« L’onde de choc Covid-19 ». C’est ainsi que la Banque mondiale a décrit les grands bouleversements induits par l’avènement de la Covid-19 sur les économies du monde entier en 2020. Une année qui s’achève, selon le FMI, par une récession mondiale de 4,9%.

L’année 2020 est une année où nous avons découvert un nouveau lexique dans la gestion des relations socioéconomiques de par le monde. Confinement, gestes barrières et distanciation sociale font désormais partie de notre quotidien. Ajouter à cela les nouveaux pauvres, entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires, selon les différents scénarios élaborés par la Banque mondiale et dont la majorité provient de l’Asie du Sud et de l’Afrique. «Une grande partie d’entre eux travaillent dans les services, le bâtiment et l’industrie manufacturière, secteurs où l’informalité prédomine et où l’activité économique pâtit le plus durement des mesures de confinement et autres restrictions de déplacement».

L’économie mondiale a subi un coup mortel. Une crise planétaire que le monde paye en pertes humaines, une contraction économique et une baisse des revenus par habitant, « ce qui fera basculer des millions de personnes dans l’extrême pauvreté », selon un rapport de la Banque mondiale.

« La crise provoquée par la pandémie est entrée dans une nouvelle phase qui demandera de la souplesse pour assurer une reprise durable et équitable », déclarait, il y a quelques jours, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, qui a appelé à tirer les enseignements de la pandémie pour réédifier un monde plus équitable, plus vert, plus durable, plus intelligent et plus résilient.

Rappelons qu’en marge de la tenue du Sommet G20 en Arabie Saoudite, un appel a été lancé aux pays participants pour combler un manque de 4,5 milliards de dollars dans le fonds (ACT-Accelerator) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) afin de distribuer des vaccins contre le coronavirus. Les vagues successives de la maladie ne plaident pas en faveur d’une stabilité économique, ce qui augmente les risques des velléités protectionnistes et des perturbations politiques dans le monde, prévient la DG du FMI, soulignant que seule l’efficience des vaccins anti-Covid-19 et les avancées médicales pour juguler la nocivité et la progression de la maladie « pourraient doper la confiance et l’activité économique ».

Pour l’année 2021, on prévoit une reprise de 5,4%, mais incertaine, selon les experts du FMI et de la BM.

La récession économique, d’après la Banque mondiale, a réduit la capacité des pays à faire face efficacement aux conséquences sanitaires et économiques de la pandémie et leurs capacités à rembourser leurs dettes. Du coup, dès le mois d’avril 2020, un appel fut lancé par la BM et le FMI en faveur d’un moratoire sur le remboursement de la dette afin de permettre aux pays pauvres de concentrer leurs ressources sur la lutte contre la pandémie.

Pour ce qui est de la Tunisie -doublement touchée car souffrant déjà d’une grande récession économique par l’aggravation des déséquilibres budgétaires et la flambée de l’endettement public- il n’y aura pas de moratoire sur le remboursement de la dette. Par contre, des appels persistants font état de la nécessité de renforcer les mesures de protection sociale et de relance des entreprises. Mesures qui doivent être accompagnées d’une politique monétaire plus souple et de réformes structurelles favorisant l’amélioration de la compétitivité économique et le retour à l’investissement public et privé.

Amel Belhadj Ali