Une nouvelle étude sur l’agriculture de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), élaborée dans le cadre de son étude en cours sur le thème “La Tunisie face à la Covid-19 à l’horizon 2025”, appelle à l’accroissement et la stabilisation de l’offre et la constitution de stocks de réserves de produits agricoles et agroalimentaires, le soutien à l’exportation et la rationalisation des importations et la satisfaction des besoins de consommation des ménages tunisiens.

Intitulée “Mesures agricoles d’urgence et de riposte stratégique face à la recrudescence de la Covid-19”, cette étude recommande aussi d’accorder un soutien spécifique aux populations rurales vulnérables, aux populations en situation de chômage obligatoire et aux agriculteurs, pêcheurs et industriels en difficulté, et la dématérialisation de l’agriculture, de l’activité de pêche et des industries agroalimentaires.

Accroissement et stabilisation de l’offre

Think tank relevant de la présidence de la République, l’ITES propose d’augmenter l’enveloppe budgétaire réservée aux crédits de campagne et d’investissement, d’assurer l’approvisionnement des exploitations agricoles en semences, intrants et facteurs de production à temps, et d’alléger les procédures administratives lors de l’importation d’intrants agricoles.

Il préconise “d’entamer l’élaboration d’un programme national d’innovation des systèmes de cultures, de pisciculture marine et continentale, d’élevage et des systèmes de production et de transformation, de rédiger des protocoles sanitaires de lutte contre la Covid-19 prenant en compte les spécificités de chaque activité agricole et de renforcer la sécurité et la disponibilité du transport public, vers les zones industrielles et les ports de pêche”.

L’institut recommande, par ailleurs, la valorisation des produits périssables, en encourageant les projets de stabilisation (séchage, conserves, fermentation) des excédents des produits agricoles périssables, des sous-produits aquatiques et des rejets de la pêche et des industries agroalimentaires et en réservant une enveloppe budgétaire pour encourager la création d’unités de transformation des produits agricoles périssables.

Les auteurs de l’étude soulignent l’impératif d’élaborer un plan trimestriel prévisionnel de stockage, compte tenu de la situation du marché, de créer des guides pour minimiser les pertes au niveau de la récolte, du transport, du stockage et de la transformation, et de mobiliser les moyens de l’Etat et du secteur privé, pour assurer la collecte et la constitution de stocks stratégiques en produits de base, tout en augmentant la capacité de stockage. Maintien et soutien à l’exportation et rationalisation des importations.

A ce titre, l’ITES préconise l’optimisation de la diplomatie économique, pour exporter les stocks actuellement disponibles et les productions d’huile d’olive, de dattes, d’agrumes et de produits de mer ; la révision et l’assouplissement des modalités de contrôle officiel lors des opérations d’export des produits agricoles et agroalimentaires ; la réduction des délais d’expédition dans les ports tunisiens, en accordant la priorité aux produits agricoles et agroalimentaires et en mettant à niveau les installations portuaires avec la mise en place d’un “passage vert”, destiné aux produits périssables et l’amélioration des conditions et de la capacité de stockage des produits de la pêche, dans les aéroports.

Il propose, en outre, l’optimisation des importations des produits agricoles et agroalimentaires, via l’élaboration d’un programme trimestriel prévisionnel national d’importation, en concertation avec les ministères concernés et la réduction de l’importation des produits transformés disponibles en Tunisie. Soutien spécifique aux populations rurales vulnérables

L’ITES plaide pour un ajustement systématique des disponibilités alimentaires aux besoins de la population, un suivi régulier des stocks disponibles chez les industriels et les circuits de distribution, la formation d’un stock de régulation pour certains produits agricoles et alimentaires de grande consommation (céréales, lait, œufs, etc.), une sensibilisation renforcée du consommateur, pour éviter le stockage excessif des produis de base et une lutte contre la contrebande et le commerce illicite.

Sous ce chapitre, l’Institut propose, entre autres, la mise en place d’un Fonds spécial ESS (Economie sociale et solidaire), l’élaboration d’une stratégie ESS dans le domaine agricole et agroalimentaire, ainsi que la création d’une base de données des populations rurales, des agriculteurs, des femmes collectrices des palourdes et des pêcheurs démunis et pauvres, laquelle sera systématiquement, actualisée.

Il appelle à créer un fonds de crise Covid-19, pour compenser les pertes encourues par les agriculteurs, pêcheurs et industriels et relancer leurs activités, à organiser des réunions avec les banquiers (BTS, BNA, BFPME etc.), pour favoriser le financement des projets et à créer une ligne de crédits à taux bonifié au profit des jeunes et des femmes, dans les milieux ruraux pauvres et vulnérables.

Dématérialisation et digitalisation de l’agriculture

L’Institut préconise, à ce niveau, la validation de la signature électronique des documents administratifs et la création de plateformes et bases de données digitales.

Il considère également, nécessaire la généralisation de l’utilisation des drones en agriculture et pêche, en tenant compte du coût et de l’efficacité, la mise en place du système d’information décisionnel de pêche et d’aquaculture (SID) et la création des applications Smartphone e-commerce pour les poissonneries de proximité.