ce pour plusieurs raisons. La première est la fiscalité. On ne veut plus voir du cash circuler sans contrôle ; la traçabilité est de mise. Le decashing est aussi accéléré par l’avènement de la pandémie Covid-19. Il s’agit des risques inhérents à la circulation des billets de banque de main en main. Nous serons davantage acculés à utiliser des cartes personnelles. Des lignes téléphoniques seront placées sur TPE avec des codes à barre, et on n’aura plus besoin d’utiliser du cash ».