Preuve à l’appui, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED), dans son dernier rapport publié dans la soirée de lundi 28 septembre 2020, est catégorique : “l’Afrique est un créancier net du reste du monde“.

En effet, «… chaque année, c’est l’équivalent de 3,7% du PIB africain qui quitte le continent de manière illicite. De 2000 à 2015, ce sont 836 milliards de dollars qui ont disparu… ». Or, le stock total de la dette extérieure du continent s’élevait à 770 milliards de dollars en 2018. Cela signifie que l’Afrique a “donné“ 66 milliards de dollars de plus qu’elle en a reçu, faisant ainsi d’elle “… un créancier net du reste du monde“.

Voici comment la CNUCED explique cet état de fait. Selon elle, pas moins de 89 milliards de dollars quittent l’Afrique par des moyens détournés qui se nomment “fuites illicites, pratiques fiscales et commerciales illégales et activités criminelles…“. Ce montant est égal à celui à l’aide publique au développement (APD) et aux investissements directs étrangers (IDE) que le continent reçoit. Cependant, l’Afrique a besoin de près de 200 milliards de dollars d’investissements pour atteindre les ODD (Objectifs de développement durable), selon la CNUCED.

Selon la CNUCED, «… ces sorties de capitaux recouvrent tout autant des fuites illicites que des pratiques fiscales et commerciales illégales à l’instar de la fausse facturation des échanges commerciaux, des activités criminelles provenant des marchés illégaux, de la corruption ou du vol ».

D’ailleurs, en 2015, la CNUCED avait recensé 40 milliards de dollars de fuite illicite en lien avec l’exportation de produits extractifs (matières premières minières), dont «… 77% étaient concentrés dans la chaîne d’approvisionnement de l’or, suivie de celle des diamants (12%) et du platine (6%) ». Cependant, l’instance onusienne estime que ces chiffres ne reflètent probablement pas le phénomène et son impact.

Après le constat et la description du phénomène, la CNUCED préconise de pistes de solutions ; lesquelles solutions doivent passer par «… une coopération fiscale internationale et des mesures de lutte contre la corruption ».

En effet, les auteurs du rapport de la CNUCED estiment que «la communauté internationale devrait consacrer davantage de ressources au renforcement des capacités des autorités fiscales et douanières des pays en développement ».

Et d’alerter : « Sans une action décisive, l’Afrique ne sera pas en mesure de combler cet important déficit de financement pour réaliser les ODD avec les recettes publiques et l’aide au développement actuelles ».

Aux pays en développement en général, africains en particulier, de faire en sorte que les recommandations de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement deviennent des lois internationales applicables à tout le monde.