La responsabilité des actes terroristes en Tunisie n’incombe pas uniquement aux exécutants lesquels sont pour la plupart des jeunes vulnérables intellectuellement et fragiles émotionnellement. Des jeunes qui ne s’identifient pas à leur patrie et ne se projettent pas dans leur pays. Les islamistes leur offrent une patrie : l’islam politique, et une récompense : le paradis.

Depuis 2011, le terrorisme en Tunisie s’épanouit dans un écosystème cuirassé par une Constitution qui a considérablement affaibli les institutions de l’Etat et a dilué les centres de décisions. Le leadership politique, en partie impliqué lui-même dans le développement et la banalisation des actes terroristes par des médias usant d’un langage débridé, où toutes les violences sont permises sous prétexte de liberté d’expression, sont aussi responsables de l’expansion du terrorisme dans notre pays.

Le terrorisme en Tunisie a ses porte-paroles à l’ARP et ses défenseurs dont des ONG et des médias !

Et lorsque les représentants du peuple défendent le droit à l’expression même quand celle-ci porte en elle les graines de la haine et présage des semences de la violence, menaçant la sécurité de l’Etat, on ne peut pas parler de lutte contre le terrorisme.

– Lorsque les discours de certains députés justifient les actes des terroristes assassins, défendent leurs droits à bénéficier des droits que leur accordent une démocratie qu’ils rejettent et vont jusqu’à accuser les services de renseignement et ceux défendant la sûreté de l’Etat de fomenter eux-mêmes les actes terroristes, on ne peut parler de lutte contre le terrorisme.

– Lorsque les terroristes sont condamnés à des peines dérisoires et souvent relaxés dans les jours qui suivent leur arrestation, on ne peut parler de lutte contre le terrorisme.

– Lorsque la toile pullule d’activistes djihadistes, dont des centaines voire des milliers, affichant leur appartenance au premier parti islamiste de Tunisie, formatent, endoctrinent et appellent au meurtre sans être nullement inquiétés, on ne peut parler de lutte contre le terrorisme.

–  Lorsque les médias invitent et offrent leurs plateaux aux défenseurs des terroristes et à leurs porte-parole, ne nous étonnons pas de voir des jeunes de moins de vingt ans sacrifier leur vie pour de faux idéaux et des agents de l’ordre, père, fils, maris et frères tomber sous les coups d’illuminés intimement convaincus que Dieu va les récompenser et qu’ils vont vivre au paradis pour l’éternité !

« Attaghout », cible de ceux qui détestent la République !

Armée, police et garde nationales sont les cibles des terroristes parce que les “endoctrineurs” islamistes qui sévissent sur la toile et dans les groupes fermés les ont convaincus que ce ne sont pas les défenseurs de l’Etat mais leurs ennemis. En l’espace de 48 h, un agent de la garde nationale tombé en martyr sous les coups de couteaux de terroristes, un autre assassiné chez lui et le dernier entre la vie et la mort. Comment la Tunisie, historiquement pacifiste, a-t-elle pu enfanter d’autant d’inhumanité ?

« Le 6 septembre 1956, la garde nationale est créée par Taieb Mehiri, alors ministre de l’Intérieur nommé par Habib Bourguiba. Elle remplace la gendarmerie nationale française qui rentre en France après l’indépendance de la Tunisie. Elle devient une force pleinement indépendante chargée de la protection du territoire et des frontières. 6 septembre 2020, elle est violemment attaquée, écrasée, poignardée, égorgée par des individus de nationalité tunisienne. La date symbolique de cet acte criminel délibéré, abject, prémédité, n’aura échappé à personne. La haine de la République est un cauchemar nourri par le “rêve” d’hégémonie et de pouvoir absolu de ceux qui se voient calife de tous les califes régnant, non pas uniquement sur la Tunisie, mais sur tout ledit “monde musulman”. Ceux-là pour arriver à leurs fins utilisent les désœuvrés et les simples d’esprit comme armes de poing malléables toujours prêtes à être dégainées ». Najla Chaar, experte en communication résume tout.

Depuis 2011, des esprits tordus et intéressés s’évertuent à convaincre de jeunes déçus et désillusionnés de sacrifier leurs vies pour retrouver là-haut leur dignité et récupérer les gloires d’antan. Et pressions politiques aidant, tout a été facilité aux endoctrineurs au terrorisme depuis l’ARP et jusqu’à quelques juges, eux-mêmes, compréhensifs envers les actes d’extrême violence verbale ou physique.

« Il n’est pas possible de parler réellement d’investissement et de développement en l’absence de sécurité et de stabilité.  Même si la Tunisie a bénéficié ces trois dernières années d’une amélioration remarquable de la situation sécuritaire due au travail préventif de nos forces de sécurité », indique Moez Ali, président de l’Association UTIL (Union des Tunisiens Indépendants pour la Liberté) et membre du Comité national de lutte contre le terrorisme.

L’approche socioéconomique, nécessaire pour lutter contre le terrorisme

La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme n’est pas basée uniquement sur l’approche sécuritaire, précise M. Ali, elle relève de la responsabilité de tous et du rôle de chacun d’entre nous dans l’instauration d’un climat de tolérance et l’enracinement des valeurs de tolérance, de fraternité, de coexistence pacifique et d’appartenance à la patrie.

« Notre association UTIL considère que les résultats pour la lutte contre le terrorisme en Tunisie sont très mitigés. Notre stratégie de prévention et de lutte contre le terrorisme sur les réseaux sociaux est inexistante et le peu d’initiatives qui ont été engagées principalement par les organisations de la société civile sont restées au stade de projets pilotes. Cette défaillance fait que les réseaux sociaux demeurent l’endroit de prédilections aux recruteurs des groupes terroristes pour identifier et approcher de nouvelles recrues. Pour être considérée réellement comme un pays en guerre contre le terrorisme, la Tunisie doit entreprendre de sérieux changements dans ses politiques publiques, en identifiant clairement l’ennemi, en mettant fin à l’occupation du terrain socioéconomiques par partis politiques extrémistes et anticonstitutionnels qui se donnent le droit de provoquer l’état et la justice en toute impunité », précise Moez Ali.

Mais il n’y a pas que cela, tant que les pouvoirs publics ne s’attaqueront à la source du mal en effectuant un large balayage des financements des ONG qui, sous prétexte d’actes caritatifs, enrôlent des jeunes et les formatent en faisant des djihadistes et tant que les lignes de financement des ONG en question en provenance de chancelleries étrangères et d’organisations internationales ne sont pas taries, le pays restera toujours une usine à fabriquer des terroristes.

Tant que les autorités publiques, à leur plus haut niveau, n’ont pas mis à exécution leurs promesses d’éradiquer le terrorisme depuis ses racines en s’attaquant aux réseaux sociaux où des prédateurs font la chasse aux jeunes influençables et tant qu’elles n’ont pas engagé de grandes opérations sur les zones frontalières pour extraire contrebandiers et terroristes jusqu’au dernier, la situation du pays ne s’améliorera pas, ça ne sera que partie remise.

Ecœuré par l’acte terroriste perpétré dimanche 6 septembre 2020, Rafaa Tabib, Dr enseignant-universitaire et expert conseiller en géopolitique à l’ITES, a ainsi apostrophé les stratèges européens :

« Vous autres stratèges européens et français en particulier, vous êtes vraiment des c…. politiques ! Lorsqu’en 2011 vous avez décidé de livrer notre pays, dans le lot des Républiques arabes du “printemps”, aux islamistes de la secte des Frères musulmans, vous avez avancé l’alibi que ces derniers seraient les seuls capables de vaincre le terrorisme grâce à leur discours “modéré” et à leur “popularité”. Selon vos analystes dilettantes, la dictature de Ben Ali, Moubarak et Assad serait à l’origine de la radicalisation des jeunes … Pauvres imbéciles ! Les islamistes vous ont vendu la supercherie. Et pour preuve, le terroriste qui a écrasé, ce dimanche, à la voiture et ensuite sauvagement poignardé l’agent de la Garde nationale n’avait que 9 ans à la chute de Ben Ali. Il a grandi, s’est initié à l’idéologie islamiste terroriste et a été embrigadé pendant la décennie du pouvoir islamiste. C’est donc un pur produit de la stratégie des imbéciles ! Et petit détail en passant : ce jeune est issu d’une région pourvoyeuse d’immigrés en France … J’ai l’intime conviction que ce qu’il a connu comme endoctrinement terroriste n’est pas circonscrit à notre territoire national ».

On peut comprendre la colère de Rafaa Tabib mais il faut également que l’Etat tunisien, les responsables politiques et la société civile assument leurs responsabilités dans la propagation du terrorisme dans notre pays.

Grands temps pour qu’ils l’assument !

Amel Belhadj Ali