Conforter la dynamique de la digitalisation grâce au recours à une nouvelle approche qui s’appuie sur des leviers efficaces et qui permettent d’accélérer cette dynamique. L’innovation frugale permet cela notamment en favorisant une logique itérative qui amorce l’élan de la digitalisation avec des perspectives ouvertes d’ajustement technologique et s’affranchissant de l’effet tunnel habituel.

Pour en savoir davantage, Karim Koundi, Partner Deloitte Afrique – TMT leader Afrique Francophone, en explique les différents contours dans notre Hors-Série consacré à la transformation digitale.

Pour planter le décor, Koundi souligne que « la Covid-19 a été un redoutable crash test pour l’économie tunisienne qui ne fait pas exception, du reste, car c’était pareil pour tous les pays du monde. Cependant, je relève qu’en Tunisie, du fait d’une synergie spontanée, du public et du privé, la crise s’est transformée en un bénéfique champ de test pour le développement du digital. Et nous avons enregistré des progrès remarquables ».

L’expert ajoute qu’on doit à ce bond significatif à un fait de hasard. « Quand je revois le fil des événements, je trouve que nous avons expérimenté une manière d’opérer basée sur un schéma inversé… Dans l’urgence, la sphère Tech, en un rush spontané, a été au chevet de l’administration et cette dernière a accepté, en toute simplicité, de faire sauter les verrous. Le secteur privé a envoyé un flux de propositions et leur mise en service s’est affranchie de tout pointillisme administratif, tortueux ».

Et Karim Koundi de se féliciter, car «…au final, privé et public ont travaillé avec le même état d’esprit, et cette uniformité/compatibilité a fait que l’on a réalisé des choses magnifiques, en un temps record, ce qui arrangeait tout le monde. D’habitude, les procédures des marchés publics entre la rédaction des termes de référence, le lancement de l’appel d’offres, le dépouillement et l’octroi s’étalent sur plus d’une année. Sous la tyrannie du chrono, on a pu compacter ces délais à quelques semaines ».

Lorsqu’on lui a posé la question de savoir s’il faut exclure tout risque de retour en arrière après le déconfinement, le spécialiste des TIC « … pense que nous aurons les uns et les autres l’intelligence de capitaliser sur cet heureux précédent et de surfer sur cette dynamique. En toute bonne foi, je suis persuadé qu’il s’agit d’un phénomène irréversible ».

D’ailleurs, pour étayer sa conviction, il enchaîne sur les différents défis que les professionnels et l’administration ont affrontés ensemble : «…  Le 13 avril 2020, le gouvernement décrète que le 5 mai la 2ème vague des aides sociales aux citoyens démunis se fera via mobile. Cela nous a mis en surpression. Je rappellerais pour mémoire que le projet du paiement via le mobile est au ralenti depuis plus de 10 ans, alors que nous ne disposions que de trois semaines pour le faire aboutir ».

Et d’ajouter : « … Finalement nous avons été au rendez-vous, avec la solution idoine, à l’heure dite. Et j’insiste pour dire que cette solution est techniquement viable et pérenne. Cela me fait dire que c’est un petit pas en matière de solution pour le versement des aides sociales par mobile. Et c’est à la fois un grand pas pour la mise en place d’un socle solide pour la généralisation du mobile paiement en Tunisie. Car dans la foulée, la BCT a défini le cadre réglementaire approprié, par circulaire. Aussitôt après, la BNA éditait son service “Digipay“ ».

Selon lui, la Tunisie dispose désormais de la solution technique appropriée, et ce s’il y a encore du travail à faire en vue d’un recensement exhaustif, de la population des citoyens économiquement et socialement faibles.

Karim Koundi citera tous les avantages nés, par nécessité, de cette pandémie, avec la ferme conviction qu’il sera difficile voire impossible de revenir en arrière. “La crise a servi la cause de la transformation digitale… en Tunisie”.

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