Le secteur bancaire accusera une dégradation ponctuelle de sa productivité (repli du PNB et hausse des charges d’exploitation), ainsi que sa rentabilité en 2020 (décroissance du PNB et hausse des frais généraux), provenant notamment des dons aux structures de l’Etat pour lutter contre la Covid-19, et de la flambée du coût du risque, selon Tunisie Valeurs.

La revue de recherche publiée mardi 10 novembre par l’intermédiaire en Bourse montre que les dons octroyés par les banques aux structures de l’Etat, comme le Fonds 1818 dédié à la lutte contre la Covid-19, biaiseront d’autant plus la comparabilité avec l’exercice 2019.

Tunisie Valeurs considère ces dons (d’une valeur globale de 105,6 MDT pour l’ensemble du secteur en 2020) comme des charges faisant partie des surcoûts de la crise actuelle. En conséquence, le secteur bancaire devrait afficher une progression de son coefficient d’exploitation de 7,3 points de taux, à 52,3% en 2020.

Cela s’explique par le durcissement du cadre opérationnel en raison des retombées de la crise de la Covid-19 sur la sphère économique et financière et des mesures de soulagement des entreprises et des ménages mises en place par la Banque centrale. Cette crise devrait peser sur le bilan des banques (trésorerie et qualité du portefeuille) et sur leur rentabilité dans les mois à venir. Cette crise est susceptible de creuser davantage les disparités entre les banques, alimentant un mouvement de “Flight to Quality” (la fuite vers la qualité).

Les banques cotées ont cumulé sur l’année 2019 une croissance des dépôts de 8,3%, à 66,2 milliards de dinars; un rythme en ligne avec l’année 2018. Les chiffres de la première moitié de l’année en cours sont globalement rassurants au rayon du PNB, puisque la baisse du PNB a été contenue à 3%, en glissement annuel.

D’après les valorisations et opinions de Tunisie Valeurs, les résultats donnés par l’analyse Scoring permettent de classer les valeurs bancaires comme suit :

1) Les Blue Chips : Les banques les plus réactives de la place qui ont maintenu une politique de crédit dynamique sur les dernières années et qui affichent une collecte bon marché et les ratios prudentiels les plus solides sont les plus à même de résister à la crise de la Covid-19, à l’assèchement de la liquidité et au durcissement du cadre réglementaire. Avec des fondamentaux qui se distinguent nettement de la concurrence, Attijari Bank et BIAT devraient continuer à profiter d’un mouvement de “Flight To Quality”.

2) Les bonnes valeurs : Les banques qui affichent des leviers de rentabilité partiellement exploités et des valorisations qui reflètent leurs fondamentaux actuels et les risques conjoncturels à court terme, c’est le cas de la BT, de la BH et de l’UIB.

3) Les valeurs sous-surveillance : les analystes de Tunisie Valeurs indiquent ” suivre de plus près les titres Amen Bank, BNA, STB, UBCI et ATB. Ces valeurs méritent un détour dans l’attente d’un ajustement technique que nous pensons légitime compte tenu de leur valorisation abordable”.

4) Les valeurs à alléger : “Les banques qui présentent un profil de risque plus élevé que la concurrence. Le contexte pénalisant avec lequel coïncide le démarrage de Wifack International Bank, le manque de visibilité sur les perspectives de la BTE et la dégradation importante attendue de la rentabilité en 2020, nous incitent à la prudence. Nous préférons réduire notre exposition à ces valeurs en attendant des jours meilleurs”, concluent ces analystes.