Les Tunisiens sont prétentieux et se considèrent –souvent à tort d’ailleurs- comme les premiers de la classe dans plusieurs domaines en Afrique.

Prenons le domaine du digital, certes la Tunisie dispose d’un savoir-faire certain, d’une importante offre ingeneering et logicielle et peut même prétendre être le champion dans la production de logiciels en Afrique, et exporte ses solutions dans plusieurs pays du continent.

Pour autant, la Tunisie –et c’est là le paradoxe- demeure un pays attardé en matière d’utilisation du digital, et ce rien qu’en le comparant à d’autres pays d’Afrique.

Ses cartes bancaires demeurent à usage national (domestique), donc pas possible de réserver à distance un hôtel ou une voiture, ou de payer un service.

Aucune banque digitale n’est opérationnelle, alors que dans n’importe quel pays africain on peut se faire délivrer une carte bancaire prépayée dans la rue, sans avoir ni compte bancaire et sans mettre les pieds dans une agence bancaire.

Notre police des frontières est l’une des rares au monde à fonctionner encore avec des fiches papiers.

Il suffit de voyager à Abidjan en Côte d’Ivoire, Lomé au Togo ou à Cotonou au Bénin pour constater que toutes les opérations policières aux frontières sont totalement digitalisées avec le scan du passeport, puis photo digitale, prise des empreintes digitales, et le tour est joué.

Par ailleurs, on nous fait croire -toujours à tort- que la situation de la femme tunisienne est la meilleure en Afrique. Certes nos femmes ont milité pour mériter leurs libertés et qu’elles sont brillantes dans certains domaines. Il suffit de voir les résultats du bac, où le nombre des étudiantes en pharmacie, médecine, ingénierie pour s’en rendre compte.

Mais combien de femmes ministres et dans quels postes chez nous ?

Les dernières nouvelles sur la scène politique sont riches par les affronts, les insultes, le manque de courtoisie des hommes politiques envers les femmes… politiques.

J’ai honte de lire et d’entendre parler, sur la place publique, de la sexualité des femmes ou de leurs sous-vêtements. De leurs mensurations ou de leurs époux. En fait, ce ne sont pas elles qu’on insulte ainsi, car à travers elles, ce sont toutes les femmes sans exception qui sont ciblées : ma femme, ma mère, ma sœur, ma fille… Or qui de nous oserait manquer de respect à sa maman ?

Après le Sénégal et l’Ethiopie, le Togo, vient de nous prouver que la femme peut jouer un rôle déterminant en politique et même en économie. Mais ces deux pays, le Libera a déjà fait partie de la short list des pays ayant été dirigés par des femmes.

En effet, au pays des “Nana Benz“, ces femmes qui sont les pionnières dans le commerce du pagne (fouta chez nous en Tunisie) en Afrique de l’Ouest et qui ont constitué une force économique avec la possession des voitures Mercedes Benz, d’où leur surnom de “Nana Benz“.

Les Nana Benz font la pluie et le beau temps en politique et peuvent faire gagner ou perdre une élection, grâce à leur force de frappe socio-économique.

C’est pourquoi le président du Togo, Faure Essozimna GNASSINGBE, a récemment nommé une femme comme Premier ministre, en la personne de Victoire Dogbe-Tomegah. 

Et en toute logique donc, le gouvernement togolais de Mme Tomegah comprend pas moins de 14 femmes sur 34 ministres, nous apprend-on. Avec des ministères stratégiques comme l’Economie numérique et la Transformation digitale, la Défense nationale, les Travaux publics, etc. Tout un symbole.

Il ne s’agit pas d’un effet de mode mais parce que ces femmes sont plus compétentes, plus intègres, elles ont donc mérité leur nomination.

Au pays des Nana Benz, il fait bon vivre pour les femmes.

Maarouf